Fiche technique
Marque | Suzuki |
Model | SX4 |
Année | 2010 |
Moteur | 4 cylindres (2,0L) |
Transmission | CVT |
Suzuki a célébré ses 100 ans cette année mais l’événement est somme toute passé inaperçu. Tout aussi subrepticement, le constructeur japonais a fait disparaître pour 2010 son XL-7 sept passagers. Et que dire du Grand Vitara, qui n’offre plus de boîte manuelle…
Outre ce dernier utilitaire, ne reste donc au catalogue Suzuki que la Swift+ (une ex-Daewoo qui devrait aussi disparaître), la camionnette Equator (un clone de la Nissan Frontier) et la SX4.
Vrai qu’une berline « sport » doit arriver sous peu (la Kizashi – et oui, vous pouvez le dire : la Kiza…quoi?!). Mais sinon, la vedette de l’actuelle salle d’exposition Suzuki est la… petite SX4.
La bonne nouvelle… Suzuki
Commençons par les bonnes nouvelles : la SX4 est l’une des rares compactes à offrir la traction intégrale. J’aime beaucoup ce dispositif « trois modes » qui permet la conduite en deux roues motrices lorsque les conditions sont idéales. La tempête s’abat? On peut choisir entre la traction qui se modulera automatiquement au gré des besoins ou la traction verrouillée 50-50 aux quatre roues.
Le système est non seulement pratique, il est efficace. D’ailleurs, c’est à se demander pourquoi les constructeurs ne sont pas plus nombreux à le proposer… Tant mieux pour Suzuki parce que sa SX4 reste, encore et toujours, l’une des AWD les moins chères du marché. Ceci dit, il est dommage que cette traction intégrale se réserve pour la version à hayon et qu’elle ne gagne pas la berline.
Autre bon point pour la SX4 : la version à hayon (encore elle…) est fort jolie. Ses sympathiques rondeurs lui donnent non seulement belle gueule, elles lui permettent également un habitacle spacieux et un excellent dégagement aux têtes. Qui plus est, elle profite d’une garde au sol un brin plus élevée que la moyenne (jusqu’à 175mm), pour une position de conduite encore plus en commande.
La berline? Bah… Ses lignes extérieures sont anonymes et n’ont rien pour déplacer les montagnes. Le coffre remonté cache la visibilité arrière et dans l’ensemble, on a droit à quelque chose de très ordinaire. Surtout, la berline n’a droit au système de stabilité qu’en option et ce, uniquement dans sa variante la mieux équipée. Péché!
On a oublié le style intérieur…
Quelqu’un qui se magasine une voiture pour se rendre du point A au point B sera satisfait de l’habitacle de la SX4. La planche de bord est fonctionnelle et facile à apprivoiser. L’assemblage est serré et si les matériaux n’ont rien de très somptueux, ils sont honnêtes et semblent être faits pour durer.
Le confort des sièges avant est dans la bonne moyenne et l’espace aux places arrière est très correct. De fait, avec ses 2940 litres d’habitabilité, la SX4 en offre plus que les Honda Civic et Nissan Versa, par exemple.
Par contre, aucun effort de style dans tout ça. L’instrumentation semble être restée accrochée aux années 90 et le bloc central est désespérément noir, noir, noir. Aussi, on est toujours dans l’attente du volant télescopique (il n’est qu’inclinable).
Suzuki a néanmoins répondu à certaines les critiques et c’est pourquoi le déverrouillage et le démarrage sans clé sont maintenant possibles. Désormais, le siège du conducteur s’ajuste en hauteur et la banquette arrière de la variante berline peut enfin se rabattre. Jusqu’à l’an dernier, la SX4 berline était l’une des rares voitures à encore souffrir d’une banquette fixe…
Plus « cool » qu’escompté
Avec son extérieur sage, la SX4 ne laisse rien présager de son intéressante conduite. Agile et maniable, la petite se démarque en effet par une direction plus ferme qu’ailleurs et qui transmet bien les sensations de la route, sans flottement.
La poutre de torsion, en lieu et place d’une suspension arrière indépendante, ne compromet pas le confort de la balade et le comportement est assuré. Le freinage est franc et le châssis, avec les pneumatiques bien plantés aux quatre coins, est équilibré.
De fait, à chaque fois que j’ai eu à tester la SX4 depuis son lancement (en 2006), je demeure toujours étonnée de l’agrément de conduite qu’elle offre. La compacte n’a tellement l’air de rien…
Du nouveau sous le capot
C’est surtout sous le capot que la SX4 2010 gagne à être regardée de plus près. D’abord, un nouveau moteur quatre cylindres s’y glisse et si la cylindrée reste la même (2,0 litres), la puissance passe de 143 à 150 chevaux.
Sept chevaux additionnels, ce n’est pas la mer à boire, mais c’est quand même plus que les Civic (140 chevaux) et Corolla (138 chevaux) de ce monde. Surtout, on ajoute le réglage variable des soupapes (enfin!), pendant qu’un contrepoids d’équilibrage du vilebrequin (un « crank shaft balancer » pour les intimes) vient réduire les vibrations de belle façon.
Pour seconder cette nouvelle motorisation plus douce, on a droit à une mise à niveau des transmissions. Certes, on l’aimait bien, cette manuelle cinq vitesses, mais sur l’autoroute elle faisait fâcheusement révolutionner le moteur. C’était fatiguant pour l’oreille, et pour la main qui cherchait constamment un sixième rapport.
Le problème est réglé : on l’a ajouté, ce sixième rapport. Dans l’ensemble, la boîte continue de bien transmettre la puissance et d’être instinctive à manier. Elle n’a toujours pas le dynamisme des boîtes Mazda ou Mitsubishi et on pourrait même lui reprocher une course trop lâche, mais reste qu’elle accorde une bien belle marge de manœuvre et des reprises dynamiques.
Une CVT chez Suzuki!
La boîte automatique quatre rapports n’est plus. Elle est remplacée (fiou!) par une toute moderne transmission à variation continue (CVT) avec mode manuel et – roulements de tambour – des palettes au volant dans les versions les mieux équipées.
Oui, oui, vous avez bien lu : une CVT chez Suzuki. Vrai que la technologie est empruntée à Jacto (Nissan, Dodge, Mitsubishi). Mais c’est de bonne guerre puisqu’on reconnaît là les bons ajustements que l’expérience d’une décennie a su apporter.
Vous direz qu’on partait de loin, versus la désuète boîte automatique, mais cette CVT fait définitivement mieux paraître la SX4. Moins «lirante» en accélération que d’autres du même type, elle a du caractère même lorsqu’on ne se mêle pas de sa course.
Sinon, le mode manuel est logique, les palettes ont le bonheur d’être fonctionnelles en mode « D » et, en mode « M », les rapports ont la finesse de demeurer là où on les a engagés.
Prix d’étiquette : il faudrait revoir…
Bon, terminons avec les prix 2010 : à 17 695$ (300$ de plus qu’en 2009), la SX4 pêche par l’excès. Il faut même allonger au minimum 21 595$ pour la traction intégrale…
Vrai que la climatisation et le chauffe-moteur sont de série. Mais la SX4, malgré son nouveau groupe motopropulseur, n’a pas le punch ni la modernité offerte des principaux concurrents japonais.
Qui plus est, la marque se classe régulièrement en queue de peloton, du côté des sondages auprès de la clientèle. M’est avis que pour susciter du trafic dans une salle d’exposition de plus en plus sobre (pour ne pas dire morne), il faudrait substantiellement revoir à la baisse les prix d’étiquette…