Le Mondial de Paris en 3 actes (certains utopiques...)
Paris, Acte 1 :
« Mon truck est plus gros que le tien »
Je ne l'avais pas vu venir. Pour mon premier Mondial de Paris en 15 ans de journalisme automobile (ouais, bon, je suis d'accord avec vous : il était temps...), je ne m'attendais pas à ce que la presque moitié des quelque 35 présentations mondiales au menu soient des dévoilements d'utilitaires.
Pensez Volvo XC90; après les informations livrées au (gros) compte-goutte ces dernières semaines, on a enfin pu voir dans son entièreté celui qui, avec sa proéminente (et très haute) calandre, sera définitivement le véhicule de tourisme le plus « macho » de toute la famille suédoise — en 87 ans d'histoire, pardi.
On attendait également avec impatience la 3e génération du Kia Sorento (2016), surtout afin de pouvoir vérifier les prétentions du constructeur coréen en termes d'habitacle. Vérification faite : l'intérieur a effectivement des allures — et des matériaux — dignes d'un Lexus, ou presque.
Il y a bien sûr ce Fiat 500x, troisième modèle à joindre la gamme italienne qui s'offre en sol nord-américain depuis trois ans, maintenant. Et c'est la plateforme du... Jeep Renegade qui est ici empruntée, merci au mariage Chrysler / Fiat. Mariage qui, d'ailleurs, s'officialisera ces prochains jours avec une entrée en bourse... new-yorkaise.
Et toujours du côté « camion », c'est sans oublier :
le Porsche Cayenne S E-Hybrid – lire : enfichable;
le Suzuki Vitara — non, n'y pensez même pas, malgré une allure autrement plus invitante qu’il était avec nous;
le Land Rover Discovery Sport, qui a d'abord été vu « escaladant » la Seine (pas de farce!);
voire le monospace de Renault, qui porte la très originale désignation... Espace.
Paris, Acte 2
À fond la caisse!
Nous disions donc qu'une masse d'utilitaires / cross-over / patentes à haute garde au sol viennent d'être montrés à Paris. Mais alors, qu'en est-il des voitures?
Oh, elles sont bien au rendez-vous, mais encore là, la moitié de celles qui ont été présentées n'aideront pas la cause du carburant. Cette fois, pensez à…
Ces magnifiques Mercedes-Benz AMG — tant l'AMG-GT que la C63 AMG, en configuration berline ou break (vous a-t-on dit qu'elles sont magnifiques, ces voitures?);
la Nissan Pulsar Nismo Concept, dévoilée aux côtés du modèle de production — une conjugaison ti-vidente, aurait dit une ancienne amie de ministre;
la Ferrari 458 Speciale Aperta, variante cabriolet de la sportive du même nom et qui, incidemment, devient la Ferrari décapotable la plus rapide de l'histoire, avec ses 597 chevaux pouvant atteindre le 100km/h en trois petites secondes.
Et oh! surprise : il y a cette Volkswagen XL Sport qui s'est pointée au kiosque du plus grand constructeur européen, qui occupe d'ailleurs tout le pavillon 4.
Dérivée de la très frugale Volkswagen XL 1 à bord de laquelle on pourrait faire Montréal-Sainte-Agathe-des-Monts avec seulement 1,35 $ de carburant, le prototype remplace la motorisation hybride par celui de la moto Ducati 1199 Superleggera (comme dans : super léger) V-Twin, en l'occurrence un deux cylindres (!) de 197 chevaux. De quoi permettre le 0-100km/h sous les six secondes...
Paris, Acte 3
Conduite autonome
Si la dernière décennie a été consacrée aux percées technologiques visant l'austérité (un mot également fort à la mode, de ce côté-ci de l'Atlantique) énergétique, la prochaine décennie sera celle de la conduite autonome. De fait, un kiosque de constructeur sur deux avance soit une technologie révolutionnaire de sécurité, soit un modèle autonome en développement.
Et il y a toutes ces promesses...
Carlos Ghosn, grand patron coloré de Nissan/Renault, est celui qui s'avance le plus. Il jure (en français, parce que sur le podium parisien du Mondial) que « la prochaine étape de la mobilité est la conduite autonome ».
« Je vous fais aujourd'hui une promesse, a-t-il déclaré. D'ici 2016, nous serons en mesure de laisser une Nissan se piloter de façon autonome dans les rues congestionnées, voire de se stationner d'elle-même. Et d'ici 2018, encore plus de navigation autonome pourra se dérouler sur les autoroutes, qu'elles soient congestionnées ou pas. »
Mais celui qui a un jour promis que la Nissan Leaf allait se vendre en suffisamment d'exemplaires pour justifier la construction d'une usine, a cependant ajouté : « Mais c'est si — et seulement si — vous choisissez que la chose soit possible. » Et vrai que la partie est loin d'être gagnée. « Y a un p'tit souci », comme on dit ici.
Un grand dossier, publié en marge du Mondial de Paris 2014 dans le journal Le Monde, résume bien la chose, rappelant que la route du « Graal de l'industrie depuis les années 1970 » est parsemée d'embûches technologiques, de trous économiques, de heurts en sécurité et... d'épineux cahots législatifs. Et la publication internationale de logiquement se demander : « Qui paiera en cas d'accident : le constructeur, l'équipementier, les informaticiens qui ont développé les logiciels, les assureurs... ou le propriétaire? »
Poser la question, c'est un peu y répondre...