Au volant, sachez bien vous tenir !
Règle numéro 1 : le triple A
Après l’alcool (35%) et la vitesse (34%), c’est l’inattention (23%) qui est le plus grand tueur sur les routes du Québec. Êtes-vous distrait par votre téléphone cellulaire? Par l’augmentation salariale que vous ne savez trop comment demander à votre patron ? «Êtes-vous en train de rêver aux Bahamas?» demande Pierre Savoy.
Dans un cas comme dans l’autre, si une urgence se présente, vous ne serez pas en mesure d’y faire face avec toute la rapidité voulue. La différence entre une collision évitée ou non réside dans les fractions de seconde que vous mettrez à vous recentrer sur votre conduite.
En fait, selon Pierre Savoy, qui cite une importante étude européenne, si les conducteurs bénéficiaient d’une seconde de plus pour réagir, 80% des collisions seraient évitées! Notre instructeur de conduite insiste donc sur la règle numéro un: «Gardez en tête le triple A: attention, aptitude et attitude.»
A comme dans Attention
La meilleure façon de prévenir une collision, c’est d’être attentif à la route. «Utilisez votre vision périphérique pour balayer du regard ce qui vous entoure,» dit Pierre Savoy. Ainsi, vous pourrez davantage anticiper les événements et aurez plus de temps pour réagir. «Malheureusement, déplore notre expert, les trois quarts des conducteurs ne regardent pas plus loin qu’à 30 mètres de leur capot, alors qu’il leur faut voir à plus de 500 mètres.»
Sur l’autoroute, le bon vieux truc qui consiste à laisser de deux à trois secondes de distance entre les véhicules est toujours de mise. La voiture qui vous précède croise un point de repère? Comptez «mille-mille un, mille-mille deux, mille-mille trois»; si vous dépassez le même point de repère avant que vous n’ayez compté «mille-mille deux», c’est que vous suivez de trop près.
En cas de perte de contrôle, sachez que vos yeux sont le miroir de votre trajectoire. «Regardez là où vous voulez aller, pas ce que vous souhaitez éviter,» somme Pierre Savoy. Facile à dire, mais plus difficile à réaliser…
En effet, la peur d’entrer en collision avec un arbre, par exemple, nous fait instinctivement fixer ce dernier. Pourtant, parce que notre regard commande nos mains, ces dernières dirigeront immanquablement la voiture contre l’obstacle.
Voilà qui explique ces collisions incompréhensibles avec le seul arbre qui se trouve à des kilomètres à la ronde.
A comme dans Aptitude
Outre l’attention, de bonnes aptitudes au volant peuvent vous sauver la vie. Ainsi, sachez freiner sans hésiter. Certains mythes ont la vie dure et s’il en est un, c’est bien le pompage des freins, que vous devez pourtant éviter à tout prix. Vous filez à 100 km/h et vous devez soudainement arrêter la voiture? «Pomper la pédale des freins ne fait que retarder la manœuvre et créer un déséquilibre de la masse du véhicule,» explique Pierre Savoy.
En d’autres termes, à chaque relâchement des freins, vous ne ralentissez plus, vous reprenez un peu de vitesse…
De plus en plus de véhicules sont munis des systèmes ABS. La bonne l’aptitude consiste à savoir les utiliser, en vous entraînant par exemple à freiner brusquement dans les stationnements de centres commerciaux ou des quartiers industriels (lorsqu’ils sont déserts, bien sûr!). Vous pourrez ainsi vous familiarisez avec la vibration et les grincements qui affectent la pédale de freinage lorsque le dispositif de sécurité entre en action.
Sachez que l’ABS est un atout d’importance, puisqu’il élimine le blocage des roues et permet un meilleur contrôle de la voiture lors de freinages intenses.
A comme dans Attitude
À bord, adoptez la bonne attitude. Ne jouez pas les « cools » en posant votre avant-bras sur la vitre baissée de la portière, en tenant le volant d’une seule main désinvolte et en inclinant votre siège presque à l’horizontale. Car en cas de collision, vous perdrez un temps précieux à agripper plus fermement le volant, à reprendre une position dynamique et à tâtonner du pied à la recherche de la pédale de freinage.
Optez plutôt pour la position «réfléchie», qui commence par:
- Les deux mains sur le volant: On ne le dira jamais assez : les deux mains sur le volant. Pierre Savoy suggère de les poser à «9h et 3h» plutôt qu’à «10h et 2h», pour davantage de latitude dans le mouvement rotatif. Vous bénéficiez ainsi d’une marge de manœuvre de 180 degrés plutôt que de 120 degrés.
- Un siège bien ajusté: Veillez d’abord à être assis suffisamment haut pour bien voir où vous allez. Pierre Savoy suggère de laisser à peine 10 cm entre le sommet de votre tête et le plafond du véhicule. Le siège doit également être placé de façon à ce que le genou du conducteur demeure fléchi lorsque le pied est apposé sur le frein. S’il vous faut arrêter brusquement la voiture, vous ne serez pas au bout de vos ressources.
- Le volant, pas une béquille: De même, le siège ne doit pas être incliné vers l’arrière. L’idéal, une fois l’omoplate bien appuyée sur le siège, est de pouvoir toucher du poignet le haut du volant. De cette façon, vous n’aurez pas à vous étirer afin de manier le volant, qui doit demeurer un instrument de contrôle et non une béquille.
- Le coussin gonflable, pas trop près: Il vous faut enfin positionner le siège et le volant (s’il est ajustable) de façon à conserver au moins 25 centimètres (10 pouces) entre votre visage et le centre du volant. Ce dernier renferme un coussin gonflable qui, s’il se déploie, le fera à plus de 300 kilomètres à l’heure… Et croyez-en Pierre Savoy, vous ne voulez pas le voir de trop près!
- La ceinture de sécurité, portez-la, et portez-la bien: Portez toujours votre ceinture de sécurité. Celle-ci réduit de trois à six fois les risques de mourir dans une collision routière. En la bouclant, prenez soin de glisser la courroie sous-abdominale sur les hanches plutôt que sur le ventre. «En cas d’impact, rapporte Pierre Savoy, une ceinture placée sur votre estomac peut entraîner de sérieuses blessures internes.»
- Avec les miroirs, faites la guerre aux angles morts: Pour faire la guerre aux angles morts, il faut positionner vos miroirs de façon à ce qu’un objet qui se trouve à l’extrême gauche du rétroviseur se retrouve à l’extrême droite du miroir latéral gauche. De même, un objet visible à l’extrême droite du rétroviseur doit se retrouver à l’extrême gauche du miroir latéral droit.
- De cette façon, vous ne dupliquez pas les éléments qui vous entourent et obtenez une vision périphérique comportant quatre petits angles morts, plutôt que deux gros dans lesquels peut se dissimuler… vous l’avez deviné, un autre véhicule.