États-Unis: To buy or not to buy? Partie 4

Trucs et astuces
samedi, 22 septembre 2007
Vous avez longuement calculé, vous vous êtes bien informé, et vous vous êtes décidé : vous ferez l’acquisition de votre automobile aux États-Unis. Mais… avez-vous pensé à l’‘après’?

Un véhicule importé au Canada devient, pour ainsi dire, un orphelin dans son pays d’adoption. Une réparation s’impose? Il n’est pas dit que le bon service et les petites attentions du concessionnaire local seront au rendez-vous.

« D’après vous, est-ce que je serai intéressé à aider quelqu’un qui encourage les Américains? » lance Denis Leclerc, président d’Albi Mazda. « Bien sûr, je vais réparer le véhicule d’un client qui n’est pas le mien, dit Denis Bellemare, directeur régional chez Mercedes-Benz Canada. Mais si je n’ai plus de voiture de courtoisie, je ne lui prêterai pas la mienne… » Enfin, « si nous avons deux semaines d’attente au service, il est clair que je vais faire passer mes clients d’abord, » ajoute Michel Larin, du Centre Porsche Lauzon à Laval.

L’aspect juridique doit également être considéré. Advenant un litige, les gens devront faire appel aux règles internationales de droit privé, ce qui risque d’être complexe, dit Marc Migneault, avocat à l’Office pour la protection des consommateurs.

D’ailleurs, ce dernier s’interroge : « En cas de vice de fabrication, que se passera-t-il?  Quels tribunaux ont la compétence et quel droit sera applicable : celui du Québec ou des États-Unis? Est-ce que les règles américaines protègent autant le consommateur que les règles québécoises? »

« En clair, dit l’avocat, il faut être capable de décider : est-ce que je prends le risque, ou pas? »

Revente hypothéquée

Autre facteur dont il faut tenir compte : la valeur de revente. Acheté aux États-Unis, puis importé au Canada, un véhicule risque de voir sa valeur de revente diminuer de façon encore plus drastique que de coutume. Le problème n’en est pas un si son propriétaire entend l’user à la corde, mais s’il compte le revendre après quelques années, il pourrait voir ses économies de départ réduites à néant.

Les concessionnaires québécois interrogés par Les Affaires sont unanimes : ils ne veulent pas d’un véhicule non canadien. « Si un client me propose une voiture qui n’est pas ‘pur-sang’, je ne l’évalue même pas, » affirme Denis Leclerc, président d’Albi Mazda. « Un tel véhicule ne pourra être certifié, il ne sera donc pas admissible aux taux promotionnels sur nos véhicules d’occasion, » ajoute Norman Hébert, du Groupe Park Avenue.

Denis Bellemare, de Mercedes-Benz Canada, conclut : « Si l’on tient compte du coût des modifications nécessaires lors de l’importation, des versions américaines moins équipées que celles canadiennes, des mesures financières offertes au Canada et de la valeur de revente qui chute mortellement, je vous garantis que le client qui achète son véhicule au sud de nos frontières est perdant. »

Les prix baissent chez Porsche

La direction nord-américaine de Porsche ne confirme pas, mais son concessionnaire établi à Laval assure que le prix des véhicules Porsche a diminué pour 2008. Voilà une première réaction concrète de l’industrie automobile face à la vigueur du dollar canadien.

Depuis que le huard se maintient au-delà des 85 cents américains, les concessionnaires canadiens justifient les écarts de prix automobiles, avec les voisins du sud, en disant proposer une meilleure offre qu’eux. « Nous nous servons du prix américain pour proposer davantage d’équipements et des taux de financement plus agressifs, » dit Denis Bellemare, directeur régional pour Mercedes-Benz Canada.

M. Bellemare admet cependant que rien d’autre ne sera fait « tant qu’il n’y aura pas un repositionnement général chez les compétiteurs. »  Eh bien, un repositionnement est peut-être en cours, du moins chez Porsche.

La direction nord-américaine du constructeur allemand ne le confirme pas, mais Michel Larin, directeur général du Centre Porsche Lauzon à Laval, a affirmé au Journal Les Affaires que les prix des modèles 2008 viennent de diminuer d’en moyenne 11% par rapport à 2007.

Ainsi, la Porsche 911 Turbo 2008 demande 158 300$, soit 12 400$ de moins que la version 2007. « De surcroît, dit M. Larin, nous y ajoutons pour plus de 3000$ en équipement de série. »

Pour M. Larin, il s’agit de « la lumière au bout du tunnel » attendue depuis deux ans. Il faut savoir que les prix sont commandés par les constructeurs automobiles, non par les concessionnaires. En fait, dit George Iny de l’APA, la situation actuelle constitue une réelle menace pour ces derniers :

« Le public croit à tort que ce sont les concessionnaires qui refusent de diminuer leurs prix alors qu’en fait, leur marge de profit n’a pas augmenté malgré l’appréciation du dollar canadien. Au contraire, les concessionnaires ont les mains ligotées par leurs constructeurs – ils ne sont même pas autorisés à faire de l’importation eux-mêmes... »

Les belles promotions promises pour compenser les prix américains? « De la foutaise, dit M. Iny. En fait, les promotions ont été plus alléchantes cet été aux États-Unis! »

« C’est jusqu’à la valeur de la franchise de certains concessionnaires qui peut être affectée, déplore M. Iny. Mais les constructeurs n’ont pas intérêt à régulariser la situation. Après tout, 2007 sera sans doute une autre année record en vente d’automobiles au Canada. Pourquoi les constructeurs feraient-ils des cadeaux aux consommateurs, si ceux-ci achètent leurs produits de toute façon? »

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