Rickshaw et bain de foule au Gange

Blog Live
samedi, 14 novembre 2009
Samedi 14 novembre - Départ pour Vârânasî, ce matin. On dit Au Revoir à New Delhi et on embarque sur les ailes de KingFisher... qui est aussi une marque de bière. L'histoire ne précise rien quant à la sobriété du pilote...

À l'aéroport de Delhi, Marcel (notre vedette du jour!) nous donne toute une frousse: la sécurité ne veut pas le laisser passer avec ses batteries rechargeables... et évidemment, Marcel ne veut pas se séparer de ce qui lui permet d'immortaliser son périple en Inde (d'ailleurs, qui l'aurait voulu!?).Mais avoir su que le policier allait lui retirer sa carte d'embarquement, peut-être Marcel aurait-il pris une autre décision... Heureusement, après quelques palabres, Marcel a pu être du vol, pour le grand bonheur (enfin, on le croit!) de sa conjointe Marie-Paule.

Je ne sais pas si ce n'est qu'à Delhi ou si ça sera ainsi tout au long de notre voyage, mais les Indiens ici sont d'une gentillesse et d'une politesse incroyables. Ils sourient spontanément, d'un franc sourire qui illumine leur regard. Et ils en font toujours un peu plus pour nous aider, avec de surcroît beaucoup de déférence. On dirait qu'ici, tout le monde a suivi un cours intensif de service à la clientèle!

Étrange: les Indiens ne pratiquent pas les effusions en pleine rue. Pas d'embrassades, pas de démonstrations romantiques. Je dis étrange, parce que c'est quand même ici que le Kamasutra est né... J'imagine que ce que l'on ne sait pas de ce qu'il se passe derrière les portes fermées ne fait pas de mal!

Arrivée à Vârânasî. Les habitants de New Delhi nous ont mis en garde contre le méga-choc culturel qui est supposé nous assaillir. Vrai que les rues de la "ville" sont encore plus anarchiques qu'au Vieux Delhi. À regarder vivre les gens dans cette misère, on se dit que l'humain s'adapte décidément à tout... Et c'est d'autant plus criant lorsque, tout à coup, une élégante indienne vêtue d'un sari coloré et scintillant se fraie un chemin dans la cohue crasseuse.

Petit détour par la ville de Sarnath, qui se targue d'être le berceau du bouddhisme. Bouddha y aurait prononcé son premier discours après son illumination (528 avant J-C). Nous déambulons dans les ruines du Damarajika Stupa, qui a été construit afin de conserver les reliques de Bouddha. Nous croisons là des moines en pleine prière et... des Indiennes en magnifique sari qui veulent se faire photographier avec nous. C'est le monde à l'envers!

Notre guide du jour tente de nous faire croire que les femmes sont privilégiées, en Inde. Les hommes se sentent lésés parce que s'ils sont exempts d'impôt pour tout salaire inférieur à 200 000 roupies par année (environ 4500$US), alors que les femmes ont droit de gagner annuellement jusqu'à 250 000 roupies avant d'être imposées. L'histoire ne dit pas, cependant, quel pourcentage des femmes indiennes travaillent contre rémunération...

À la petite librairie de l'hôtel, nous rigolons d'un livre qui explique en grand format l'art du... Kamasutra. Tout sérieux, le libraire nous indique en anglais qu'il a aussi un format "livre de poche", si nous préférons...

On s'imagine que le point au centre du front d'une femme signifie qu'elle est mariée, mais non: ce point ne constitue, tout compte fait, qu'un symbole décoratif, comme les bijoux, le parfum, les fleurs. Pour l'homme, il signifie par contre un récent passage au temple - c'est le prêtre qui trace le point de poudre là où le 3e oeil devrait se trouver. Une femme qui veut faire savoir qu'elle est mariée utilise plutôt une poudre rouge qu'elle dépose sur la raie au milieu de ses cheveux.

Ce soir, nous avons droit au bain de foule le plus célèbre de l'Inde: nous assistons aux cérémonies du Aarti, au bord du Gange. On dirait que toute la ville s'est amassée, à la tombée du jour, sur les rives du fleuve ou sur de petites embarcations pour voir et entendre les hommages de "purification" rendus aux défunts. La musique est tonitruante, la foule est dense et l'air embaume l'encens que les maîtres de cérémonie envoient à tout vent, mais le tout se déroule dans un calme surprenant.

Pour se rendre au Gange et en revenir, nous vivons une expérience encore plus mythique - du moins, pour nous: le rickshaw. Deux par deux, nous prenons place à bord de ces tricycles qui sont propulsés par des hommes plus maigres que gras, et plus vieux que jeunes. Au départ, je trouve non seulement le siège très inconfortable, mais aussi l'idée de me faire transporter par "du jus de mollet d'esclave".

Le plaisir prend néanmoins le pas devant le sourire coquin de notre Ramù. C'est qu'il est habile, notre pilote, à profiter des mouvements de la circulation et à se faufiler dans le brouhaha de l'heure de pointe, au mépris des pare-chocs voisins, des autres rickshaws, des motocyclettes, des vaches sacrées, des chiens errants, des enfants qui tentent de traverser... Il n'hésite pas non plus à engueuler ceux qui lui barrent le chemin et qui lui font perdre son élan. Des jeunes s'approchent de nous pour nous convaincre d'acheter de la camelotte? Il les expédie d'une tape sur l'épaule en leur criant quelques bêtises. Notre Ramù a dû éviter au moins cinq accidents sur les quatre ou cinq kilomètres parcourus, ce qui n'a pas manqué de nous faire réagir et lui... de sourire encore plus grand! On s'en souviendra longtemps, de notre tour de rickshaw...

Demain, lever aux aurores pour se balader en bateau sur Le Gange. Et dire qu'on n'est même pas encore tout à fait remis du décalage horaire...
 

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