Achat d'une auto: L'indispensable essai routier
Le printemps est à nos portes, la sève automobile coule dans nos veines et… c’est fou ce qu’on a envie de changer de voiture. Si la tentation l’emporte, de grâce, ne passez pas outre l’une des plus importantes – sinon la plus importante étape de votre processus d’acquisition : l’essai routier.
Attention, cependant : pas n’importe comment, l’essai routier. Prenez votre rôle très au sérieux. Et même, l’espace de quelques minutes, glissez-vous dans la peau d’un chroniqueur automobile et, carnet de notes à la main, jetez-y toutes vos impressions, bonnes ou mauvaises.
Car comme le dit l’adage : les premières impressions sont toujours les bonnes. Et parole de journaliste automobile qui fait ça depuis plus de dix ans, les premiers instants passés derrière le volant sont ceux qui marquent le plus.
Encore faut-il être à l’écoute…
Mettez vos sens à l’épreuve
Vous êtes sur le point d’acheter un nouveau véhicule? L’essai routier chez le concessionnaire est une étape primordiale du processus où l’on en profite pour tendre l’oreille, ouvrir l’œil et flairer.
Une fois assis dans l’habitacle de la voiture qui vous fait envie, vous sentez-vous à l’aise ou à l’étroit? Ce volant télescopique s’étire-t-il suffisamment pour vos longs bras? Les pédales sont-elles accessibles pour vos courtes jambes?
Et encore : les commandes se manient-elles de façon instinctive ou, même après quinze minutes à bord, emmêlez-vous toujours ce levier du régulateur de vitesse avec celui des clignotants? Contrôler la radio ou apprivoiser le système de navigation exige-t-il que vous consultiez le manuel du propriétaire afin d’en saisir toutes les subtilités? La vision tout autour est-elle bonne ou d’affreux angles morts latéraux se dessinent?
Pouvez-vous bien voir où se trouvent les quatre coins du véhicule ou il vous faut vous stationner « au son »?
Voilà toutes des perceptions qui, malheureusement, ne « s’arrangeront » pas au fil du temps. « Car une voiture, c’est comme une chaussure, dit Mike Quincy, responsable du contenu automobile pour la revue américaine Consumer Report. Il ne faut prendre la parole de personne, il faut plutôt en faire l’essai soi-même. Et si ça ne convient pas, on n’insiste pas : on passe à un autre modèle. »
Et, ajouterions-nous : comme pour une chaussure, si ça ne va pas dès les premiers tours de roue, sachez que ça n’ira pas mieux « à force de marcher avec »...
Ne soyez pas gêné
Ne soyez pas gêné de réquisitionner un essai routier qui se respecte. Si votre futur concessionnaire refuse, changez de concessionnaire.
Une fois dans la voiture, prenez d’abord le temps de bien vous installer derrière le volant. Si, pendant l’essai, vous continuez à malmener l’ajustement du siège sans pour autant trouver une position de conduite confortable, ça voudra dire qu’il vous faut regarder ailleurs.
Examinez bien votre environnement. Est-ce que le levier de transmission tombe sous la main? Est-ce que les rangements sont généreux et votre cellulaire trouve-t-il à s’y caser? Touchez les plastiques de revêtement : sont-ils agréables au bout des doigts ou vous irritent-ils par leur dureté? La finition vous semble-t-elle de qualité ou l’assemblage montre des interstices inégaux?
En ville et sur l’autoroute
Un bon essai routier demande à ce que l’on roule tant en milieu urbain que sur une portion d’autoroute. Voilà autant de situations qui vous permettront de tester les organes mécaniques et le comportement routier.
Ainsi, est-ce que la puissance vous paraît suffisante ou les dépassements de 80 à 100km/h s’effectuent laborieusement? Les accélérations rapides vous semblent-elles linéaires ou vous ressentez de l’effet de couple dans le volant?
La boîte de transmission se passe-t-elle sans heurt ou se montre-t-elle paresseuse? La direction transmet-elle bien les sensations de la route ou vous avez l’impression de piloter dans le flou? En stationnement, est-ce que le rayon de braquage est court ou disproportionné?
Empruntez un virage serré à bonne vitesse et voyez si la voiture maintient le cap. En freinage, est-ce que la réaction est immédiate et la pédale, de bonne réactivité? Les systèmes de sécurité travaillent-ils discrètement ou viennent-ils briser votre élan?
N’hésitez pas à rouler sur des cahots et notez si la suspension est trop ferme ou trop molle à votre goût.
Profitez-en pour analyser l’insonorisation de l’habitacle : pouvez-vous mener une conversation normale avec la personne qui se trouve à vos côtés ou devez-vous élever la voix de façon démesurée?
