Fiche technique
Marque | Honda |
Model | Accord |
Année | 2014 |
Moteur | V6 (3,5L) |
Transmission | Manuelle 6 vitesses, Automatique 6 rapports |
Dedans comme dehors
En connaissez-vous beaucoup, vous, des coupés intermédiaires non de luxe? Ne cherchez plus la Toyota Solara et… on attend toujours la Nissan Altima, dont la nouvelle génération (2014) n’a pas encore daigné se montrer en variante deux portes.
Autrement dit, la Honda Accord Coupé est une race en voie d’extinction. Son (optionnel) moteur V6 aussi – imaginez, même la Chevrolet Malibu n’a plus de six cylindres sous son capot… Qui plus est, cette motorisation peut être jumelée à une (fantastique) boîte manuelle, une autre composante automobile en disparition.
Coupé, V6, boîte manuelle… Du coup, c’est l’amour. Comme pour le petit village de Saint-Élie-de-Caxton où nous a menés notre version EX-L V6 Navi.
Qu’on se le dise tout de suite, deux portes, ce n’est guère pratique. L’avantage marqué de cette configuration réside plutôt à l’extérieur, dans cette silhouette aux proportions à la fois élancées, harmonieuses et classiques, fort agréables à “yeuxter”. Autre avantage: le coffre est méga-profond. Par contre, l’espace arrière est du genre “ruine-genoux” et la banquette est l’une des dernières qui ne se rabat que d’un seul bloc (non pas en 60/40), ce qui sacrifie les trois places.
Ceci dit, pour les grands trajets qui nous promènent là où poussent les légendes, c’est le grand confort; même Ésimésac Gélinas y trouverait son aisance. Les rangements sont avenants et l’insonorisation s’est nettement améliorée versus la (8e) génération précédente. Bon, elle n’a pas la qualité du silence bibliothécaire de la Chevrolet Malibu, mais quand même: c’est parfait pour “l’hospitalité jasante”.
À première vue, l’habitacle peut paraître sombre, mais contrairement aux commandes nébuleuses d’auparavant qui nous faisaient perdre notre… japonais, il donne désormais dans le sophistiqué, avec son instrumentation “techno” et non pas un, mais bien deux écrans de bord.
Le hic, c’est qu’on doit affronter un labyrinthe bien peu logique pour parvenir aux fonctions voulues. Même après un week-end, on “gossait” encore entre cette molette du bas qui gère l’écran du haut et on tatillonnait pour trouver le contrôle de l’écran du centre, avant de se rappeler qu’il est tactile.
De “l’anarchitecture”, dirait Fred Pellerin.
Technologie
Comme l’impose la catégorie des voitures intermédiaires, la Honda Accord Coupé V6 est bardée de ces outils et aides technologiques qui sont, ces dernières années, en pleine démo-procrastination. Pensez au démarrage sans clé, à l’alerte aux collisions, à la caméra de recul (malheureusement sans l’avertissement à la circulation transversale) et, gizmo qu’on adore, à la lecture des textos.
Notre coup de coeur? Cette “surveillance de voie” qui, lorsqu’on engage le clignotant, fait apparaître à l’écran ce qui se trame à l’extérieur, côté passager – tout d’un coup qu’il y aurait un p’tit lutin en mal de traverser… Ça paraît simpliste, dit comme ça, mais de bien percevoir à droite est une gâterie dont on ne veut plus se passer. Vivement que les autres constructeurs l’adoptent.
Quelques grands absents, cependant: les sièges avant ne font que chauffer les popotins, ils ne les ventilent pas. Non plus, pas de régulateur de vitesse intelligent pour faciliter la vie autoroutière. Et pas de toit panoramique pour admirer la splendeur du clocher de l’église, là où les sonnailles sont, comme autrefois, “branlées manuellement”.
Mécanique
Si on n’avait qu’un mot pour décrire la Honda Accord Coupé V6, on vous dirait: magique. La presque perfection. Ceux et celles qui lisent régulièrement l’auteur de ces lignes savent qu’elle n’emploie pas souvent pareille “parlure” pour décrire une expérience de conduite…
D’une part, il y a cette direction qui, bien qu’électrique, l’une des mieux connectées, mais aussi l’une des plus fluides de l’industrie. Un vrai charme: il suffit de quelques subtiles impulsions pour la mener – ou la malmener.
Il y a aussi cette rigidité de caisse et cette fermeté de suspension qui sont accrues versus la consoeur berline quatre portes. Bon, vrai que sur les cahots québécois, les amortisseurs résonnent sèchement, mais c’est le prix à payer pour une belle communion avec la route lorsque les longs rubans asphaltés se font complaisants.
Surtout, il y a ce moteur V6 (3,5 litres) à la belle sonorité grondante qui s’extirpe du double échappement et qui se montre d’une grande douceur. Ses 278 chevaux et 252 lb-pi de couple se délient en toute linéarité, avec autant de “pick-up” que nécessaire sous le pied droit. Voilà qui nous fait dire: dommage que les V6 soient en voie de disparition. Surtout lorsqu’ils sont jumelés, comme ici, avec une boîte manuelle aux six vitesses précises et rapprochées, qui se transigent de façon si onctueuse qu’on s’invente des occasions pour “s’enfarger dans la côte”.
(Gens mariés ou en couple, n’allez surtout pas confesser la chose au curé, vous viendrez d’avouer que vous avez découché…)
Conclusion
On ne vous contera pas de menteries: pour s’offrir le V6, il faut se payer la totale. Et à 35 555$, plus les frais de transport et de préparation (1873$), le prix d’étiquette suggéré pour la Honda Accord Coupé V6 EX-L Navi, fabriquée à Marysville en Ohio, est parmi les plus arrogants.
Non, ça ne coûte pas “gratis”, dirait notre raconteur national. Surtout que pareille variante se détaille pour un bon 3000$ de moins aux États-Unis (et il inclut la boîte automatique). Ceci dit, c’est à peu près ce que vous pourrez négocier chez votre concessionnaire, en ce mois de septembre 2014, si vous payez comptant.
Par contre, la valeur de revente est au rendez-vous. Et la consommation en carburant, merci à la désactivation de trois des six cylindres à vitesse de croisière, est de belle frugalité. Du 7,7L/100km sur autoroute (en mode eco), c’est de l’ordre des (berlines) intermédiaires concurrentes qui s’offrent pourtant avec des quatre cylindres. Paraît même qu’avec la boîte automatique six rapports, on pourrait retrancher un litre aux 100km. Dans un cas comme dans l’autre, l’essence régulière suffit; pas besoin de se payer la “super”, ce qui plaît indéniablement au portefeuille “transporiel”.
Qui plus est, si vous patientez un brin, vous aurez… les pneus gratuits. En effet, maintenant que Saint-Elie-de-Caxton est devenu célèbre grâce à son arbre à “paparmanne”, qu’il a fait pousser en plantant six pieds sous terre deux bonbons roses (un mâle et un femelle…) soudés par la salive, le charmant village de 2013 (!) habitants entend maintenant s’essayer avec un arbre à… “tire”.
De quoi gratter l’imaginaire…
De toujours, la Honda Accord Coupé a su offrir la personnalité d’une grande routière, confortable mais non aseptisée, qui se laisse domestiquer lors des grands trajets, mais qui n’hésite pas à pointer son zest de sportivité lorsque le pied droit le requiert.
Bref, on l’aimait auparavant, ce coupé deux portes, et on l’aime encore. On ne lui reproche qu’une chose: toujours pas de traction intégrale. Ça serait quoi, pour lui, d’adopter l’excellent système AWD qui milite déjà dans la famille?