Ford, un jour pas si lointain, a tenu dans son giron les marques de prestige Jaguar, Volvo et Aston Martin. Alors, pourquoi se serait-il privé d’un emprunt de style de ce côté-là?

Résultat : cette 2e génération de Fusion est sans conteste l’une des voitures les plus élégantes de l’heure, toutes catégories confondues. Les flancs tiennent davantage du coupé que de la traditionnelle berline et l’imposante calandre crie littéralement « James Bond » - un exploit que l’on doit au designer britannique Chris Hamilton. Une vraie Miss Personnalité, avouez.

Tellement belle, cette Fusion, qu’il est difficile de faire le lien avec son prix de base : 22 500$. C’est, avec la Kia Optima de base, l’un des plus petits prix demandés pour une berline intermédiaire au pays.

Il faut cependant savoir que cette variante de base s’amène avec le bon vieux quatre cylindres de 2,5 litres qui traîne dans les cartons du constructeur depuis plusieurs années. C’est là une astuce (également employée pour l’Escape) qui permet de conserver un prix d’entrée très séduisant.

Mais sans injection directe, ce moteur de 175 chevaux n’est pas le plus raffiné qui soit et, surtout, pas le plus frugal. C’est pourquoi vous voudrez inévitablement vous tourner vers l’un des deux moteurs Ecoboost, c’est-à-dire à injection directe et turbocompressés, qui produisent respectivement 178 chevaux (1,6 litre) et 240 chevaux (2,0 litres).

Ou peut-être encore reluquerez-vous la variante hybride, voire l’hybride rechargeable qui s’amène en début d’année prochaine (à ce sujet, lisez notre court encadré).

Une paire d’Ecoboost

Nous n’avons pas encore fait l’essai de la Fusion munie de l’Ecoboost de 2,0 litres, un organe destiné à remplacer le V6 qui tire sa révérence. Mais sachez que sa puissance n’est pas aussi vigoureuse que celle développée par les « vrais » six cylindres encore offerts par la compétition (de 256 à 280 chevaux).

Néanmoins, c’est cette seule motorisation qui accepte d’être livrée avec - oh bonheur - les palettes au volant, afin de transiger les six rapports de la boîte automatique. Surtout, c’est la seule et l’unique à proposer la traction intégrale – une rareté dans la catégorie, puisque les seules autres intermédiaires à faire de même sont les Subaru Legacy et Suzuki Kizashi.

Gros, gros coup de coeur

Ceci dit, nous avons eu un gros, gros coup de cœur pour la Fusion dotée de l’Ecoboost de 1,6L, une option-moteur qui rehausse d’à peine 900$ la facture - et qui vient placer celle-ci nez à nez avec la concurrence.

On serait donc fou de s’en passer, de cet Ecoboost de 178 chevaux. Il est économique (il nous a permis du 6,5L/100km sur l’autoroute), doux et très raffiné, en plus d’être raisonnablement vigoureux pour ébranler celle qui, côté poids, s’installe dans la bonne moyenne avec ses 1515kg (lorsque dotée de la boîte manuelle six vitesses ; vous avez bien lu, on a conservé une manuelle.)

Le légendaire nuage

Dès les premiers tours de roue, la Fusion nous plonge dans un havre de paix, tant par son confort intérieur, son insonorisation presque hermétique, que par sa conduite plus relevée qu’à la première génération.

La tenue de route est étonnement solide et la direction, pourtant électrique, est une bonne communicatrice. Surtout, la suspension semble rouler sur un nuage en effleurant à peine le sol.

L’expérience est détendue, sans être mollassonne et du coup, on a davantage l’impression de conduire une nouvelle venue chez Lincoln – sachez que c’est la plateforme de la Ford Mondeo, jumelle européenne de la 1ère génération de Fusion, qui se cache là-dessous.

Dedans : personnalité connue

Côté espace intérieur, la nouvelle Fusion ne tombe pas loin de la première. Avec un tout petit 2cm de plus en longueur, elle offre sensiblement le même dégagement, ce qui la place, là encore, dans la bonne moyenne. (Pour l’habitacle le plus spacieux de la catégorie, il faut plutôt reluquer du côté de la Toyota Camry.) Le coffre perd un peu de sa contenance (de 467 à 453 litres), mais sa capacité demeure… vous l’avez deviné : dans la bonne moyenne.

