Prix galopants du carburant: il y a solution… et solution
Bon, avant de vous précipiter chez les concessionnaires Smart – la petite voiture, symbole de la frugalité s’il en est un, connaît toujours un regain de popularité lorsque les prix de l’essence augmentent – demandez-vous si c’est une bonne affaire de vous départir de votre véhicule actuel.
C’est évidemment le cas s’il est vieux et sur le point de rendre l’âme. Car selon Environnement Canada, un véhicule d’année-modèle 1995 pollue 19 fois plus qu’un véhicule fabriqué à partir de 2004. Le mettre à la casse est généralement la meilleure chose qui puisse être faite.
Par contre, si votre véhicule est récent, il vous faudra peut-être prendre votre mal en patience avant de le troquer pour quelque chose de moins gourmand. Car bien plus qu’une augmentation du litre d’essence, c’est la dépréciation qui coûtera cher.
Coûteuse dépréciation
C’est bien connu, les véhicules perdent jusqu’à moitié de leur valeur en trois ans – voire en cinq ans pour certains modèles plus luxueux ou à la fiabilité légendaire. Mais bon, vous en avez ras le bol de votre utilitaire qui consomme en moyenne 14L/100km et souhaitez vous tourner (mais… le souhaitez-vous vraiment?) vers une compacte qui ‘boit’ moitié moins.
Certes, en roulant selon la moyenne nationale (16 000 kilomètres/an) et en considérant un litre à 1,40$, vous économiserez en carburant presque 1600$ par année. Le prix de l’essence fait un bond? Votre épargne sera encore plus grande. Vous roulez davantage? L’écart se creuse.
Faites maintenant le calcul sur cinq ans, en estimant que le prix de l’essence continuera de grimper et… ça impressionne, n’est-ce pas?
Mais jamais autant que la dépréciation que vous devrez essuyer sur la nouvelle voiture que vous achèterez – une dépréciation nettement plus élevée que pour le véhicule que vous roulez depuis quelques années déjà.
Selon Éric Brassard, planificateur financier et auteur du livre Finances au volant, le calcul est simple : le prix de l’essence n’est pas encore assez élevé pour compenser des milliers de dollars en dépréciation sur une nouvelle voiture. Par contre, le cas de figure risque d’être intéressant si l’on troque pour une voiture usagée, puisque celle-ci aura déjà subi le gros de sa dépréciation.
Quand on se compare…
L’idéal? Ça aurait d’abord été de choisir le véhicule moins gourmand (souvenez-vous en, à votre prochain magasinage automobile...) Rappelez-vous : après la dépréciation, mais loin devant les coûts de réparations et d’assurances, ce sont les coûts en carburant qui occupent la plus grande part de nos dépenses automobiles.
À ce sujet, lisez plus bas nos conseils de conduite économique et vous épargnerez substantiellement à la pompe, même au volant de votre véhicule actuel, aussi gourmand soit-il.
Avant de sentir le poids de toute la culpabilité du monde, côté véhicules énergivores, sachez ceci: la Belle Province est la championne nord-américaine des petites voitures. Même si les Québécois ne représentent que le quart de la population canadienne, ils achètent la moitié des compactes et presque les deux tiers des sous-compactes vendues au pays.
Autrement dit, on roule déjà petit. Voyez notre tableau des dix véhicules les plus vendus au Québec l’an dernier : les deux tiers sont des compactes et des sous-compactes. Au contraire, au Canada, la moitié des dix véhicules les plus achetés en 2010 sont… des camionnettes.
Pour faire mieux : pas toujours l’hybride
Évidemment, il y a moyen pour nous de faire mieux. Et il y a des outils pour ça, notamment la liste des véhicules les plus économiques en carburant. Cette liste, catégorie par catégorie, est publiée annuellement par Ressources naturelles du Canada (www.vehicules.rncan.gc.ca).
Pour 2011, on y remarque que la voiture deux places la plus frugale est la Honda hybride CR-Z; la sous-compacte la moins gourmande est la Ford Fiesta SFE (dotée de l’option ‘super économie de carburant’); et la compacte la plus économique est la Honda Civic Hybrid.
Notez que les hybrides tiennent là une place importante. Il faut toutefois savoir que ces véhicules à essence-électricité ne sont pas la solution à tous les maux. Leur consommation annoncée ne s’avère pas toujours, encore moins en hiver alors que leur système électrique met un temps avant de se réchauffer et d’être fonctionnel.
