Taj Mahal, nous voilà!
Mais un peu de patience: avant, nous visitons un plus petit mausolée, le "Bébé Taj" comme on dit ici, question de nous mettre dans l'ambiance du plus grand. C'est l'épouse favorite de l'empereur Jahangir qui l'a fait construire pour son père Itimad-ud-Daulah, un grand trésorier moghol. Cet écrin de marbre est posé sur un paisible jardin, en bordure de la sineuse rivière Yamuna.
Les dimensions sont certes moins impressionnantes que celles du Taj Mahal, mais l'architecture y est tout aussi magique. De près, les mosaïques incrustrées de pierres semi-précieuses sont impressionnantes. On y passe et repasse la paume de la main, ahuri devant la finesse et la géométrie du travail - réalisé au début des années 1600, rappelons-le. L'endroit est un trésor de calme dans une mer de klaxons et autres bruits urbains. Nous apprécions particulièrement l'humour de notre Guide du jour, dont les explications historiques... semblent toujours doublées d'un sens kamasutresque.
Nous visitons ensuite le Fort Rouge, mais qu'en partie seulement. En effet, il nous aurait fallu toute la journée (et sans doute plus encore) pour arpenter la superficie comprise dans ces remparts entourés de douves et longs de 2,2 kilomètres. Ici encore, l'architecture est grandiose. De salles en palais et de pavillons en terrasses surplombant la Yamuna, nous déambulons dans ce labyrinthe de grès rouge. L'ensemble a été érigé au 16e siècle par l'empereur Akbar pour des fins militaires, mais aussi résidentielles - c'est qu'il en fallait, des pièces, pour accueillir les 800 (!) femmes du harem impérial...
Les appareils-photo n'ont cesse d'immortaliser ce que l'oeil trouve magnifique, même si l'on sait bien que tous les clichés du monde ne pourront jamais rendre cette majuestosité. Aussi bien vous en avertir, vous serez quitte pour des séances-photo du genre: "Ça, c'est le Fort Rouge, ça, c'est encore le Fort Rouge, et là encore, c'est le Fort Rouge.."
Du haut d'une tourelle, nous aperçevons tout au loin, dissimulé dans la brume... mais oui, le fameux Taj Mahal! Même à plusieurs kilomètres, il en impose. Nous en prendrons la direction tout de suite après un lunch à l'hôtel.
La magie, avec le Taj Mahal, c'est qu'on ne l'aperçoit qu'au dernier moment. Du stationnement à la guérite et des jardins à la grande porte qui y mènent, on n'entraperçoit qu'un bout de dôme blanc. Et tout à coup, il est là, dans toute son immensité de marbre blanc, entouré de minarets, encavé d'arches et gravé d'arabesques de pierres précieuses. On dirait une vision féérique - vaporeuse même, comme si elle allait s'évanouir. Je n'avais jamais imaginé que le blanc pouvait rayonner, mais il le fait, ici.
On dit que le Bassin du Lotus qui mène jusqu'au Taj Mahal est l'un des plans d'eau les plus photographiés au monde. Pas surprenant: le coup d'oeil en son extrémité est tout aussi parfait que spectaculaire. Même sans aucune notion d'architecture, l'on sent toute la symétrie et la pureté du bâtiment.
Les photos du Taj Mahal laissent croire que l'allée en bassin est plus longue qu'en réalité. L'illusion d'optique est sans doute créée par le Taj Mahal lui-même, si majestueux et si imposant qu'à ses pieds, il est impossible de le photographier dans son ensemble.
Pour la petite histoire, sachez qu'il a fallu 12 ans (de 1631 à 1653) à plus de 20 000 ouvriers pour venir à bout du gigantesque projet de l'empereur Shah Jahan. Ce dernier a voulu rendre hommage à son grand amour, Mumtaz Mahal, morte en donnant naissance à leur 14e enfant. Le Taj Mahal a été inauguré en 1643 et encore aujourd'hui, on ne peut s'empêcher de s'exclamer : "Bordel, mais c'est qu'il l'aimait, sa Mumtaz!"
Nous n'avons eu qu'une petite heure pour faire le tour des jardins, monter sur la blanche terrasse surplombant la rivière, puis pénétrer dans l'antre sombre, étonnement bruyante avec tous ces gens qui s'y pressent afin de voir les deux cénotaphes. Mais la visite valait le déplacement à Agra, si ce n'est le déplacement en Inde lui-même. Le Taj Mahal n'a pas été désigné au Patrimoine de l'humanité par l'Unesco pour rien...
La vedette du jour...
"Bébé Taj", Fort Rouge, Taj Mahal... Une journée bien remplie à Agra, mais que la diarrhée des voyageurs n'a pas manqué d'agrémenter pour certains. Hier, notre vedette du jour était notre infirmière Marie-France, aujourd'hui nous nommons Johanna Pham. De nous tous, c'est elle qui profite de l'estomac le plus solide. Depuis notre arrivée il y a presque une semaine déjà, elle ne s'est pas privée en fruits frais, salades, yogourts et autres plaisirs que nous nous sommes interdits. Et pourtant, la voilà qui continue de "péter le feu"... contrairement aux trois quarts du groupe qui pètent malheureusement autre chose!
Demain, nous prenons la direction de Jaipur, avec un arrêt à la ville-fantôme de Fathepur Sikri. On se régale de vos commentaires, continuez de nous en faire parvenir!