Au coeur des quot-indiens
La démesure, vous dites? Et comment: hautes de 50 mètres chacune, les quatre gopuras (une pour chaque point cardinal) sont entièrement couvertes de divinités, d'animaux mythologiques et de monstres, sculptés dans le stuc et peints de couleurs vives. Ces tours pyramidales constituent l'entrée à des sanctuaires construits entre les 7e et le 10e siècles et qui sont réunis autour du Bassin des Lotus d'Or. D'autres tours, plus petites, sont elles aussi couvertes de ces représentations aux mille et une couleurs. Le coup d'oeil, sur fond de ciel bleu, est des plus saisissants. Juste pour ça, ça valait le détour par Madurai.
L'immense complexe que nous visitons pendant plus d'une heure a été érigé en l'honneur de Shiva (Sundareshvara ou "beau dieu") et de sa femme Parvati (Minakshi ou "la déesse aux yeux de poisson"). À l'intérieur, nous faisons la plus belle des rencontres qui soit: celle de la vie quotidienne indienne. Les Hindous sont nombreux à venir prier, commémorer l'anniversaire de la mort d'un proche ou compléter un pélerinage. Les mendiants y abondent, aussi: nous les apercevons assis à la queue leu leu, attendant leur tour à la soupe populaire.
À un moment donné, une procession composée de deux chameaux, de vaches cornues et d'un éléphant nous passe sous le nez, dans un concert de flûtes et de tam-tam. Là, un prête souligne l'anniversaire de la mort de quelqu'un, pendant que la famille s'assied autour des offrandes qu'elle a apportées: bananes, fleurs, encens.
Plus loin, un éléphant hautement décoré se prête à une séance de bénédiction - en autant que l'on puisse appeler "bénédiction" le fait de se faire frotter le cuir chevelu par une trompe plutôt gluante... Notre compagnon Pierre en a été une victime consentante et laissez-moi vous dire que jamais, on n'aura vu un homme tant rigoler... d'avoir été "trompé"!
Partout et toujours, il y a ces sourires qui éclairent spontanément les regards et qui font si chaud au coeur. Et même que c'est le tourisme à l'envers: les pèlerins nous demandent d'être pris en photos! Vous vous doutez bien qu'on ne se fait pas prier...
En après-midi, nous plongeons à nouveau dans le quotidien des Indiens en arpentant la rue du marché et celle des épiciers, puis celle où l'on vend des guirlandes de fleurs et, plus loin encore, la cour intérieure des tailleurs. Il faut voir ces hommes penchés sur leur vieux moulin à coudre - tout comme, à l'extérieur, on peut voir les repasseurs à l'oeuvre, une simple charette leur servant de planche à repasser.
Dans un parc, nous assistons à une tradition tout ce qu'il y a de plus indienne: la recherche d'un mari ou d'une femme pour la progéniture qui n'est pas encore mariée. Comme s'ils étaient à l'agence de rencontres, les parents se présentent à des "médiateurs", auxquels ils soumettent la candidature de leur fils ou de leur fille - en prenant évidemment bien soin de mentionner leur caste. On dit qu'on aurait pu me trouver un mari indien, mais celui qui m'aurait convenu tenait mordicus à ce que sa future tendre moitié soit aussi fervente de Shiva que lui...
Plus que trois jours en Inde, ce qui me rappelle qu'on n'a pas fini de faire le tour de nos Vedettes du Jour. Aujourd'hui, vous avez droit à du trois pour un: nous nommons Marie-Paule, Andrée et Céline. La première parce qu'elle est une source intarissable d'information grâce à sa collection de livres touristiques sur l'Inde qu'elle trimbale avec elle. Les deux autres, parce qu'on a enfin réussi à les croquer toutes les deux sur le vif au Thirumalai Nayaka Palace, visité un peu plus tôt dans la journée. Namasté, Mesdames, c'est un plaisir que de vivre ce beau périple avec vous!
Demain, nous nous envolons très tôt pour Chennai/Madras. Bonne nuit - ou plutôt, pour vous de l'autre côté de la planète, bonne journée!