Fiche technique
Marque | Toyota |
Model | Venza |
Année | 2010 |
Moteur | Quatre cylindres (2,7L), V6 (3,5L) |
Transmission | Automatique 6 rapports |
Si la Chrysler Pacifica était encore de ce monde, la Toyota Venza pourrait alors braver un concurrent qui lui ressemble. Mais avouez que sur le marché actuel, bien peu de véhicules jouent sur tous les plans comme la Venza tente de le faire.
Matrix soufflé à l’hélium? Camry ‘shootée’ aux stéroïdes? J’vous dis, on ne sait plus trop. Visuellement, la calandre large et proéminente laisse présager un utilitaire, mais de dos, le hayon élargi et surbaissé fait plutôt penser à une grosse familiale. De côté, les lignes s’étirent presque comme pour une ‘minivan’ ou, à tout le moins, un gros wagon.
Une chose est sûre, cependant : sous cette robe aux multiples tendances, fabriquée au Kentucky sur la même plateforme (quoique modifiée) du Highlander et de la Camry, se cachent des organes bien connus et qui ont fait leur preuve ailleurs, chez Toyota. Ah, l’art de la convergence…
Un quatre cylindres fort convenable
Ainsi, au lieu de réinventer la roue, on a puisé dans le giron Toyota le nouveau quatre cylindres de 2,7 litres (également commun au Highlander) et qui développe ici 182 chevaux. Bon, vrai que 182 chevaux et 182 lbs-pi pour déplacer plus ou moins 5000 livres, ce n’est pas le Klondike. Mais étonnement, les accélérations sont fort convenables, loin d’être essoufflées comme on aurait pu l’escompter.
Pour ce, on doit remercier la transmission automatique qui transige ses six rapports de façon limpide. Tout au plus, en montée, doit-on recourir au mode manuel pour tirer le petit extra qui nous est nécessaire. La manœuvre s’effectue alors instinctivement, grâce au levier de vitesse qui, positionné au sud-est du tableau de bord, tombe sous la main.
Comme dans toutes choses, on pourrait facilement se contenter d’une Venza avec moteur quatre cylindres, surtout que cette variante accepte, en option, d’offrir la traction intégrale (une bien bonne chose). Mais pour cela, il ne faut pas – je répète : il ne faut pas faire l’essai, ne serait-ce qu’un seul instant, des versions V6.
Un ‘plus’ pour le V6
Sinon, ça en est fait, du quatre cylindres. Car le V6 de 3,5 litres, dans la Venza comme dans la plupart des autres véhicules du constructeur japonais, développe sa puissance (ici, 268 chevaux et 246 lbs-pi) avec une douceur exemplaire. Avec, en prime, une bonne économie en carburant : à peine un litre/100km plus gourmand en combiné que le « petit » moteur, si l’on adopte une conduite raisonnable.
Les accélérations sont linéaires et, merci à une voie plutôt large (elle fait presque deux mètres de gauche à droite, la Venza), ça se traduit par une tenue de route solide et équilibrée. Évidemment, le V6 a l’avantage du remorquage : 1587 kilos, versus les 1133 kilos que peut tirer quatre cylindres.
Sans ‘vroum-vroum’
Sauf que… tant pour la Venza de base que pour les variantes équipées du V6, on a oublié d’intégrer l’excitation. On est pas mal loin du « vroum-vroum » du Mazda CX-7… en autant que l’on puisse comparer les deux véhicules.
Certes, la direction électrique facilite les manœuvres en stationnement, avec un bon rayon de braquage (11,9 mètres), mais l’ensemble de l’œuvre manque de résistance et on l’obtient bien peu de connectivité avec la route. L’impression est accentuée par un mince volant ; on aurait souhaité quelque chose qui occupe davantage la paume. Les pédales, tant d’accélération que de freinage, souffrent par ailleurs de lâcheté et ça manque décidément de contrôle.
La suspension? Pas si tant molle que ça, finalement – et même un peu plus soutenue dans les variantes à traction intégrale, à qui l’on a renforcé les barres stabilisatrices. Mais évidemment, rien d’assez ferme non plus pour se prendre un rendez-vous chez le chiro.
