Buick Encore 2014: Pas digne d'un Buick
jeudi, 19 décembre 2013
J’avais tant aimé le Chevrolet Trax. Petites dimensions maniables dans la circulation et, malgré tout, très logeables; haute position de conduite; belle allure, bon prix… Manquait juste un peu de fini intérieur et de gâteries technologiques, que je pensais trouver dans le Buick Encore. Mais non: la version endimanchée n’est pas digne d’un Buick et est loin de combler nos attentes.
Interieur
(12/20)
Technologie
(11/20)
Mécanique
(10/20)
Comportement
(11/20)
Conclusion
(11/20)

Fiche technique

MarqueBuick
ModelEncore
Année2014
MoteurQuatre cylindres turbo (2,4L)
TransmissionAutomatique 6 rapports

Dedans comme dehors

Ne lui cherchez pas de concurrent, à ce Buick Encore; il n’en a pas… encore. (‘Scusez-la). Même qu’on a de la difficulté, pour son jumeau le Chevrolet Trax, à trouver une compétition qui se respecte.

Le Volkswagen Tiguan, l’un des plus petits utilitaires du marché? Non, l’Allemand est plus spacieux – et presque deux fois plus puissant que l’Américain.

Le BMW X1? Ben voyons: son prix d’étiquette débute… là où celui du Buick Encore se termine.

Certes, GM avance la MINI Countryman, mais vraiment, on parle d’un autre prix… et d’une tout autre clientèle.

Tout ça pour vous dire que le Buick Encore est seul dans sa classe d’utilitaire sous-compact… et ça aurait dû l’avantager, dans une époque où l’on recherche les petits véhicules pratiques, économiques en carburant, mais quand même bien garnis, voire luxueux.

Sauf que… non seulement le Buick Encore ne règle pas les quelques points négatifs que nous critiquions chez le Chevrolet Trax, mais avec son prix de départ à un cheveu sous les 30 000$ (et qui touche allègrement les 35 000$), le véhicule est en plein dans le mille d’un marché qui en offre beaucoup – tellement plus.

Dommage, parce qu’avec les qualités mentionnées en introduction (petites dimensions passe-partout, habitacle étonnement généreux, position de conduite élevée), jumelées à une coquette bouille bien sympathique rehaussée de la calandre en “chute d’eau” (qui attire de nombreux regards admiratifs de la part des… têtes blanches), le Buick Encore aurait pu être voué à un bel avenir.

On dira ce que l’on dira, les petits véhicules ont le tour d’aménager leur habitacle de façon à ne pas laisser paraître qu’ils sont si petits. Parlez-en à ceux qui conduisent des Smart fortwo…

Ici, malgré une longueur hors-tout d’à peine 4,3 mètres (ce qui – pas de farce – est inférieur d’une douzaine de centimètres versus une Hyundai Accent!), le Buick Encore offre jusqu’à 1371 litres de chargement lorsque sa banquette est rabattue. C’est trois fois plus que lorsque sa banquette est occupée. Ajoutez un siège passager qui se replie à plat et oui, vous pouvez le transporter, ce foutu escabeau.

Côté dégagement? Encore là, bravo: avec sa silhouette haute, le Buick Encore accorde presque autant d’espace intérieur que les utilitaires compacts. Évidemment, c’est serré aux jambes à l’arrière, mais sinon, on ne peut qu’encenser ces multiples compartiments de rangements qui tapissent l’habitacle – tels les deux boîtes à gants.

Gros bémol, cependant: dedans, ça manque de cette classe à laquelle la nouvelle génération de véhicules Buick nous a habitués. Personnellement, j’ai un gros faible pour l’habitacle des Buick Verano, Regal et LaCrosse, avec leur éclairage bleuté ambiant, leurs matériaux chaleureux et le visuel “chic” que l’ensemble dégage.

Dans le Buick Encore? Rien de tout ça. Les plastiques sont durs et fort peu agréables au toucher – à la limite du “cheapette”. Certes, c’était désagréable dans le Chevrolet Trax, mais ça pouvait se comprendre dans celui dont le prix d’étiquette débute sous les 19 000$.