Le véhicule dont vous faites l’essai propose l’ordinateur de bord? Voilà qui est une bonne affaire: remettez les compteurs à zéro et, une fois l’expérience de conduite terminée, notez quelle moyenne de consommation en carburant y est enregistrée. Voilà qui vous donnera un bon indicateur de la frugalité – ou de la gourmandise dudit véhicule.
Le même jour
Surtout, surtout… Et encore une fois, parole de journaliste automobile : mieux vaut tester les deux ou trois véhicules qui vous interpellent au cours d’une seule et même journée. Et ce, de préférence sur le même parcours.
Pour nous, chroniqueurs automobiles, nos impressions les plus poussées, nous les obtenons lors de matchs comparatifs mettant en vedette plusieurs véhicules de même catégorie, que nous essayons simultanément. Non seulement les conditions routières se ressemblent d’un essai à l’autre, mais notre propre état d’esprit devrait – aussi – se ressembler d’un volant à l’autre.
Et nous découvrons alors que : « Tiens, cette voiture-ci est plus bruyante, mais celle-là paraît plus spacieuse. » Ou encore : « La vision dans celle-ci est bien meilleure, mais les commandes dans celles-là sont nettement plus intuitives. »
Bref, essayer une voiture, c’est bien beau, mais en essayer plusieurs, c’est encore mieux.
Et c’est fou comme la comparaison peut livrer des impressions insoupçonnées, toutes plus importantes que les autres si l’on tient compte du fait que les Québécois roulent le même véhicule… pendant en moyenne huit ans!
L’ABC du parfait test routier
L’ABC du parfait test routier n’existe pas; chaque chroniqueur y va comme bon lui semble, selon ses priorités. Ainsi, si certains mettent l’emphase sur la performance, d’autres misent d’abord et avant tout sur le rapport qualité-prix.
L’Association des journalistes d’automobiles du Canada (AJAC), qui regroupe près de 200 membres, a néanmoins élaboré une grille d’évaluation qui est utilisée lors du « Festival du Ttest ». L’événement annuel vise à déterminer la Meilleure nouvelle voiture et le Meilleur nouveau camion de l’année.
Cette grille d’évaluation comporte une vingtaine de critères, qui vont du style à la performance, en passant par la qualité et la sécurité, l’ergonomie et l’espace cargo, le confort et le comportement routier, la visibilité et la « responsabilité environnementale ».
Les essayeurs doivent juger chaque item par une note de 0 à 10 – la note 10 n’étant utilisée que « dans des circonstances exceptionnelles ».
Le facteur « prix » vient balancer les résultats, de façon à permettre aux véhicules « monsieur et madame Tout-le-Monde » de se mesurer équitablement aux voitures les plus exotiques.
Voilà ce qui n’a pas empêché l’Audi R8 de remporter le titre de Meilleure nouvelle voiture 2008 (le Chevrolet Silverado a été désigné le Meilleur nouveau camion 2008). C’est cette même R8 qui a tant fait saliver nos chroniqueurs automobiles ici interviewés…
(Très) grands ou (trop) petits conducteurs, quelle voiture choisir?
À l’automne dernier, Consumer Report a établi des listes de véhicules dans lesquels les conducteurs de grande et de petite taille se sentaient le plus à l’aise.
Surprise : seul un petit nombre de véhicules satisfont autant les grands que les petits chauffeurs.
Et Consumer Report a nommé : la Honda Accord et le Subaru Forester, de même que la Mercedes S550 et la presque limousine Lexus LS460L. Mais à plus de 100 000$, ces deux dernières ne sont évidemment pas à la portée de toutes les bourses…
Tant pour les grands que pour les petits conducteurs à la bourse moyenne, l’Accord et le Forester offraient, dit Consumer Report, une bonne vision et un bon confort, merci entre autres à leurs sièges qui s’ajustent plus que décemment. « Nous avons aussi noté que les petits conducteurs ne se sentent pas enfermés dans l’habitacle, ce qui est un élément important pour eux, » rapporte Mike Quincy, responsable du contenu automobile pour la publication américaine.
Mais encore : « Parce qu’ils recueillent les louanges tant des grands que des petits conducteurs, ces véhicules prouvent qu’ils ont été bien pensés et que leur habitacle est suffisamment polyvalent pour répondre à tous les types de gabarit. C’est aussi dire que certains constructeurs ont compris l’importance de la visibilité et des multiples ajustements des sièges. »
Bref, de quoi rendre heureux tous les membres de la famille, qu’ils soient grands ou petits.