Pour tout dire, si on se glissait derrière le volant de la Venza sans en avoir d’abord vu le style extérieur, on se croirait à 100% en train de piloter une berline tout ce qu’il y a de plus conventionnel.
Du ‘grande surface’
Côté habitacle, dire qu’il s’agit là d’un produit fidèlement Toyota résume bien la chose : les matériaux sont de qualité, l’assemblage impeccable, les compartiments de rangements pratiques et nombreux, les sièges enveloppants et confortables, les commandes faciles à apprivoiser.
D’ailleurs, et c’est ce qui caractérise la Venza : on embarque, puis en deux temps, trois mouvements, on s’y sent déjà à l’aise. Rien pour compliquer l’expérience de conduite. La planche de bord est suffisamment aérée et, avec son angle incliné, se laisse rejoindre sans avoir à indûment s’étirer.
Autre accès facile : celui aux places arrière, merci à des portières qui s’ouvrent bien, bien grandes. Sur la banquette, les passagers profitent d’un bon dégagement, tant aux jambes qu’aux têtes. Un collègue de six pieds deux pouces a trouvé à s’y caser sans rechigner et ce, même si le passager assis devant faisait preuve d’égoïsme. Aussi, bravo pour ce dossier arrière qui s’incline, question d’être confortable lorsque vient le temps de la sieste.
Le cargo est aussi fort généreux, avec ses 870 litres avant que la banquette ne soit rabattue. Cette dernière se replie aisément, d’une simple manette aménagée dans le compartiment arrière – on aime de ne pas avoir à tirer, pousser, triturer des languettes…
Une critique, cependant, et que l’on entend rarement chez Toyota : l’insonorisation est moyenne. La cabine laisse pas mal trop passer les bruits du vent – on devra penser à rajouter du matériel isolant ici et là, question de compenser pour ce véhicule ‘grande surface’.
Sans escalade des options : bravo !
Surprise : la Venza vient contrecarrer la philosophie Toyota qui veut, depuis belle lurette, que la facture grimpe vite lorsqu’on se met à additionner les options. Ici, même en version de base (à partir de 29 300$), le véhicule s’amène bien équipé. La sécurité est complète (pensez sept coussins gonflables) et on a droit à des petites gâteries de série comme les rétroviseurs chauffants, la climatisation bi-zone et les commandes audio au volant. Avouez, c’est pas mal.
Par contre, toujours pour la version de base, ne rêvez pas au démarrage sans clé, au hayon électrique, au Bluetooth (!) ou encore au système de navigation, qui ne sont offerts qu’avec les Venza V6, parfois juste les variantes AWD de surcroît. Dommage pour le démarrage sans clé ; dès qu’on se frotte à ce ‘gadget’, on ne veut plus s’en passer…
Avant de vous commettre pour les sièges de cuir, remarquez bien comment ce revêtement fait plus ‘vinyle’ de type familier que cuir de qualité. En contrepartie, le tissu qui recouvre les sièges de base est très, très correct, ne faites donc pas l’erreur de le bouder.
Même chose pour le toit ouvrant : regardez comment, à l’heure où les constructeurs proposent des toits panoramiques à graaande ouverture, la Venza offre un panneau avant à l’ouverture très étroite. Ceci, évidemment, vise à épargner le panneau vitré arrière qui, lui, ne s’ouvre pas, mais est-ce qu’on veut vraiment payer pour une ouverture qui fasse à peine de l’air ?
Bon, ne reste plus qu’à conclure sur l’évidence : comment se fait-il que Toyota, qui se targue d’être le constructeur proposant la plus importante gamme de véhicules hybrides, n’a pas encore lancé une version essence-électricité de sa Venza ?
On attend toujours, on attend toujours…
POUR
Moteur de base très intéressant – tant qu’on n’a pas essayé le V6!
Polyvalence intérieure
Version de base bien équipée
CONTRE
Démarrage sans clé : avec la Venza V6 AWD, seulement
Direction électrique qui manque de substance
Pas mal de bruit de vent dans l’habitacle