Autant le style extérieur est innovant, autant l’habitacle est du domaine du connu. Il est plutôt sombre (pas d’explosion de couleurs comme pour la Chevrolet Malibu), mais il est bien ficelé, proposant des matériaux de qualité, sauf pour ce plastique dur dans les versions de base qui, à l’instrumentation centrale, rend difficiles les commandes « touch ».

Un tsunami de technos

La technologie, marque de commerce chez Ford ces dernières années s’il en est une, déboule en masse dans la Fusion – trop, diront certains. Mais pas nous : vous l’avez lu dans ces pages, on l’aime ce Sync, envers et contre toutes les critiques. Il est facile à opérer – plus que certains dispositifs récemment lancés, d’ailleurs – et l’automobiliste qui ne peut s’y retrouver… ne devrait peut-être pas conduire.

Aussi, on aime cette alerte de circulation transversale en manœuvres de recul, ce volant qui vibre lorsqu’on louvoie un peu trop sur la grand-route et ce régulateur de vitesse intelligent (qui tient compte de la vitesse des véhicules qui précèdent).

Le stationnement automatisé est possible (bof…), mais surtout, pour 150$, on peut commander sur certaines variantes le « stop-and-go », qui fait s’éteindre le moteur aux arrêts. Voilà quelque chose d’absolument fantastique. De fait, Ford annonce qu’un tel dispositif permet une réduction de la consommation de 3,5%, mais nous contestons : la réduction sera assurément plus importante encore pour ceux qui roulent le moindrement dans la circulation urbaine.

Cette année a été celle des berlines intermédiaires, avec l’arrivée des nouvelles Nissan Altima, Honda Accord et Chevrolet Malibu. Mais avec son look d’enfer, son offre technologique et sa multiplication des motorisations, la Ford Fusion ne peut que détrôner toutes les autres – après tout, il s’agit de Miss Personnalité 2013.

Entre hybride et rechargeable

Cette 2e génération de Ford Fusion nous ramène une variante hybride (à 29 999$), ainsi qu’une toute nouvelle variante « branchée » pour faire concurrence aux Chevrolet Volt et Toyota Prius « plug-in », soit la Fusion Energi.

Cette dernière nous arrivera en début d’année prochaine pour 38 879$, moins les éco-rabais provinciaux. Pour l’heure, quelques moments passés au volant de la nouvelle Fusion hybride nous ont montré une voiture à la personnalité beaucoup moins forte, côté conduite, que les autres variantes dites « régulières ».

Mais c’est logique, puisque la puissance est réduite, la voiture est plus lourde avec l’ajout de composantes électriques et… qu’elle doit se commettre d’une boîte CVT.

POUR

Style : l’un des plus élégants de l’heure

Conduite relevée (variante 1,6L essayée)

Un tsunami de technologies

Système « stop-and-go » - à 150$, on ne s’en passe pas!

AWD en option – une rareté

Variante hybride dispo, « branchée » à venir

Havre de paix à la « Lincoln »

CONTRE

Variante hybride : conduite moins relevée

Quelques plastiques durs à la console

Quatre cylindres 2,0T moins puissants que les V6 concurrents

AWD possible uniquement avec le « gros » moteur

FICHE TECHNIQUE

Ford Fusion 2013

Berline intermédiaire, cinq places

Moteur 1 : quatre cylindres de 2,5 litres

Performances : 175 chevaux, 175 lb-pi

Moteur 2 : quatre cylindres Ecoboost de 1,6 litre

Performances : 178 chevaux, 184 lb-pi

Moteur 3 : quatre cylindres Ecoboost de 2,0 litres

Performances : 240 chevaux, 270 lb-pi

Boîtes : manuelle six vitesses (avec le 1,6L), automatique six rapports

Variante hybride : quatre cylindres Atkinson de 2,0 litres

Performances : 141 cv, 129 lb-pi.

Boîte : CVT

Consommation hybride (/100km): 4,0L en ville, 4,1L sur autoroute

Traction : avant ou intégrale (avec le 2,0L)

Direction : électrique

Cargo : 453 litres

Concurrence : Chevrolet Malibu, Honda Accord, Hyundai Sonata, Kia Optima, Mazda6, Nissan Altima, Subaru Legacy, Suzuki Kizashi, Toyota Corolla, Volkswagen Passat.

Fabrication : Hermosillo, Mexique et Flat Rock, Michigan

Prix : à partir de 22 499$