Taxis sans chauffeur à Singapore: pas besoin d'aller aussi loin!
Une première mondiale, mais…
D’abord, il faut savoir que la promesse de la start-up américaine nuTonomy de transporter des passagers dans des taxis sans chauffeur à Singapour n’est en fait qu’un projet-pilote.
Il faut aussi savoir que ce projet-pilote est concentré dans un parc industriel de deux kilomètres carrés et que sans chauffeur est un bien grand mot, puisque en tout temps, un technicien de l’entreprise doit se trouver derrière le volant.
Enfin, nuTonomy a prédéterminé les endroits où prendre et déposer les clients – davantage comme les actuels transports en commun par autobus que comme les services de taxi.
Si on voulait encore plus enfoncer le clou dans le cercueil de ce qui, quand même, demeure une première mondiale, nous vous dirions de visionner ici la vidéo promotionnelle mise en ligne le jour de l’événement (jeudi dernier).
Que remarquez-vous? Les six voitures participantes à l’expérience, toutes des électriques Mitsubishi i-Miev ou des Renault Zoé, ne rencontrent guère de circulation. De fait, elles semblent être fin seules dans les avenues du parc industriel – avenues elles-mêmes d’une grande simplicité, puisque… à sens unique.
Pour pousser la tromperie un peu plus loin, la vidéo ne montre pas de chauffeur au volant, ce qui est contraire à la réalité. En effet, les réglementations à travers la planète au grand complet stipulent qu’un responsable doit être disposé en tout temps à reprendre le contrôle du véhicule – et nuTonomy ne s’en sauve pas.
Coup de marketing ou… égo démesuré?
Bon coup de marketing ou… ego démesuré? Une chose est sûre: si vous croyez que les taxis sans chauffeur sont une percée hyper futuriste, des petites nouvelles pour vous: depuis trois ans, les constructeurs automobiles d’importance investissent des sommes folles dans le développement de la voiture autonome.
D’ailleurs, Ford est un partenaire financier de nuTonomy, GM vient de s’associer à Lyft et… nous faisions nous-même l’essai, en 2014, d’une Volvo autonome sur les routes suédoises.
N’oublions pas les compagnies technologiques qui y aussi travaillent ardemment – la première étant Google (Alphabet) et ce, depuis une décennie déjà.
Pour tout dire, si l’on voulait véritablement s’extasier sur le sujet, ça ne devrait pas être sur ces simili-taxis sans chauffeur à Singapour, mais bien sur le fait qu’en Californie et en Arizona, la soixantaine (pas six!) de voitures de Google parcourent 25 000 kilomètres en toute autonomie… par jour.
Pittsburgh, la porte d’à côté…
De fait, pas besoin d’aller jusqu’à Singapour pour tester le service d’un taxi sans chauffeur: la compagnie Uber a déclaré au printemps dernier qu’elle lancera semblable projet-pilote à Pittsburgh, Pennsylvanie, d’ici – justement – la fin d’août.
Gageons donc deux choses: on entendra encore parler du sujet cette semaine et, cette fois, l’expérience d’Uber risque de ne pas être confinée dans un petit parc industriel.
Plutôt, elle devrait prendre son envol à même les artères les plus achalandées de Pittsburgh, soit dit en passant la métropole la plus avancée du monde, côté fluidisation de la circulation.
Certes, en annonçant le 25 août dernier que ses taxis débutaient l’aventure, la compagnie nuTonomy, fondée en 2013 par deux anciens spécialistes en robotique du Massachusetts Institute Technology (le bon vieux MIT), a indéniablement pris l’avance dans cette course à l’armement.
Mais dans les faits, ce n’est là qu’un autre jalon de la conduite autonome, une révolution qui modifiera davantage le paysage automobile au cours de la prochaine décennie que tout ce qui s’est fait au siècle dernier – au même titre que le iPhone a changé le monde des communications, voire de la société au grand complet.
Saviez-vous que…
… les plus récentes études sur la conduite autonome démontrent que:
- deux automobilistes sur trois se disent inquiets (très inquiets ou modérément inquiets) à l’idée de se faire conduire par une voiture sans chauffeur;
- 95% des répondants disent que s’ils avaient à «ne pas conduire» une voiture autonome, ils voudraient quand même que celle-ci dispose d’un volant, d’un accélérateur et d’une pédale de freinage, de sorte qu’ils pourraient en reprendre le contrôle en tout temps;
- surtout, un automobiliste sur deux dit ne rien vouloir savoir de la voiture autonome. Reste à savoir si les gens seront plus ouverts à l’idée du taxi autonome…