Alors que Ferrari entame la fabrication des 499 exclusifs exemplaires de sa nouvelle LaFerrari, sa sportive la plus puissante avec 950 chevaux, merci à sa toute première motorisation hybride…

… et au moment même où l’on apprend que Michael Schumacher a quitté l’hôpital pour la maison, afin d’y entamer un long rétablissement, après son grave accident de ski de l’hiver dernier…

… voilà qu’un autre chamboulement affecte l’illustre compagnie italienne détenue (à 90%) par Fiat:

Son président de 67 ans, Luca di Montezemolo, en poste depuis 1991 et sous la houlette duquel elle a triplé ses ventes, décuplé ses profits et remporté huit titres de constructeurs en F1 (sans compter les six titres de pilote récoltés par Michael Schumacher)…

… oui, oui, ce même Luca di Montezemolo qui, dans les années 1970, était l’assistant personnel du grand Enzo Ferrari…

… eh bien, il claquera la porte de son bureau le 13 octobre prochain, après moult confrontations avec son patron, le canado-italien Sergio Marchionne qui, ironiquement, sera celui qui le remplacera – temporairement, du moins.

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Cette date du 13 octobre n’est pas une coïncidence: ce jour-là, le groupe fusionné Fiat Chrysler Automobiles entrera en bourse non pas en Italie, mais bien… à New York.

Et comme qui dirait au Québec, ça chauffait dans la baraque depuis un moment, déjà.

D’une part, la Scuderia connaît cinq années de vache maigre en Formule Un, n’ayant remporté aucun titre depuis 2008 – et aucune course en cette saison 2014 de F1.

Par ailleurs, Luca di Montezemolo a toujours tenu mordicus à conserver l’exclusivité de Ferrari. Lire par là: pas plus de 7000 voitures fabriquées par année.

Et la formule a fonctionné, puisque dans un groupe qui vend pourtant 4,4 millions de véhicules annuellement à travers la planète, la marque au cheval cambré a représenté, en 2013, une impressionnante part de 12% des profits opérationnels.

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Sauf que Sergio Marchionne, directeur général du groupe, n’est pas du même avis et vise plutôt une augmentation de la production, question notamment de faire compétition au groupe Volkswagen.

Volkswagen détient Lamborghini, une autre illustre marque italienne.

Du coup, on a pu lire dans le quotidien italien Corriere della Sera que di Montezemolo critiquait vertement le fait que “Ferrari est maintenant américaine”, ce qui constituait “la fin d’une époque”.

Et Marchionne de répliquer en termes bien sentis, référant aux déboires de la compagnie en F1, que personne n’est indispensable : “Personne ne devrait se mettre en tête qu’il peut menacer ou suggérer que la maison sera dans le trouble s’il la quitte”.

Et autres beaux échanges du genre…

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Sergio Marchionne, 62 ans, né en Italie mais qui a grandi à Toronto, n’en est pas à ses premiers éclats.

Au Salon de l’Auto de Toronto 2014, en février dernier, sa présentation de dix minutes qui devait lancer l’événement a plutôt viré en une charge de 45 minutes contre les gouvernements canadiens et ontariens.

Il les accusait de ne pas financer à hauteur suffisante les investissements de production automobile et que d’autres pays seraient bien heureux d’accueillir une usine comme celle de Windsor, qui assemble depuis 30 ans les fourgonnettes de Chrysler. “Justement, je m’envole ce soir pour le Brésil,” avait-il ajouté.

Ce bouillant directeur général de FCA, nous l’avions croisé deux mois plus tard à Maranello, en Italie, alors qu’il s’était déplacé pour l’ouverture d’une nouvelle exposition au Musée Ferrari. Nous lui avions demandé la raison de sa présence, ce à quoi il avait répliqué. “Fiat détient Ferrari, voilà pourquoi.”

Ironiquement, cette exposition célébrait 60 ans de présence Ferrari… en Amérique.

À votre avis, qui a raison pour Ferrari? Luca di Montezemolo qui souhaite en conserver l’exclusivité – et la production réduite, ou Sergio Marchionne qui veut lâcher de la bride au cheval cabré?

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