Les constructeurs poussent la conduite autonome, à la fois comme vitrine technologique et comme façon d’établir leur leadership. Les compagnies d’assurances rêvent à un monde zéro accident. (Mais alors, quel sera leur rôle…?) Et plusieurs états américains, dont la Californie et le Nevada, ont commencé à paver la voie à l’automobile sans chauffeur.
Mais est-ce que quelqu’un s’est penché sur l’impact quant aux ventes d’automobiles? Michael Sivak et Brandon Schoettle, du Transportation Research Institute de l’Université du Michigan (UMTRI), l’ont fait.
Et leurs recherches révèlent un (autre) côté sombre de la conduite autonome: au-delà des défis technologiques, des obstacles législatifs et des éventuels imbroglios de responsabilité entre assureurs, constructeurs et propriétaires, les véhicules autonomes pourraient faire diminuer de presque moitié (43%) les besoins – et donc, les ventes d’automobiles.
Imaginez le scénario d’une famille qui compte actuellement 2,1 véhicules (la moyenne américaine par maisonnée): le premier véhicule sert au membre qui doit quotidiennement se rendre au travail pour 9h et en revenir vers 17h, le second dessert ceux qui fréquentent l’école, font les courses, conduisent le plus jeune au soccer… alouette.
Imaginez maintenant si les horaires de tous et chacun permettaient une superposition des trajets, de sorte qu’une seule voiture dotée d’un mode “retour à la maison” se charge de mener tout le monde à bon port, les uns après les autres, pour ensuite revenir au bercail, sans personne derrière le volant.
En analysant le grand sondage U.S. National Household Travel, qui porte sur les déplacements au quotidien de millions d’Américains, les chercheurs Sivak et Schoettle de l’UMTRI ont établi qu’à l’extrême, 43% moins de périples seraient nécessaires, merci à cette nouvelle forme de co-voiturage.
Du coup, la “propriété automobile” moyenne passerait de 2,1 véhicules à 1,2 véhicule par maisonnée américaine.
Pareil scénario hypothétique – et apocalyptique, diront les constructeurs – aurait fait s’écouler “à peine” 9,54 millions de véhicules l’an dernier aux États-Unis, contrairement au presque record de 16,7 millions d’unités vendues.
Il y a pire encore: la réduction de “propriété automobile” pourrait être encore plus drastique si les trajets coïncidaient avec ceux des maisonnées… voisines.
Imaginez les partages possibles, dans les quartiers domiciliaires, en termes de coûts d’acquisition, de financement, d’entretien, d’assurances, de carburant, voire de frais de stationnement.
D’ailleurs, ces derniers n’auraient plus à être aussi vastes, puisqu’au lieu d’occuper inutilement – et à grands frais – une case à proximité d’un lieu de travail, l’automobile familiale pourrait gentiment revenir se garer dans l’entrée de garage résidentielle.
De la science-fiction, vous dites? Pas tant – et à ce sujet, lisez notre reportage réalisé le printemps dernier avec la Volvo que nous n’avons pas conduite…