Promesses automobiles: comme des résolutions du Jour de l'An...
Dévoilements de produits après produits, énième réduction de la consommation en carburant, lancements de nouvelles technologies, un diesel par-ci, une hybride par-là...
Un peu comme la courroie d'une transmission, les scribes que nous sommes vous font part de ces bonnes nouvelles - GM ou pas. Mais les promesses des constructeurs, c'est un peu comme vos résolutions du Jour de l'An: trois petits tours et puis s’en vont…
Une promesse...
Salon de Los Angeles 2007 : Alan Mulally promet que la moitié des véhicules Ford rouleront à l'éthanol 85% avant 2012.
C'était sans compter que l'éthanol allait passer de panacée contre tous les maux de la planète… à funeste carburant de faible densité énergétique qui enlève le pain de la bouche des démunis.
Et alors que s’amorce 2012, des pompes à l'E85 au Canada, eh bien il n'en existe actuellement... qu'une, dit Ressources naturelles.
Comme le dit un proverbe américain : N’attelle donc pas la charrue à l’escargot.
Deux promesses...
À ce même salon, Chrysler promettait de lancer ses premiers véhicules hybrides, les Durango et Aspen Hybrid.
Le constructeur a bien tenté de faire rimer ‘Hemi’ et ‘propulsion électrique’ dans un même énoncé (!), mais les utilitaires V8-hybrides (!!) n'ont été offerts qu'à l’été 2008… avant que la crise financière ne vienne leur couper les ailes.
D’ailleurs, l'Aspen ne figure même plus au catalogue de Chrysler et ce dernier constructeur n'a toujours pas d'hybride à proposer au marché, encore moins de voiture 100% électrique.
Oh, il promet bien une Fiat500 électrique pour fin 2012, mais... va-t-on le croire? Car comme le dit un proverbe italien : Beaucoup de rôti, mais peu de fumée.
Trois promesses...
Détroit 2006... puis Détroit 2007... et Détroit 2008 : les constructeurs chinois débarquent en Amérique du Nord et promettent – puis promettent encore « d'envahir le marché dans les mois qui suivent ».
Une demi-décennie plus tard, aucune trace de dragons à quatre roues.
Pas besoin de lire dans les feuilles de thé pour savoir que faute des certifications environnementales et de sécurité nécessaires, ce n’est pas demain la veille que les Geely, Changfeng, Chamco, BYD et autres Chery de ce monde circuleront sur notre continent.
Et comme le dit un proverbe chinois : Qui a dix lieues à faire, doit compter neuf pour la moitié.
Quatre promesses...
Détroit 2008 : Katsuaki Watanabe, le grand patron de Toyota, annonce l'arrivée prochaine d'un moteur V8 diesel pour le Tundra et le Sequoia.
On attend toujours.
À l'époque, Watanabe réaffirmait l'intention du constructeur nippon de vendre, d’ici 2020, un million de véhicules hybrides par année sur la planète. L’objectif est optimiste lorsqu’on sait que les ventes totales d'hybrides Toyota/Lexus ne dépassent pas les quatre millions d'unités depuis le lancement de la Prius en 1997 (au Japon).
Comme le dit un proverbe japonais : Le sac des désirs n’a pas de fond.
Une qui tient la route…
On risque d'autant d'être loin du compte, avec cette promesse hybride, que le traditionnel moteur à combustion n'a pas dit son dernier mot. Parce que s'il y a bien un engagement qui tient la route, ces dernières années, c'est celui de la réduction de la consommation en carburant.
Pas étonnant : avec les règles gouvernementales qui se resserrent (et le prix galopant du carburant), les constructeurs n'ont pas le choix de faire mieux.
Ils ont dit la mission impossible? Il ne fallait pas les écouter. Car voici que les utilitaires délaissent les V8, les berlines troquent leur V6 pour des quatre cylindres, des petites voitures parviennent à rouler sur l’autoroute pour moins de 5,5L/100km.
... mais pour combien de temps?
Il reste cependant du chemin à faire, dit Dennis DesRosiers, le grand gourou de la statistique automobile au pays.
Obama veut (et par souci d’harmonisation, le Canada voudra aussi) que les véhicules 2016 ne consomment en moyenne que 6,6L/100km.
Eh bien, c'est impossible, dit DesRosiers, qui a recensé la consommation moyenne des véhicules au cours des 30 dernières années :
- En 1982, nos véhicules consommaient en moyenne 11,6L/100km;
- En 2009, ils consommaient en moyenne 9,25L/100km;
- Soit un progrès de 20% en 28 ans.
Et maintenant, on commande une amélioration de 28%... en cinq ans.
Impossible, répète DesRosiers : « Si l’on appliquait dès maintenant la norme 2016, quatre véhicules sur cinq actuellement offerts chez les concessionnaires ne pourraient plus l’être. »
Une autre résolution en voie de ne pas être tenue?
Comme dit un dernier proverbe chinois : Qui ment trois fois n’est pas cru…