Pluie, brouillard, soleil... Conduire en toute sécurité
Le temps est au beau fixe, la chaussée est sèche, la vie est belle… et on enfonce un peu trop le champignon. Deux fois sur trois, c’est dans pareilles circonstances que se produisent les collisions mortelles, dit Transport Canada.
De surcroît, l’été peut aussi être cet orage subit avec ses pluies diluviennes, ce brouillard soudain, ce soleil qui frappe brusquement le pare-brise.
Bref, les catastrophes se produisent aussi lors de la Belle Saison. Voici donc quelques trucs pour les éviter et rouler en toute sécurité.
Quand le brouillard sévit
La règle d’or de la conduite estivale, qui sera ici énoncée encore et encore, est de réduire sa vitesse.
Répétons donc ensemble : réduire sa vitesse.
Il est d’autant plus important de diminuer sa vélocité à l’approche d’un banc de brouillard que l’on ne sait pas ce qu’on y rencontrera : un véhicule à l’arrêt? Un chevreuil qui traverse la route?
La vitesse doit donc être en harmonie avec la visibilité, c’est-à-dire réduite.
Qui plus est, parce qu’un banc de brouillard comporte son lot d’humidité, le bitume risque d’y être mouillé et, par conséquent, glissant. Et qui dit glissant, dit freinage problématique. Mais parce qu’on a ralenti sa promptitude, le freinage pourra être évité.
Que ceux et celles qui croient que les clignotants d’urgence sont nécessaires dans un banc de brouillard se retiennent de les faire fonctionner. « Les clignotants d’urgence portent bien leur nom : ils sont pour les urgences, dit Philippe Saint-Pierre, porte-parole chez CAA-Québec. Ils ne devraient pas être un automatisme auquel on a recours dans un banc de brouillard. »
En effet, en visibilité réduite, un automobiliste qui aperçoit un véhicule aux clignotants en marche peut penser que celui-ci est en panne et, donc, immobilisé sur le bas-côté. Pourrait alors s’ensuivre une manœuvre de redressement bien inutile, voire dangereuse.
« Voilà pourquoi il faut utiliser les clignotants avec parcimonie, dit M. Saint-Pierre. Il est préférable d’allumer ses feux de croisement, qui font aussi s’illuminer les phares arrière. Avec ces feux rouges, les automobilistes ont autant de chances d’être vus qu’avec les clignotants. »
Certains véhicules sont équipés d’anti-brouillard : s’ils sont correctement ajustés, ces phares sont très utiles. En effet, lorsque leurs faisceaux sont dirigés à l’horizontale ou vers le bas, ils remplissent bien leur rôle, soit d’éclairer la route sous le crachin.
D’illumination très puissante, ils ne doivent cependant pas être dirigés vers le haut, sans quoi ils amplifient le problème, un peu comme lorsque l’automobiliste enclenche les « hautes ». Et l’on aura alors droit à un écran tout blanc, très opaque, au travers duquel il est impossible de discerner quoi que ce soit.
On peut vérifier à tête reposée si ses anti-brouillard sont bien positionnés. Voici comment : « À la nuit tombée, stationnez votre véhicule le plus à niveau possible vis-à-vis d’un mur et allumez tous vos phares. Si les anti-brouillard éclairent vers le haut ou, pire, s’ils croisent les phares de jour, vous saurez qu’il faut les faire ajuster. »
Oh, pendant qu’on y est : les phares anti-brouillard, leur nom le dit bien, sont faits pour le brouillard. Lorsque la nappe s’est dissipée, il faut les éteindre afin de ne pas aveugler les automobilistes qui roulent en sens contraire.
Plein soleil
Le ciel est bleu, vous roulez paisiblement, les haut-parleurs diffusent votre musique préférée, le soleil descend à l’horizon. Soudain, c’est l’aveuglement total : les rayons frappent votre pare-brise et c’est comme si la route n’existait plus.
Encore une fois, la règle d’or est d’abord de réduire sa vitesse.
Répétons ensemble : réduire sa vitesse.
La « golden hour », comme on la surnomme, est peut-être le moment le plus recherché par les photographes pour la beauté de sa lumière, mais elle réduit la visibilité des automobilistes qui roulent vers l’est le matin, et vers l’ouest en fin de journée.
« Lors d’un tel éblouissement, réduire sa vitesse est la meilleure manœuvre possible, dit Philippe Saint-Pierre. Droit devant, si tout se met à freiner brusquement, vous profiterez d’une plus grande zone-tampon. »
En plus de ralentir, l’automobiliste doit s’assurer d’être vu. S’il n’y voit guère, les autres éprouvent le même problème. C’est pourquoi mieux vaut allumer ses feux de croisement (avant et arrière), rendant tous et chacun plus visibles.
Ceux qui roulent depuis un bon moment déjà et qui, en théorie, doivent faire la pause à toutes les deux heures, ont avantage à profiter de ces quelques minutes de réverbération pour s’arrêter dans une halte routière, refaire le plein en carburant ou encore manger une bouchée.
