Un mauvais pneu (d'hiver), ça n'existe pas; mais il y a... des mauvaix choix
Question: Comment les pneus d’hiver ont-ils évolué ces dernières années ?
Raynald Côté, agent de recherche à CAA-Québec: C’est fascinant de voir comme ces trucs noirs réussissent à s’améliorer, d’année en année. Les fabricants développent toutes sortes de recettes secrètes pour les rendre plus performants. La dernière tendance : des pneus à fibres ou à microbulles absorbant l’eau.
Il faut savoir que l’eau est le principal ennemi du pneu. Rouler sur une surface enneigée à 0 °C est pire que de rouler sur de la glace à -30°. Car il se forme alors une pellicule d’eau qui isole le pneu de la chaussée. Les plus récentes avancées en pneumatiques permettent à cette eau d’être absorbée, puis expulsée lorsque la roue tourne, diminuant ainsi les risques d’aquaplanage.
Q: Quelles questions doit-on se poser avant d’acheter des pneus d’hiver ?
RC: En fait, c’est le marchand qui devrait vous poser des questions.
- Roulez-vous en ville ou à la campagne ?
- Recherchez-vous d’abord les performances sur l’asphalte ou la traction sur surface glissante ?
- Voulez-vous que vos pneus soient performants sur la neige ou sur la glace ?
- Pouvez-vous endurer le bruit produit par une semelle agressive ?
- Quel est votre style de conduite ?
- Combien de kilomètres parcourez-vous l’hiver ?
- Tirez-vous une remorque pour la motoneige ?
Avec vos réponses en tête, le marchand devrait vous proposer quelques marques et plusieurs choix. Ne soyez pas surpris : rien ne ressemble plus à un pneu… qu’un autre pneu. Sachez cependant que si un pneu coûte plus cher qu’un autre, c’est parce que, sauf en de rares exceptions, il le vaut – sur les plans de la qualité, de l’adhérence, de la longévité et de la sonorité.
Souvenez-vous : il n’y a pas de mauvais pneus, il n’y a que de mauvais choix. Il faut aussi savoir que choisir un type de pneu, c’est faire un compromis. On le voit d’ailleurs avec les pneus les plus spécialisés qui soient, ceux de la F1. Alors, imaginez maintenant avec les pneus d’hiver…
Q: Et la cote de vitesse?
RC: Les pneus d’hiver aux cotes de vitesse supérieures à V sont rares (voir tableau). Il faut savoir que plus cette cote est élevée, plus le pneu misera sur la performance, au détriment des qualités hivernales.
En théorie, on ne devrait jamais choisir une cote de vitesse inférieure à celle des pneus originaux. Mais en pratique, il n’y a pas de problème à passer, par exemple, de la cote H à la cote T pour des pneus d’hiver. De toute façon, certains pneus d’hiver ne sont offerts qu’en cote Q.
Q: Quelles marques de pneus sont réputées les meilleures ?
RC: Il n’est pas difficile de trouver de très bons pneus d’hiver, puisque toutes les grandes marques en proposent. Les fabricants scandinaves offrent des produits dignes d’intérêt qui, curieusement, ne sont pas toujours les plus chers.
Attention : le pictogramme des flocons de neige ne garantit pas que vous êtes en présence d’un pneu d’hiver. Certains pneus quatre saisons y ont droit, alors que certains pneus d’hiver ne l’affichent pas. Un bon marchand vous aidera à y voir clair.
Q: Qu’en est-il des pneus à crampons ?
RC: Les pneus à crampons sont permis au Québec du 15 octobre au 1er mai. Certes, on leur reproche d’être bruyants. Mais lorsqu’on roule en dehors de la ville, sur des routes peu achalandées et où peu d’abrasifs sont épandus, on ne devrait pas s’en passer. Notez que les pneus à crampons des marques européennes sont devenus si sophistiqués qu’ils sont beaucoup plus discrets et endommagent moins l’asphalte.
Q: Faut-il toujours quatre pneus identiques ?
RC: Oui, surtout si la voiture est équipée de freins ABS et autres systèmes de sécurité électroniques. Les capteurs de ces dispositifs sont très sensibles aux différences de circonférence des pneus. Si ceux-ci ne tournent pas à la même vitesse, les systèmes interviendront trop tôt – ou pas du tout –, alors qu’ils devraient le faire. Aussi, le rouage d’un véhicule quatre roues motrices ou à traction intégrale risque d’être endommagé si les quatre pneus ne sont pas identiques.
Q: Ça coûte combien, un bon pneu d’hiver ?
RC: L’hiver dernier, le modèle « Touring » d’un pneu 205/55R16, par exemple, se détaillait entre 123 $ et 175 $, alors qu’on demandait entre 111 $ et 247 $ pour le modèle «Performance». Parce qu’il y va de sa sécurité, il importe de bien choisir ses pneus. Quatre petites surfaces à peine plus larges qu’une main sont les seules à garder contact avec la route ; on ne devrait donc pas lésiner.
Q: Quel est le meilleur endroit pour acheter ses pneus ?
RC: Là où on offre une panoplie de marques, donc du choix. Il convient de privilégier le marchand qui procède lui-même à des essais de pneus et qui peut mieux conseiller, selon le type de véhicule. On doit aussi tenir compte du service après-vente et de la garantie.
