Ouch, aïe, merde.... Putain!
À chaque cahot, on se fait secouer le cocotier - ma foi, encore plus qu'à dos d'éléphant. Et régulièrement, les cris fusent à l'unisson: ouch, aïe, merde... et "PUTAIN!" s'exclamera Geneviève, notre Française nationale. Du coup, c'est elle qui hérite du titre de la Vedette du Jour...
Oui, oui, notre groupe compte une Française, une vraie de vraie Parisienne.Qui a dit que les Parisiens étaient chiants? Celle-ci est colorée, joyeuse et toujours prête à aider les autres. Toujours prête à magasiner, aussi! Elle agrémente nos journées de bien belle façon avec ses expressions typiques et c'est pourquoi nous lui décernons la mention du Jour.
Nous nous trouvons toujours dans la magnifique région désertique du Rajasthan et traversons aujourd'hui la chaîne de montagnes Arvalli. Notre autobus handicapé de ses amortisseurs arrière peine à grimper la route sinueuse qui monte, monte et monte encore. La voie est unique et ceux qui souffrent du vertige ont intérêt à ne pas regarder du côté droit...
En chemin, nous nous arrêtons dans un sanctuaire de religion jaïne à Ranakpur, le temple Adinath. N'entre pas qui veut, cependant: les jambes nues et les décolletés sont interdits, de même que tous les articles de cuir parce qu'ils supposent qu'il a fallu tuer la bête pour les fabriquer. Les Jaïens sont végétariens et on dit qu'ils ne tuent même pas une mouche.
De près, le temple n'a l'air de rien. Bon, vrai que ses flèches de marbre qui montent vers le ciel sont jolies au coup d'oeil, mais après le Taj Mahal, il nous en faut pas mal plus pour nous impressionner. Sauf qu'ici, c'est réellement l'intérieur du temple qui fascine. L'atmosphère mi-ombre et mi-lumière est d'un calme olympien des plus reposants, après la cohue des derniers jours. Surtout, on y retrouve... 1444 colonnes de marbre pour soutenir la construction et chacune a été travaillée de motifs floraux différents. Il a fallu 67 ans à 2000 artistes pour compléter l'ouvrage.
Le paysage est toujours aussi sublime et on ne se lasse pas de cette lumière qui en fait chatoyer les différentes teintes d'ocre. Dans les montagnes Arvalli, on aperçoit un singe ou deux qui grimpent aux arbres, mais pas de tigres. Des 60 000 tigres du temps des maharajas, il n'en reste plus que 3000 et il nous faudrait être très chanceux pour en apercevoir au beau milieu de l'après-midi.
Plus loin, nous faisons la pause afin d'admirer la façon dont ce petit bled a produit son irrigation: il a suffit d'un petit ruisseau, de sceaux de métal montés sur une chaîne, de deux boeufs pour faire tourner la roue et hop! les champs sont inondés lorsque c'est nécessaire.
Soudain, c'est l'arrêt: des travaux routiers pour élargir la voie nous immobilisent, le temps d'un dynamitage. Notre accompagnateur Simon décide qu'il est temps de chanter: "Un phoque en Alaska", "L'Hymne à l'amour", "Ma mère chantait toujours"... À nous entendre, notre nouveau Guide du Jour, qui affirmait un peu plus tôt avoir servi Madonna pendant toute une journée, ne doit pas donner cher de notre carrière de chanteurs!
Comme l'attente s'éternise, nous nous mêlons à la foule indienne qui s'est massée autour du chantier. Quatre tracteurs bossent à dégager la route d'une pile monstre de pierre concassée - mais c'est qu'on est encore ici pour un bon moment!
L'heure du lunch restera gravée dans nos mémoires comme étant celle où l'on a eu droit à des... frites! Il faut vous le dire, la nourriture indienne n'a pas juste malmené les estomacs fragiles, elle malmène aussi les papilles peu habituées aux mets "malassa" (épicés). En prime, plusieurs d'entre nous n'apprécions pas les plats en sauce et sommes sérieusement découragés devant ces marmites où flottent des aliments indescriptibles. Alors, les frites... comme dirait notre Française: "Putain que c'est bon!"
Nous vous retrouvons demain pour la visite d'Udaipur et une excusion en bateau sur le Lac Pichola!
P.S. Notre autobus a retrouvé ses amortisseurs, en cours de route. Le chauffeur a procédé à quelques ajustements bien profitables pour nos popotins... Si on y avait pensé avant, on aurait épargné quelques bleus!