Dans le Buick Encore, c’est carrément impardonnable. La version qui nous est prêtée (avec son intérieur ton noir sur ton noir) est d’une sobriété ennuyante et rien, dans tout ça, ne crie “Buick”.

Technologie

Le constructeur fait tout un plat avec sa technologie de neutralisation active du bruit “QuietTuning”? Désolée: le Buick Encore ne s’avère pas digne de l’insonorisation des véhicules de luxe. Entre autres, ça siffle au toit ouvrant pourtant bien fermé en cette frigorifique semaine de décembre – un tout petit toit par ailleurs bien loin des nouveaux panoramiques qu’on adore, ne serait-ce parce qu’ils éclairent tout le monde à bord.

Autre déception: alors qu’on a droit à un bel écran tactile dans le Chevrolet Trax parfaitement positionné au centre d’une instrumentation qui s’étire à la verticale, ainsi qu’à une instrumentation tout à fait moderne s’inspirant de celles trouvées chez les motocyclettes (oui, oui – et c’est d’ailleurs fort réussi), le Buick Encore, lui… s’accroche les pieds dans le passé.

On a droit à un amalgames de commandes réparties sans logique et qui tiennent davantage de l’hiéroglyphe que de l’instinct, de même qu’à un tout petit écran de sept pouces qui non seulement n’est pas tactile, mais qui, installé loin au bas du pare-brise, forcera certains à s’arracher les yeux.

Par contre, Buick a compris quelque chose: il a compris qu’avec sa vitre de hayon mince et installée en hauteur, son utilitaire sous-compact laisse peu voir de ce qui se passe derrière. Et, donc, la caméra de recul se fait de série – bravo. Sauf que… on aurait apprécié que ladite technologie soit rehaussée de ces lignes directionnelles (vertes-jaunes-rouges) pour mieux guider les manoeuvres en stationnement… ce qui n’est pas le cas.

Mécanique

Vous savez quelle plateforme d’assemblage se glisse sous le Buick Encore? Celle de la compacte… Chevrolet Sonic. C’est bien beau, le partage des architectures, mais c’est indigne d’un Buick que d’offrir une poutre de torsion à l’arrière. (À peu près tous les utilitaires offrent la suspension indépendante tant à l’avant qu’à l’arrière.)

Conséquence? Ce qui était correct pour le Chevrolet Trax vient dénaturer le Buick Encore. La balade n’a rien de la souplesse, du “smoosh” que l’on attend de la part d’un véhicule endimanché. Au contraire, quelques rebonds d’amortisseurs se font désagréablement sentir – et entendre – sur nos routes défoncées et gelées.

Par contre, et fort heureusement, le Buick Encore conserve le comportement assuré et intéressant qu’on a découvert avec étonnement chez le Chevrolet Trax. Je dis “avec étonnement”, parce que la chose est effectivement surprenante de la part d’un aussi court véhicule et qui se fait aussi haut sur patte (158mm de garde au sol). Et pour le Buick Encore comme pour le Chevrolet Trax, on aime la maniabilité du court rayon de braquage (11,2 mètres) et du petit empattement – à 2555mm, c’est un bon 10cm de moins que la moyenne des utilitaires compacts.

Oui, le Buick Encore s’offre en variante à deux roues motrices, mais nous ne saurions trop insister sur le fait qu’au Québec, la traction intégrale est une nécessité pour un utilitaire, aussi petit soit-il. Ici, la technologie n’a pas la transparence et l’efficacité des légendaires systèmes AWD de Subaru, par exemple, mais lorsque les roues patinent dans la tempête, le système redistribue rapidement du couple aux roues arrière et nous permet de décoller… là où d’autres patinent encore.

Le Buick Encore ne partage pas que la plateforme de la Sonic: il lui emprunte également son moteur quatre cylindres Ecotec turbo (1,4 litre), qui, par le biais d’une boîte automatique six rapports, développe un tout petit 138 chevaux et 148 lb-pi de couple.

