Tesla donne ses brevets, donc la chinoise Youxia X ne copie rien...?
L’an dernier, Elon Musk, l’âme, le fondateur et le gestionnaire de Tesla, annonçait qu’il ne poursuivrait pas devant les tribunaux quiconque s’approprierait «de bonne foi» sa technologie électrique. Cette même technologie qu’il a développée pour sa Model S et qui, prochainement, propulsera ses Model 3 et Model X.
Le but du «don», au-delà de la propagation marketing, était d’accélérer la démocratisation des véhicules électriques. Eh bien, ça n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd.
Et sourd, Huang Xiuyuan ne l’est certainement pas; à peine âgé de 28 ans, le Chinois est encore bien loin des affres de la surdité.
Pour tout dire, l’entrepreneur de l’Empire du Milieu semble encore plus jeune que la presque trentaine dans cette vidéo où on le voit, en polo noir et en jeans blancs, présenter officiellement sa nouvelle Youxia X, dans un dévoilement aux airs d’une séance d’Apple du temps de Steve Jobs.
Oui, oui, la Youxia X: une élégante berline à la silhouette de coupé, propulsée par une motorisation 100% électrique…
… disponible en plusieurs versions, dont une de 85 kW pour presque 480 kilomètres d’autonomie…
… avec 326 chevaux et 325 lb-pi capables du 0-100km/h en 5,6 secondes…
… ornée d’un logo qui, décidément, a un p’tit quelque chose de connu…
Silicon Valley versus Shanghai
Vous trouvez que la silhouette, mais aussi la fiche technique et même les versions proposées sont dangereusement familières? C’est qu’elles le sont. Et n’eut été d’un arrière-train passablement remodelé, c’est là du Tesla tout craché.
Mais qu’Elon Musk se rassure (!): tout n’est pas 100% «Tesla» avec la Youxia X.
D’abord, la Tesla Model S ne propose pas d’illuminations holographiques à la calandre, une personnalisation qu’offre la Youxia X…
… à l’instar d’une certaine Pontiac Trans Am à l’intelligence artificielle qui a été popularisée dans les années 1980 par la télé-série Knight Rider.
C’est drôle: à cette époque, Huang Xiuyuan n’était même pas encore né. Pourtant, celui qui n’a obtenu son permis de conduire qu’en 2013 a confié, aux médias chinois qui l’ont interviewé, qu’il est un mordu de la production américaine. En autant que notre Mandarin (à moins que ce ne soit notre Cantonais?) ne soit pas trop rouillé, nous vous dirons d’ailleurs que Youxia signifie justement Knight Rider.
Donc, est-on devant non seulement un plagiat de la Tesla Model S, mais aussi une contrefaçon de Knight Industries Two Thousand – ou KITT pour les intimes?
Pas si vite, dira le jeune pirate des temps modernes. Car si la Youxia X reprend, de la Tesla, le méga-écran tactile verticalement installé à la planche de bord, ledit écran (un 17 pouces, lui aussi…) promet de miser sur un système d’exploitation spécialement développé pour l’occasion et désigné… KITT.
Évidemment – autre distinction: l’étiquette de cette Tesla chinoise ne sera pas la même. À partir de 200 000 yuans (environ 42 000$ canadiens), une fois les rabais gouvernementaux «verts» appliqués, la Youxia X ne devrait pas exiger plus du portefeuille chinois qu’une Mercedes-Benz Classe C, une BMW Série 3 ou… une Tesla Model 3.
Eh bien quoi: un buffet chinois, ce n’est pas à volonté?
Justement, se demandent ceux et celles qui reluquent le style et la technologie Tesla, mais au prix de la contrefaçon: à quand la commercialisation?
La compagnie Youxia Motors a le beau jeu d’annoncer une livraison pour 2017, mais… elle ne possède aucune usine d’assemblage et n’a signé aucun partenariat avec un quelconque constructeur d’automobiles qui en ait.
De fait, Youxia Motors n’est elle-même constructeur automobile que de nom. L’an dernier, elle n’aurait rien eu d’autre à montrer qu’une vieille Hyundai aux organes mécaniques retranchés par des ingénieurs novices, qui les ont remplacés par une soi-disant propulsion électrique… fabriquée à partir de pièces achetées sur TaoBao et Alibaba, des sites de vente en ligne.
En lieu de quoi, merci à l’investissement d’environ 3$ millions canadiens du fondateur d’une firme chinoise de jeux vidéos, Youxia Motors a pu se procurer une Tesla Model S et la «déshabiller», rapporte la branche Internet du groupe médatique Southern Weekend.
Euh… la déshabiller, vraiment? On peut douter que la petite équipe d’une cinquantaine d’ingénieurs de Youxia Motors (qui, d’ailleurs, est encore en mode recrutement…) ait pu parvenir en à peine quelques mois au prototype aperçu sur le podium de Shanghai.
Nul doute qu’Elon Musk s’attendait à une forme ou à une autre d’imitation, non seulement lorsqu’il a «ouvert» ses brevets, mais aussi lorsqu’il a fait débarquer Tesla en sol chinois l’an dernier.
Mais… à ce point-là?
Évidemment, les participants au forum de Tesla s’en sont donné à coeur joie, après le dévoilement de la Youxia X, mais Musk lui-même n’a même pas daigné commenter la chose.
Pas même sur son compte Twitter. Tout au plus a-t-il annoncé des technologies de conduite autonome encore plus avancées pour Tesla.
Oh, mais attendez: n’est-ce pas déjà ce dont bénéficiait KITT?