Essai routier chez le concessionnaire: que dois-je surveiller?

Trucs et astuces
lundi, 9 mai 2016
Vous avez fouillé des sites spécialisés (comme le nôtre…) pour découvrir quels modèles vous conviennent, savoir ce qu’on en dit. Chez les concessionnaires, vous avez reluqué dans les cabines, soulevé des capots, discuté prix... Et l’essai routier, lui?

Trop timide pour solliciter un essai routier chez le concessionnaire? À moins que vous ne considériez cette étape comme une perte de temps? Tut-tut-tut : acheter un véhicule sans en faire l’essai, c’est comme se brosser les dents sans se passer la soie dentaire.

Et à la longue, c’est vous qui vous en mordrez les doigts.

Un essai routier chez le concessionnaire est non seulement indispensable, il doit être mené avec sérieux et attention. Car comme le dit l’adage: les premières impressions sont toujours les bonnes.

D’ailleurs, tous les journalistes automobiles vous le diront : les premiers instants passés derrière le volant d’un véhicule sont ceux qui marquent le plus.

Encore faut-il être à l’écoute…

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Dans la peau d’un chroniqueur

C’est pourquoi l’espace d’un essai, nous vous invitons à vous glisser dans la peau d’un… chroniqueur automobile.

Jouez le jeu jusqu’en vous munissant d’un carnet ou d’un enregistreur, où vous noterez vos premières réactions, bonnes ou mauvaises. (Comme vous n’écrirez pas en conduisant, vous voudrez peut-être convier quelqu’un pour jouer le rôle de secrétaire…)

Préparez-vous ensuite à tendre l’oreille. À ouvrir l’œil. À flairer ce qui se perçoit… et ce qui ne se discerne pas. Vous trouvez qu’on exagère? Que non:

«Une voiture, c’est comme une chaussure, dit Mike Quincy, responsable automobile pour la revue américaine Consumer Report. Si ça ne convient pas du premier coup, n’insistez pas et passez à un autre modèle.»

Pas convaincu? Alors, sachez ceci: les Canadiens conservent leur véhicule en moyenne huit ans. C’est dire que ce qui dérange au départ ne «s’arrangera» pas avec le temps.

Même que ça ira en empirant. Au point où la voiture qui vous fait aujourd’hui craquer deviendra un enfer roulant à mesure qu’elle prendra de l’âge, que d’autres défauts s’ajouteront et qu’en plus, elle vous fera dépenser pour son entretien et ses réparations.

Huit ans de malheur, ça peut être long – même derrière un volant.

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D’abord, s’installer

Voilà, un représentant des ventes vous remet les clés de la voiture… et se dit prêt à vous accompagner dans votre essai. Vous ne pourrez sans doute pas éviter sa présence, mais entendez-vous poliment avec lui pour qu’il demeure discret. Une énumération des mérites de la voiture ou des modalités de financement n’est pas ce que vous voulez essuyer pendant que vous conduisez.

Vous êtes prêt à démarrer? Pas si vite. D’abord, installez-vous bien, les deux mains sur le volant, le baquet redressé et les pieds en contact avec ce qu’ils doivent manœuvrer: les pédales.

Jouez avec les ajustements du siège, placez les rétroviseurs. Notez si le volant est télescopique et s’il s’étire suffisamment pour vos bras. Voyez si le levier de transmission tombe sous la main ou si vous devez vous étirer pour passer les rapports.

Soyez attentif à vos gestes machinaux. Si vous malmenez continuellement les manettes pour redresser votre dossier, régler le support lombaire ou incliner l’appui-tête, sans toutefois dégoter une position qui vous sied, ça voudra dire qu’il vous faudra regarder ailleurs.

Jetez un oeil à l’extérieur: la vision est-elle bonne ou d’affreux angles morts latéraux se dessinent? Voyez-vous la plongée du capot – de fait, discernez-vous les quatre coins du véhicule?

Si vous estimez qu’il vous faudra vous «stationner au son», parce que la vision arrière est handicapée par un coffre proéminent ou une trop mince glace de hayon, demandez au représentant si la caméra ou l’assistance au recul est offerte, à tout le moins en option. Vous la voudrez.

Après quelques instants ainsi passés à vous installer, vous devriez déjà savoir si vous êtes confortable dans l’habitacle ou si, au contraire, vous vous y sentez à l’étroit. Votre genou droit se heurte-t-il à la console? Votre coude droit repose-t-il sur l’appui-bras – s’il parvient à s’y poser?

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Puis, apprivoiser

Maintenant, tournez la clé ou, comme le veut la tendance, appuyez sur la commande de démarrage. Prêt à décoller? Encore une fois, pas tout de suite: prenez un autre moment, cette fois pour bien examiner – et apprivoiser – ce qui vous entoure.

Jetez un œil aux rangements: sont-ils généreux et en nombre suffisant? Votre essentiel cellulaire trouve-t-il à s’y caser en toute sécurité? Lors d’un freinage brusque, vous ne voulez pas le retrouver en train de valser sous vos pieds…

Passez votre main sur les revêtements; les matériaux sont-ils souples et agréables ou vous irritent-ils par leur dureté et leur sécheresse? Notez les interstices entre les panneaux: plus ils sont larges ou inégaux et plus vous risquez d’être un jour incommodé par des bruits d’assemblage.

Mettez en marche les sièges chauffants et voyez si leur action est rapide et constante. Les autres commandes se manient-elles de façon intuitive ou vous vous emmêlez toujours entre le volume de la radio et la soufflerie du climatiseur?

