Le Saint aurait aimé...
On est témoin, sur les forums Internet, de toute l’énergie avec laquelle les pro-Volvo défendent le constructeur suédois des attaques proclamant son “style trop beige” ou “trop vanille”, ses silhouettes “trop sécuritaires pour être sexy”.
Mais une chose est sûre: pro-Volvo ou pas, tout le monde encense la Volvo Concept Coupé.
Le coupé deux portes, dans sa teinte bleu-gris, sera présenté en primeur mondiale la semaine prochaine, à l’ouverture du salon de Francfort. Mais déjà Volvo en a dévoilé les premières photos.
Et le coup d’oeil est magnifique.
Fini, le design “vanille”…
Au contraire, ce premier aperçu du nouveau visage de Volvo, après le rachat de la marque par la chinoise Geely en 2009, dit “bienvenue” aux lignes sveltes et élégantes.
Notez la cambrure de la silhouette, les épaulements qui rejoignent les feux arrière, les proportions singulières mais combien harmonieuses.
De fait, on a peut-être là l’une des plus belles voitures de l’année, voire de la décennie, et elle montre de quel bois Volvo a l’intention de se chauffer afin de renouer avec un aura haut de gamme.
Design scandinave
Design scandinave? Peut-être, mais reste que c’est à l’Allemand Thomas Ingenlath, repêché chez Volkswagen il y a un an, que l’on doit la direction artistique du projet Volvo Concept Coupé.
Le nom de Thomas Ingenlath vous dit quelque chose? Et pour cause: le designer a été impliqué dans quelques coups majeurs chez son ancien employeur, notamment les Volkswagen Concept Bluesport et Volkswagen XL1.
Et nul doute que sa participation fera marque, ici aussi. Car mine de rien, le styliste qui n’a pas encore 50 ans a réussi à faire revivre le passé – celui de la Volvo P1800 – sans tomber dans le rétro kitsch.
Incroyable, comment la Volvo Concept Coupé retransmet de façon moderne le galbe du toit et sa chute de rein, le long capot et la haute ceinture de taille, l’arrière tronqué et la calandre abrupte, où trône une grille d’un contour qui a su traverser les âges.
Coup de génie: la ligne chromée qui rehaussait les latéraux de la Volvo P1800 est reprise par un habile et discret renflement de carrosserie.
Sainte icône…
Quoi, la Volvo P1800, vous ne connaissez pas?
Assurément, que vous connaissez. Laissez-nous vous dire: Simon Templar dans Le Saint… interprété par Roger Moore, avant qu’il ne devienne James Bond…
Rappelez-vous sa Volvo “sport” de couleur blanche, immatriculée ST1……
Au début des années 1960, c’est Jaguar qui avait été approché par la série télévisée pour une voiture – sa Jaguar E-Type venait tout juste d’être lancée. (Tiens donc; plus ça change…).
Devant le peu d’enthousiasme de la marque britannique, le réalisateur de la nouvelle série avait cependant dû se tourner vers Volvo. Qui, en moins d’une semaine, s’était empressé d’une P1800.
Le constructeur suédois fournira cinq exemplaires de son coupé au fil des années, dont un pour l’acteur Roger Moore lui-même.
Du coup, la voiture est devenue une icône, tant au cinéma que sur la route. Et ce, bien que moins de 40 000 exemplaires aient jamais été assemblés, en toute une décennie de production (1961-1972).
Une Volvo C60, peut-être?
Rien n’est encore annoncé quant à une éventuelle production de la Volvo Concept Coupé.
Tout au plus le constructeur révèle que des éléments de design – comme la ligne de phares en “T penché” ou la calandre “flottante” – se retrouveront à la prochaine génération de… l’utilitaire XC90, prévue pour 2014.
Mais on peut quand même rêver… à une Volvo C60, peut-être?
Pour l’heure, la Volvo Concept Coupé met en scène la toute nouvelle plateforme du constructeur, soit la SPA – pour Scalable Product Architecture – qui est appelée à accueillir à peu près tous les futurs véhicules de Volvo.
Le prototype rappelle par ailleurs que le constructeur a annoncé, plus tôt cette année, vouloir faire table rase sur tout autre moteur que des quatre cylindres (bye, bye, V6…). Et qu’il allait concentrer ses efforts sur des quatre cylindres turbo, suralimentés, voire avec assistance électrique.
Et de fait, le long capot de la Volvo Concept Coupé recèle un moteur quatre cylindres (2,0 litres) à la fois turbo et suralimenté, alors qu’un moteur électrique est disposé à propulser les roues arrière. (Notez que la Volvo P1800 était une voiture à propulsion).
Puissance totale de la Volvo Concept Coupé? Quelque 400 chevaux, dit-on (ce qui est quand même beaucoup demander, de la part d’un quatre cylindres…), soit quatre fois plus de puissance que pour la Volvo P1800 d’antan.
La simplicité… intégrale
La Volvo Concept Coupé a autant de gueule dedans que dehors.
Le designer Thomas Ingenlath parle de “simplicité intégrale qui cadre parfaitement avec notre héritage scandinave”, mais reste qu’on n’a pas lésiné sur la pièce de résistance: un levier de vitesse de… cristal, façonné à la main, dans la plus pure tradition suédoise.
Gageons un p’tit deux qu’un tel élément ne sera pas mené en production, mais il devrait en être autrement de la console centrale, qui a fait la guerre aux boutons et autres commandes rotatives, au profit de l’un des plus grands écrans tactiles de l’industrie qui soit – mis à part bien sûr celui de l’électrique Tesla S.
Et gageons qu’advenant une éventuelle production, le harnais des ceintures conserveront l’inscription “Depuis 1959”, commémorant l’année où Volvo a inventé la ceinture à trois points d’ancrage – telle qu’on la connaît encore aujourd’hui.