C’était mon premier, peut-être mon second “Détroit”. Le plus grand salon automobile nord-américain battait son plein au Cobo Center en ce janvier 2001 et la néophyte de l’événement que j’étais en avait plein, mais plein les yeux.
Ce qui, par dessus tout, avait retenu mon attention?
Le Volkswagen Microbus Concept, un prototype à la fois ultra rétro et moderne.
Pour ceux qui se souviennent, le début du millénaire voyait le rétro automobile au sommet de sa popularité, avec les Volkwagen New Beetle, Chrysler PT Cruiser (2000-2010), Ford Thunderbird (2002-2005), Plymouth Prowler (1997, 1999-2002)…
Le Volkswagen Microbus entrait dans cette lignée.
Made in California
Aujourd’hui, si je vous parle d’un prototype conçu en Californie, vous ne sourcillerez même pas.
Mais à l’époque, le fait que le Volkswagen Microbus Concept ait été dessiné sur la Côte Ouest était rare; ce n’était pas tous les grands constructeurs automobiles de ce monde qui avaient alors un pied à terre “design” dans l’État des Surfeurs.
Je me rappelle avoir eu la chance de rencontrer deux des très jeunes designers à qui l’on devait l’étude de style.
Ils s’étaient fait un plaisir de me décrire dans le menu détail leur chef d’oeuvre, spécialement créé pour l’Amérique du Nord. Ils m’avaient pointé du doigt ici le museau en “bonnet”, là les phares rectilignes (non, pas ronds, les phares…) au xénon. À l’époque où le xénon ne s’était pas encore démocratisé, ça faisait son effet…
Dedans, c’était un véritable plongeon vers le futur. D’abord, le plancher d’uréthane mi-transparent laissait entrevoir les dessins géométriques d’une sous-couche d’aluminium. Le tableau de bord était asymétrique et en guise de levier de vitesse, on avait droit à une commande de style “manche à balai”.
Surtout, six, peut-être même sept écrans étaient répartis à travers la cabine – déjà, on envisageait la connectivité et la télédiffusion.
L’un de ces écrans avait d’ailleurs une autre mission: retransmettre les environs arrière afin d’éviter que le conducteur, en reculant, n’emboutisse quelque chose – ou quelqu’un.
Était-ce parce que j’étais “green” ou parce que, réellement, les caméras de recul étaient encore rarissimes? Toujours est-il que je me souviens avoir été fort impressionnée.
Le Peace and Love moderne
Le Volkswagen Microbus Concept avait tout pour susciter l’intérêt, et pas que le mien.
D’abord, il rendait hommage à une grande tradition automobile qui a débuté au début des années 1950 et qui allait porter plusieurs noms: le Microbus, le VW Bus, le Kombi, le Transporter, le Samba, voire même le Westfalia.
Les hippies se souviendront certainement que… ok, on ne veut pas savoir.
Si en 2001, le Volkswagen Microbus Concept réinterprétait une icône automobile vieille d’un demi-siècle, reste qu’il était résolument tourné vers l’avenir.
Au point où Volkswagen en avait non seulement annoncé la production (pour 2005), mais avait même révélé (en juin 2002) à quelle usine il allait être assemblé: à ses installations de véhicules commerciaux de Hanovre, en Allemagne.
Avouez, ça aurait fait une “minivan” d’enfer, avec ces roues de 20 pouces, ces portières coulissantes à ouverture électrique et ces trois rangées de sièges dont ceux du centre pivotant de 180 degrés, pour faire “comme dans votre salon”.
Mais… bon, le Volkswagen Microbus n’a jamais vu le jour. Le constructeur allemand a plutôt choisi d’offrir, quelques années plus tard, la Volkswagen Routan (2009-2012)… soit une fourgonnette assemblée par Chrysler à Windsor, en Ontario, et copie presque conforme de la Dodge Grand Caravan.
Dommage; la version moderne de la fourgonnette Peace and Love était vraiment réussie…
Volks Microbus, prise 2
L’adage dit “Jamais deux sans trois” et dix ans plus tard, le Salon de Genève (2011) a donné un successeur au Volkswagen Microbus Concept: le Volkswagen Bulli Concept.
Sous la gouverne de Walter De Silva, designer en chef du groupe automobile allemand, le Volkswagen Bulli Concept a repris, comme pour les premiers VW Bus, les deux teintes de carrosserie.
Tendances environnementales obligent, c’est cependant un moteur électrique qui le propulse. Et plus de levier de vitesse en “manche à balai”, pour la simple et bonne raison… qu’il n’y a pas de transmission.
Côté technologie, les phares au xénon cèdent la pas à des phares DEL d’avant-garde et toutes les fonctions sont désormais contrôlés par… un Ipad, intégré à la planche de bord.
Cette fois, le prototype a été dessiné avec l’Europe en tête, d’où ses dimensions réduites. De fait, le Volkswagen Bulli Concept 2011 n’est guère plus grand qu’une Volkswagen Polo, mais il promet quand même l’espace intérieur d’une Volkswagen Golf.
Contrairement au Volkswagen Microbus Concept, le Volkswagen Bulli Concept ne propose que deux rangées. Mais parce que celle à l’avant se fait banquette, le véhicule peut accueillir six passagers.
En un tournemain, tous les sièges s’inclinent et se rabattent, pour transformer l’habitacle en un lit de camp – comme pour les Volkswagen Westfalia.
Une “minivan” tellement sexy…
Pour l’heure, aucune promesse de production n’a été émise pour le Volkswagen Bulli. Espérons toutefois que le constructeur ne mettra pas une autre décennie à décider d’y donner suite.
Car avec la popularité grandissante des fourgons commerciaux, il serait bon de vite remettre le projet sur la planche.
Et assurément, le véhicule-culte d’il y a 60 ans deviendrait alors la “minivan” la plus sexy de l’industrie…