Flux-tu?
L'intention de ce blogue n'est pas de vous entretenir de nos petits bobos, surtout pas de ceux très personnels qui se passent derrière la porte des toilettes. Mais sachez que le sujet est, malheureusement, encore à l'ordre du jour. Certains ont des crampes, d'autres absorbent carrément de l'Immodium de façon quotidienne. Quelques rares doivent encore courir au petit coin, sous peine de faire dans leurs pantalons. Je n'exagère même pas: c'est arrivé à quelques membres du groupe et si, sur le coup, la situation pouvait paraître dramatique, on en rigole beaucoup, maintenant.
Encore hier, Madame X (nous tairons son nom, si vous le voulez bien...) a dû se hâter jusqu'à sa chambre. Ne trouvant pas l'éclairage nécessaire pour la salle de bains, elle s'est installée sur le trône juste au moment où le "retiens-donc" a cédé. Le hic, c'est que faute de lumière, elle n'a pu voir que le couvercle de la toilette était abaissé... Ce qu'on a pu rigoler lorsqu'elle nous a raconté le grand ménage qu'elle a dû faire de toute la pièce! Voyez comme nous sommes tous devenus tellement intimes que même les gargouillis d'estomacs des uns n'ont plus de secret pour les autres...
Si, dans le Nord de l'Inde, nous avons vu des temples, des mausolées, des forteresses, des minarets, des mosquées et encore des temples, c'est tout à fait différent dans le Sud du pays. Ce matin, ce sont deux églises, les premières de tout notre périple, que nous avons visitées. Il y a d'abord eu la Santa Cruz, une cathédrale construite en 1887 et, surtout, la St-Francis. Cette dernière est non seulement l'une des plus anciennes églises européennes de toute l'Inde, elle est aussi celle où Vasco de Gama fut enterré (1524), avant que sa dépouille ne soit rapatriée au Portugal une quinzaine d'années plus tard.
Nous avons aussi déambulé dans le Mattancherry Palace, que les Portuguais ont fait construire au 16 siècle pour un Maharaja duquel ils souhaitaient obtenir, en échange, une concession. Sincèrement, le bâtiment ne paie pas de mine. Il est beaucoup moins flamboyant que les forteresses et palais que nous avons vus jusqu'à présent et il aurait besoin d'une bonne séance de rénovations. Mais les artifacts qu'il renferme valent la peine qu'on s'y attarde. Il y a notamment cette grande toile d'un souverain qui semble nous suivre du regard, quel que soit l'angle de visionnement... Une Joconde au masculin?!?
Le clou de la journée, on le doit non pas aux Indiens, mais plutôt... aux Chinois. En effet, le bord de mer accueille les carrelets, ces filets de pêche qu'ont créés les sino-voisins et qui, six siècles plus tard, sont toujours fonctionnels.
Pendant de longues minutes, nous admirons ces équipes de pêcheurs qui manient le système de poids, de cordages et de poulies qui permet de remonter et d'abaisser les immenses filets triangulaires. Le travail s'effectue sans un cri: chaque équipier sait exactement ce qu'il doit faire pour que les filets descendent à l'eau, au fur et à mesure que s'élèvent de grosses pierres (les poids) dans les airs. Après quelques instants, c'est l'inverse qui se produit: les hommes ramènent les pierres vers le sol et les filets émergent de la mer. Si la pêche est bonne, quelques beaux poissons frétillent alors dans les mailles.
Notre compagne de voyage Francine n'a pas hésité à plonger la main dans un des seaux d'eau afin d'empogner un... frog-fish (poisson-grenouille). Du coup, nous la nommons Vedette du Jour, ne serait-ce que pour souligner son grand courage!
Oh, un mot sur notre Guide du Jour, qui est venu défaire certaines de nos croyances indiennes. On nous a dit que les vaches étaient sacrées, ici? Lui nous affirme que dans sa région du Kerala (l'état le plus riche de l'Inde, soit dit en passant), les vaches sacrées sont... un malentendu. "Non pas que nous ne l'aimons pas, la vache, dit-il. Au contraire: nous l'aimons beaucoup... sautée dans la poêle avec des petits oignons!"
D'ailleurs, pour la première fois depuis le début de notre périple, nous avons retrouvé du boeuf dans nos assiettes. Aussi, le groupe a beaucoup apprécié le repas du midi, servi à la Ayurveda House - un hôtel charmant qui surplombe le bord de mer et où l'accueil de Nisha et de ses "boys" a été des plus sympatiques. La variété des mets nous a fait goûter du riz à la noix de coco, des fruits de mer et des poissons frais. L'auteur de ces lignes n'est toujours pas friande de la bouffe indienne (et de loin...), mais la majorité du groupe a trouvé que décidémment, le Sud savait mieux gâter son monde, côté nourriture...
Demain, nous prenons la direction d'Alleppey, où nous dormirons sur un houseboat. Il est fort possible que l'Internet ne soit pas au rendez-vous, alors je vous dis: à dans deux jours!