Voyez si contrôler le système audio ou de navigation se fait aisément. Si, pour connecter votre cellulaire au dispositif Bluetooth, vous devez consulter le manuel du propriétaire, dites-vous que les autres technologies à bord risquent de vous en faire voir de toutes les couleurs.

La consommation de carburant? Certes, un court essai routier ne vous en donnera pas un aperçu détaillé, mais quand même: remettez les compteurs à zéro et, une fois l’exercice terminé, notez la moyenne enregistrée à l’ordinateur. Vous aurez là un premier indicateur de frugalité – ou de gourmandise.

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Rouler, virer, freiner… tester

Un bon essai routier doit s’effectuer tant à basse vitesse en milieu urbain, qu’à vitesse de croisière sur l’autoroute. Il s’agit de tester les organes mécaniques du véhicule et son comportement routier dans tout autant de situations.

Vous voilà prêt à décoller (enfin! se dit votre représentant) et vous vous engagez hors du stationnement. Déjà, vous pouvez noter si la boîte manuelle se passe instinctivement, agréablement.

S’il s’agit d’une boîte automatique, voyez si elle répond rapidement et sans heurt ou si elle se montre paresseuse. Testez son mode manuel au levier (s’il existe), vérifiez si des palettes montent au volant (un gizmo que certains trouvent inutile, mais que d’autres prennent plaisir à manier du bout des doigts).

Un conducteur n’aura jamais de contact plus direct avec une voiture que par sa direction, alors faites pivoter le volant vers la gauche, puis vers la droite: les sensations de la route sont-elles bien transmises ou vous pilotez dans le flou? Le rayon de braquage vous semble-t-il court et maniable – ou disproportionné, ce qui sera problématique en manœuvres de stationnement?

Insérez-vous dans la circulation autoroutière et voyez si la puissance du moteur est suffisante. Les accélérations sont-elles linéaires ou vous ressentez de l’effet de couple dans le volant?

Ralentissez à 90km/h, puis ré-accélérez dans un dépassement: les reprises sont-elles dynamiques ou laborieuses? Le son du moteur vous plaît ou vous avez l’impression de pousser dans ses derniers retranchements une boîte à beurre asthmatique?

Dans l’ensemble, la voiture vous semble-t-elle bien campée sur ses quatre roues ou vous avez l’impression qu’un coup de vent la fera dévier? Appréciez la suspension: est-elle confortable ou trop molle? Trop ferme?

Si vous vous trouvez dans un véhicule qui permet l’ajustement des amortisseurs, faites l’essai des modes «confo» et «sport» et voyez si la différence est notable. Si vous ne remarquez rien, bravo: vous venez d’épargner une coûteuse option…

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Soyez à l’écoute

Analysez l’insonorisation: pouvez-vous mener une conversation normale dans l’habitacle ou vous devez élever la voix de façon démesurée?

Après quelques kilomètres, empruntez une sortie qui vous mène en ville. Sentez-vous le véhicule disposé à se faufiler dans la circulation ou ses dimensions sont trop larges pour vous mettre à l’aise?

Si un stationnement se libère en parallèle de la voie, tentez de vous y engager et voyez si vous pouvez effectuer la manœuvre facilement. (Et relisez notre laïus plus haut concernant la caméra de recul…)

Testez le freinage lorsqu’un feu de circulation vire au rouge; est-ce que la réaction est immédiate ou se fait attendre? La pédale est de bonne réactivité ou manque de mordant?

Remarquez si les systèmes de sécurité travaillent discrètement pour vous venir en aide ou s’ils vous nuisent plus qu’autre chose.

Si possible, faites un détour par une route sinueuse (et moins achalandée), afin d’emprunter un virage serré à bonne vitesse. Est-ce que la voiture maintient le cap ou vous la sentez peu rassurée et, donc, peu rassurante?

Roulez sur des cahots afin de voir si la suspension les absorbe bien. Tendez l’oreille: est-ce que les amortisseurs se font discrets ou résonnent-ils dans toute la caisse?

Dénichez un coin tranquille pour vous immobiliser en bordure de la route, les deux roues de droite dans l’accotement de gravier. Puis, tentez un démarrage brusque et voyez si les systèmes de traction s’engagent rapidement.

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Prenez congé!

Après une bonne grosse demi-heure d’essai, vous voilà de retour au concessionnaire. Vous estimez avoir fait le tour de la voiture en journaliste consciencieux? Parfait: il est maintenant temps d’aller… essayer une autre voiture.

Et une autre. Et encore une autre.

On ne s’en sort pas: rien n’est plus efficace que de comparer des véhicules le même jour et, de préférence, sur les mêmes parcours.

Tous les journalistes automobiles vous le diront: les impressions les plus poussées et les plus justes, ils les obtiennent lors des matchs comparatifs, pendant lesquels ils passent d’un volant à un autre, dans les mêmes conditions routières et alors qu’ils se trouvent (ou, du moins, devraient l’être) dans le même état d’esprit.

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Prenez donc une pleine journée de congé de votre travail pour bien remplir votre devoir. Après tout, on achète encore moins souvent de véhicule qu’on visite le dentiste, non? Et inévitablement, lancer les uns contre les autres des modèles concurrents vous fera découvrir que:

  • «Tiens, cette voiture-ci est plus bruyante que la précédente, mais elle tient mieux la route.»
  • «Tiens, celle-là paraît plus spacieuse, mais les sièges sont moins confortables qu’à la première.»
  • Ou encore: «La vision dans celle-ci est bien meilleure, mais les commandes dans celles-là sont nettement plus intuitives.»

Bref, essayer une voiture, c’est bien beau. Mais en essayer plusieurs, de surcroît le même jour, c’est encore mieux.

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