Aussi, leur coût d’acquisition est plus élevé que leurs contreparties dites ‘normales’ : la Honda Civic Hybrid demande jusqu’à 10 000$ de plus que la Civic de base (elle-même déjà pas mal frugale, soit dit en passant).
Soulignons enfin que si l’hybride est à son meilleur en ville, l’automobiliste qui parcoure de grandes distances sur l’autoroute a plutôt avantage à considérer des modèles diesel : la Jetta diesel consomme 26% moins sur autoroute que sa contrepartie à essence (moteur de 2,5 litres). Si vous connaissez des propriétaires de voitures diesel, vous savez à quel point ceux-ci sont fiers de dire qu’ils parcourent plus d’un millier de kilomètres avec un seul plein.
Le bon choix – selon les besoins
On l’a dit plus haut, et on ne s’en sort pas : le carburant représente une dépense continue. Semaine après semaine, mois après mois, année après année, il vous faudra lui donner à boire, à ce véhicule. Raison de plus, lorsque vient le temps de faire son choix automobile, pour sélectionner un modèle qui corresponde vraiment à ses besoins.
Plusieurs facteurs influencent la consommation d’un véhicule : son poids, sa cylindrée, sa transmission (traditionnellement, une boîte automatique consomme plus qu’une boîte manuelle, mais il y a des exceptions), son rouage d’entraînement (les ‘quatre roues motrices’ sont plus voraces que les ‘deux roues motrices’).
Et il y a les équipements. Un climatiseur qui ronfle à plein régime peut accroître la consommation de 20%. Les sièges électriques comptent parmi les options les plus lourdes (de 40 à 60 kilos) et cet ajout de poids peut faire augmenter la consommation de 2% à 3%. Ils sont chauffants, ces sièges? Ils demanderont du courant à l’alternateur, donc une contribution supplémentaire du moteur.
Qui consomme quoi
Les constructeurs ont investi beaucoup d’efforts à la dernière décennie dans la conception de moteurs plus frugaux. Injection directe, turbo, désactivation des cylindres… Au fil des générations, les véhicules se transforment et mieux vaut vérifier qui consomme quoi.
On peut le faire grâce au Guide de consommation de carburant, publié annuellement par Ressources naturelles Canada (www.vehicules.rncan.gc.ca). Une mise en garde, cependant : ces cotes de consommation, calculées sur dynamomètre en laboratoire, sont à prendre avec des pincettes. Sur la route, il n’est pas rare qu’un véhicule consomme 10% à 20% plus que ce qui est annoncé.
Aussi optimistes soient-elles, ces données permettent néanmoins des comparaisons efficaces.
Des économies sur la route
Se procurer un véhicule éco-énergétique, c’est bien. Faire des économies sur la route, c’est encore mieux. Permettez-nous de vous rappeler qu’un conducteur peut économiser annuellement des dizaines, voire des centaines de dollars à la pompe uniquement en suivant ces quelques conseils:
- Respecter les limites de vitesse. Rouler sur l’autoroute à 100km/h plutôt qu’à 120km/h permet d’économiser 20% en carburant.
- Éviter la conduite agressive. Les accélérations et freinages brusques peuvent se traduire par une augmentation de la consommation de 40%.
- À l’arrêt, éteindre le moteur. Le laisser inutilement tourner peut consommer jusqu’à quatre dixièmes de litre par période de dix minutes.
- Maintenir ses pneus à la pression optimale. Chaque pneu sous-gonflé de 56 kPa (8 lb/po2) gaspille 4% de carburant.
- Conserver son véhicule en bon état mécanique.
- Rouler moins. Quand c’est possible, privilégier le covoiturage, troquer son véhicule pour le vélo ou les transports en commun.
20% en trois décennies
L’économie d’essence est au cœur des dernières technologies automobiles. Et ça marche – dans une certaine mesure, dit Dennis DesRosiers, grand manitou de la statistique automobile au Canada.
En 1982, les véhicules de tourisme consommaient en moyenne 11,6L/100km, rapporte DesRosiers. En 2009, voitures et camions ont consommé en moyenne 9,25L/100km, soit une réduction de 20% sur presque trois décennies.
L’administration américaine veut imposer d’ici 2016 une norme moyenne de 6,63L/100km. Voilà qui représenterait une autre réduction de 28%... d’ici cinq ans.