Q: Une bonne pose de pneus d’hiver devrait…
RC: Une pose de pneus comprend généralement l’équilibrage – le « posé-balancé ». Malheureusement, trop de gens négligent un autre aspect : le parallélisme. Il n’en faut pourtant pas beaucoup pour dérégler le rapport des roues entre elles. Un accrochage avec un bord de trottoir, une mauvaise rencontre avec un nid-de-poule… CAA-Québec recommande d’y voir alors rapidement.
Sans quoi, non seulement la semelle du pneu s’usera inégalement, mais le conducteur aura l’impression d’être en « pieds de bas » sur la glace.
Q: Doit-on roder ses nouveaux pneus d’hiver ?
RC: Il faut roder n’importe quel pneu, d’hiver ou pas. La règle est celle du 80-80 : rouler sur 80 km sans dépasser les 80 km/h et ce, sans démarrage ou freinage brusque. Cette période permet au pneu de se « placer » sur la jante.
Q: Comment faire pour conserver ses pneus d’hiver en bon état le plus longtemps possible ?
RC: En les maintenant à la bonne pression. Il faut savoir que chaque baisse du mercure de 6 °C, par rapport à la température qu’il faisait quand le pneu a été gonflé, fait perdre une livre de pression. Vous avez fait poser vos pneus dans un atelier où le thermomètre indiquait 18° ? À 0°, vous aurez perdu trois livres. À -18°, vous serez en déficit de six livres.
Et qui dit pneu sous-gonflé dit usure prématurée, adhérence diminuée ainsi que hausse de la consommation de carburant – à raison de 2 % pour chaque tranche de quatre livres en moins.
CAA-Québec recommande donc de vérifier la pression de ses pneus tous les mois, voire plus souvent en hiver, lorsque le mercure monte et redescend souvent.
Cette vérification, il faut l’effectuer alors que les pneus n’ont pas roulé depuis quatre à six heures, mais pas s’il fait -10° ou plus froid : la valve risquerait de geler.
En hiver, ne craignez pas d’ajouter de deux à quatre livres de pression à la recommandation du constructeur, histoire de compenser pour les jours où il fait -20°. Attention cependant de ne pas dépasser la pression maximale inscrite sur le flanc du pneu – elle est généralement de 45 livres.
Q: Comment vérifier l’usure d’un pneu ?
RC: Les pneus ont des témoins d’usure entre les rainures qui sont d’excellents indicateurs. Le meilleur outil reste cependant le profondimètre, petit accessoire automobile qui mesure la profondeur de la semelle.
CAA-Québec conseille de ne pas entamer un hiver avec une semelle qui fait moins de 6/32 po de profondeur – un pneu d’hiver neuf dispose généralement d’une semelle de 13 ou 14/32 po. La marque légale est de 2/32 po (ou 1,6 mm). Plus la semelle s’amoindrit, plus le pneu risque l’aquaplanage, éprouve de la difficulté à se débarrasser de la gadoue et allonge les distances de freinage.
Q: Quand faire poser et enlever ses pneus d’hiver ?
RC: Ce qu’on redoute le plus, en début et en fin de saison hivernale, c’est la glace noire. Celle-ci survient à environ 0 °C. Quand commencent les nuits d’automne sous le point de congélation, il faut donc penser pneus d’hiver.
Et s’il vaut mieux les poser trop tôt que trop tard à l’automne, on ne doit cependant pas trop les «étirer» au printemps, réchauffement de l’asphalte oblige.
Une fois retirés, les pneus d’hiver devraient être entreposés dans un endroit sec et frais, à l’abri de la chaleur du soleil et des sources électriques. Si les pneus sont montés sur des jantes, pensez à retirer de chacun une vingtaine de livres de pression.
Placez-les placer en position couchée, les uns sur les autres, le plus à niveau possible. Attention: une pile de quatre pneus (pas plus) ne doit pas servir d’étagère.
Le saviez-vous?
Une étude menée en 2005 par Transport Québec a révélé que 38 % des accidents mortels ou graves survenus au cours de la saison froide avaient impliqué des véhicules sans pneus d’hiver. Ces derniers ne correspondent pourtant qu’à 20 % de la population automobile au Québec.
À la base, comment « lit-on » un pneu ?
(Exemple d’un pneu 205/55R16)
- Le « 205 » indique en millimètres la largeur hors tout du pneu.
- Le « 55 » désigne, en pourcentage, la hauteur du flanc par rapport à cette largeur.
- Le « R » pour radial, indique le type de construction du pneu.
- Le « 16 » annonce, en pouces, le diamètre de la roue.
- On trouve aussi sur le flanc l’indice de charge, c'est-à-dire le poids maximal que supporte le pneu – cet indice varie de 65 à 150 pour les véhicules. Par exemple, un indice de 90 convient à un poids de 615 kilos.
- Enfin, une lettre fait référence à la vitesse maximale, la « cote de vitesse ».
Cotes de vitesse maximales:
Q pour 160 km/h
R pour 170 km/h
S pour 180 km/h
T pour 190 km/h
H pour 210 km/h
V pour 240 km/h
W pour 270 km/h
Y pour 300 km/h
« La cote Z ? Elle réfère à une vitesse de plus de 240km/h, mais elle devient de plus en plus rare depuis qu’on l’a scindée par les cotes W et Y, plus spécifiques. Si la lettre Z apparaît, ce sera dans la dimension du pneu, avec le R. » - Raynald Côté.