Texter en marchant: le New Jersey veut mater les «zombies numériques»

Nouvelles
jeudi, 7 avril 2016
On les appelle les marcheurs distraits (distracted walking). Ou zombies numériques. Ils déambulent sur les trottoirs ou traversent la rue, les yeux fixés sur leur cellulaire. Dangereux, oui. Mais... passibles de prison?

Ne riez pas: si l’on se fie à un projet de loi que tente de faire adopter une politicienne du New Jersey, pareil comportement «à risque» pourrait un jour valoir jusqu’à deux semaines de prison.

Certes, texter au volant est devenu illégal sur à peu près toutes les routes des pays développés de ce bas monde. L’infraction est claire, nette et passible d’une belle contravention.

Au Québec, on parle d’une amende de 80$ à 100$, plus les frais, ainsi que de quatre d’inaptitude. Rappelons que quatre points à votre dossier de conducteur québécois suffisent pour faire doubler le coût de votre permis de conduire pendant deux années. Ou faire perdre à l’apprenti-conducteur son nouveau privilège.

Mais rendre illégale l’utilisation du cellulaire tout en marchant sur la voie publique? L’idée semble folle et d’ailleurs, des états américains comme l’Arkansas, l’Illinois et le Nevada ont récemment tenté de réglementer la chose, mais en vain.

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Une politicienne du New Jersey – l’état qui borde la mégapole new-yorkaise – vient de remettre le dossier sur le tapis politique. La démocrate Pamela Lampitt vient de proposer une mesure qui décréterait que texter en marchant

… mais aussi parler au cellulaire sans dispositif mains-libres, mettre à jour ses statuts sociaux, voire faire usage de Google Maps tout en déambulant sur le trottoir ou en traversant à une intersection, serait condamnable de 50$US d’amende ou de 15 jours de prison.

Ou les deux.

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Ne faites pas le saut: dans l’état américain, pareille peine est déjà prévue pour ceux qui traversent la rue hors des endroits désignés à cet effet.

(L’histoire ne dit pas, cependant, si la contravention s’appliquerait également à ceux qui utilisent leur téléphone portable comme un appareil photo…)

Cela dit, les statistiques des dernières années montrent que le problème des «zombies numériques» est grandissant et que les nez collés aux écrans de cellulaire alors qu’ils empruntent le réseau routier ne sont pas à l’abri des blessures, des chutes, des collisions, voire de la mort.

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Alors que les décès sur la route stagnent depuis une décennie dans les pays développés, malgré l’augmentation de la population (4%) et des véhicules (16%), dit l’Organisation mondiale pour la santé

… le nombre de piétions qui y décèdent, pourtant en diminution jusqu’en 2009, a connu une hausse fulgurante l’an dernier aux États-Unis.

Les données ne sont pas encore finalisées, mais si la tendance se maintient, dit la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA), l’année 2015 sera marquée par 10% plus de piétons qui ont perdu la vie sur le réseau routier. Ce serait la plus importante augmentation enregistrée par l’organisation gouvernementale depuis qu’elle a commencé à colliger pareilles statistiques, en 1975.

«Les décès chez les piétons atteignent aujourd’hui 15% de tous les morts attribuables à la route, s’inquiète la NHTSA. La dernière année où les piétons ont représenté une aussi grande proportion, c’était il y a un quart de siècle.»

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Quand bien même, la majorité des plumes américaines s’insurgent contre une éventuelle interdiction aux piétons d’utiliser leur cellulaire sur la voie publique. Tout y passe: liberté, déresponsabilisation, difficulté pour les policiers d’appliquer pareille loi, engorgement dans les tribunaux par ceux et celles qui voudront se défendre…

Et ensuite, ce sera quoi? écrit une mère de famille, Bethany Mandel, dans le New York Post, soulignant que les maladies cardiaques et les suicides tuent davantage et qu’on sauverait davantage de vies en bannissant la malbouffe plutôt qu’en bannissant l’emploi des cellulaires sur les trottoirs.

Vrai qu’avant d’instaurer une mesure si drastique, les autorités pourraient d’abord mettre en place des campagnes de sensibilisation et prendre le temps d’en analyser les résultats.

En attendant, peut-être voudront-elles se pencher sur d’autres solutions mises au point ici et là. Comme en Chine et en Belgique, où l’on a créé des voies réservées aux zombies numériques, voire à Londres…

… où l’on a choisi de matelasser les poteaux d’utilité publique.

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