Certes, les verres fumés et le pare-soleil limitent l’éblouissement, mais si la propreté autant intérieure qu’extérieure du pare-brise est négligée, le soleil frappera le tout comme sur un prisme et embrouillera davantage la situation.
Si vous ne vous rappelez plus à quel moment déjà vous avez passé un linge humide sur la surface intérieure de votre pare-brise, faites-le maintenant. N’attendez pas la prochaine « golden hour » pour découvrir qu’un vilain filtre de fumée de cigarette, de traces de doigts et autres dépôts étranges vient bigarrer votre champ de vision…
Sous la pluie : les dix commandements tu honoreras
Quelle est la règle d’or pour une conduite sécuritaire sous la pluie et dans l’orage? Vous vous en doutez, maintenant : réduire sa vitesse.
À nouveau donc, répétons ensemble : réduire sa vitesse.
Neuf autres commandements doivent également être respectés pour éviter les problèmes :
1) Désengager le régulateur de vitesse. Si les roues d’un véhicule patinent sur une flaque d’eau, le premier réflexe du conducteur – et le bon – est de lever le pied. Mais ce bon vieux « cruise control » détectera plutôt une perte de puissance et voudra compenser. Conséquence : une accélération subite fort indésirable.
2) Éviter l’aquaplanage. Ces belles ornières qui, sur l’autoroute, luisent sous la pluie, il faut les esquiver, quitte à rouler légèrement en décalage avec le milieu de sa voie.
3) En ville, le danger réside dans ces intersections où des écoulements de fluides automobiles transforment la chaussée en presque patinoire. Il faut demeurer vigilant en effectuant des arrêts plus longs et plus doux qu’à l’accoutumée.
4) Les phares automatiques de jour ne suffisent pas dans la pluie, puisque que sur certains véhicules, ils n’illuminent pas les phares arrière. Il convient donc d’allumer ses phares de croisement, question d’être vu d’avant comme d’arrière, même à travers une pluie diluvienne.
5) Garder des essuie-glace en santé. CAA-Québec recommande de les troquer pour des neufs après une année d’utilisation. Sinon, leur caoutchouc s’assèche et au lieu de dégager la vue, ils sautillent et provoquent de malencontreuses traînées, ajoutant un stress bien inutile à la conduite sous la pluie. « Une trentaine de dollars pour s’assurer de bien voir, ce n’est pas cher! » lance Philippe Saint-Pierre.
6) Se tenir loin des nids-de-poule. Lorsqu’ils sont saturés de pluie, il est bien difficile d’en connaître la profondeur. Si l’on ne peut les contourner, il faut à tout le moins relâcher les freins avant d’y mettre les roues.
7) Garder ses distances. Le truc des « trois secondes » avec la voiture qui précède est toujours de mise : mille et un, mille et deux, mille et trois. Les conditions sont très mauvaises? On continue de compter : mille et quatre, mille et cinq, mille et six. Voilà qui donne plus de temps, en cas d’urgence, pour réagir et effectuer sa manoeuvre.
8) Si la pluie embrouille trop la vision et qu’il faut s’arrêter, il faut choisir un endroit sécuritaire. Sur l’autoroute, on peut tenter de rejoindre la prochaine halte routière, sinon se garer le plus profondément possible dans le bas-côté.
9) Conserver ses pneus en bon état. Une bonne inspection permet de détecter fissures, corps étrangers ou usure inégale. La pression devrait en être vérifiée mensuellement, afin d’être maintenue aux recommandations du constructeur. Rappelez-vous : un pneu sous-gonflé s'abîme plus vite, accroît la consommation en carburant et n’évacue pas, comme il se doit, la pluie des rainures de sa semelle.
Vous êtes tentés de conserver tout l’été ces pneus d’hiver qui en étaient à leur dernière saison froide? Surtout, n’en faites rien. CAA-Québec a testé le freinage des pneus d’hiver (neufs, de surcroît!) en conditions estivales et les conséquences sont dramatiques : les distances de freinage sont jusqu’à un tiers plus longues qu’avec des pneus d’été.
« En été, les pneus d’hiver n’ont pas du tout la même adhérence et la même stabilité qu’un pneu conçu pour la Belle Saison, explique Philippe Saint-Pierre. Autrement dit, ils sont la différence entre ‘J’ai eu peur’ et… ‘J’ai cogné’. »
Répétons ensemble…
Ceci dit, ce n’est pas parce qu’il ne pleut pas ou qu’aucun brouillard ne sévit que la conduite en été est d’une sécurité absolue. « Il ne faut pas tenir pour acquis qu’il n’arrivera rien, conclut Philippe Saint-Pierre. Il faut demeurer vigilant en tout temps, pratiquer la vision périphérique, conserver ses distances. »
Et, bien sûr, répétons-le ensemble une dernière fois : réduire sa vitesse…