C’est là la même motorisation que pour le Chevrolet Trax, mais là où ce dernier propose la boîte manuelle, le Buick Encore passe son tour. Et… pas de palettes de changements de vitesse au volant; le Buick Encore se contente d’une petite commande à son levier de vitesse, qui nécessite une bien peu invitante contorsion du poignet.

Mais revenons à la motorisation, pour dire qu’encore là, ce qui était honnête pour le Chevrolet Trax manque de vigueur dans le Buick Encore, surtout quand celui-ci doit composer avec les kilos supplémentaires de la traction intégrale. Résultat: au dernier Festival du Test de l’AJAC, le Buick Encore n’a pu faire mieux que le 0-100km/h en… 11,5 secondes. C’est là l’une des plus lentes accélérations de tout le marché.

Certes, lorsque le turbo se met de la partie à bas régime, on a l’impression d’avoir affaire à un peu plus de puissance. Mais voilà qui a un prix: jouez trop du pied droit et la consommation grimpe allègrement. En “descendant” l’Autoroute 15 sur le régulateur de vitesse, nous n’avons pu faire mieux que du 7,5L/100km…

 

Conclusion

Voilà qui nous amène directement au coeur du problème: si, malgré ses petites dimensions et sa petite puissance, le Buick Encore ne livre pas une consommation plus frugale que celle d’utilitaires plus spacieux et plus puissants (nous avons enregistré entre 6,6L et 7,2L/100km avec les Toyota Rav4 et Honda CR-V, respectivement de 176 et 185 chevaux, par exemple), pourquoi… demanderait-il autant, ce Buick Encore, côté prix?

À partir de 27 835$ (avant frais de transport, de préparation et les taxes), voire à partir de 29 835$ dans sa variante à traction intégrale, le Buick Encore pourrait s’en tirer s’il proposait des gâteries technologiques.

Mais ce n’est pas le cas. De base, il n’offre pas même le revêtement de cuir aux sièges (c’est du tissu… dans un Buick!), ni les rétroviseurs chauffants (c’est impardonnable) et on doit manier une bien ordinaire manette de plastique pour ajuster le dossier du conducteur.

Il faut monter dans les versions mieux nanties – qui toucheront les 35 000$ – pour obtenir la climatisation automatique à deux zones, le volant et les sièges chauffants (de surcroît, pas tellement “chauffants”, ces sièges), de même que des gizmos d’aides à la conduite fort utiles comme l’alerte à la circulation transversale.

Imaginez: à 35 010$, “notre” Buick Encore ne propose même pas le système de navigation! Pire encore: ne cherchez pas la clé intelligente ni le démarrage sans clé (ben voyons donc!), encore moins la banquette arrière chauffante – ce qui est pourtant offert dans une… Hyundai Elantra.

Bref, ce n’est pas digne d’un Buick.

Buick a pourtant bien réussi ses derniers duplicata, notamment avec la Buick Verano (Chevrolet Cruze). Mais cette fois, ça tombe à plat.

Notre meilleur conseil est donc celui… de la modération. Laissez tomber le Buick Encore et considérez plutôt le Chevrolet Trax, un véhicule qui débute sous les 19 000$ et qui nous a bien charmés. Si vous ne grimpez pas trop dans l’échelle des versions, vous vous en tirerez avec une variante à traction intégrale assez bien nantie pour un peu moins de 26 000$.

À plus ou moins 30 000$, le Buick Encore? Nous aurions pu dire oui si, au moins, la motorisation avait été plus puissante. Genre: le quatre cylindres turbo de 2,0 litres d’au moins 250 chevaux qui traîne dans la famille. Parce que vraiment, les actuels 138 chevaux sont nettement insuffisants. Et, pourquoi pas, le système E-Assist (d’arrêt-démarrage), comme pour la plupart des berlines Buick?

Mais bon: ne soyons pas surpris si les acheteurs envisagent autre chose…

Copyright © 2015 Nadine Filion. Tous droits réservés.