Le prix du carburant, c’est un peu comme la bourse: tout le monde y va de son petit boniment, mais personne ne sait réellement ce qu’il en est vraiment. Et ce n’est qu’après coup, analyses à l’appui, qu’on tente d’expliquer ce qu’il s’est passé.

Comme pour la crise financière liée aux papiers commerciaux en 2008, personne (ou presque) n’avait prévu que l’année 2014 se terminerait avec un litre d’essence qui tourne, au Québec du moins, autour du dollar.

Au contraire: on pensait bien qu’on allait vers une escalade des prix. Depuis le début de la décennie, les économistes établissaient même des scénarios pour l’essence à 2$, voire à 3$ le litre.

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Statistique Canada estime que si les prix actuels se maintiennent tout au long de 2015, ce seront 12 milliards de dollars que les automobilistes du pays économiseront cette année – soit 33 millions de dollars par jour!

Les facteurs économiques, politiques et géographiques influant le coût du carburant sont si nombreux et complexes que même les experts ne peuvent prédire si pareille situation se maintiendra – et si elle le fait, ce sera pour combien de temps.

D’autres questions sans réponse viennent sous-tendre ces prix en baisse – et brasser le “canayien” du paysage automobile:

Est-ce que les ventes d’utilitaires et de camions reprendront de plus belle? Remarquez, même avec une moyenne du litre d’essence à 1,37$ au Québec en 2013, ces véhicules ont quand même représenté plus de la moitié des ventes automobiles (56%) au pays, cette année-là.

Qu’adviendra-t-il des véhicules hybrides et électriques qui, même lorsque le prix du carburant a touché des sommets en 2012 (on a vu des stations service québécoises charger plus de 1,50$ le litre), n’ont jamais occupé plus que 1% des ventes en Amérique du Nord?

Et est-ce que se poursuivront les efforts et investissements des constructeurs, afin de concocter des motorisations frugales? Pensez Ecoboost, SkyActiv et autres avancées du côté des moteurs à combustion traditionnels, mais aussi véhicules hybrides-diesel, voire à piles à l’hydrogène…

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Une seule chose est sûre: les automobilistes ont la mémoire courte. Ils considèrent peut-être comme un bargain le prix de l’essence actuel autour du dollar, mais il y a à peine une décennie, ils avaient poussé des hauts cris lorsque pour la première fois de l’histoire (à l’été 2005), le litre avait franchi le même cap – mais cette fois, à la hausse.

Cela dit, il y a “bargain” et “bargain”. Dans certaines régions de la Belle Province, le prix affiché à la pompe peut sembler alléchant, mais il demeure quand même jusqu’à sept cents plus élevés que le prix réaliste CAA-Québec.

Quelques chiffres (Kent Group / MJ Ervin et Associés)

  • En janvier 2014 au Québec, le litre d’essence se détaillait en moyenne à 1,39$;
  • Toujours l’an dernier, le prix de l’essence a atteint son sommet annuel en juin – à 1,44$ le litre;
  • À la dernière moitié de décembre, le litre se vendait en moyenne 1,09$ au Québec – certaines régions dont l’Outaouais, aux confins de l’Ontario, ont même vu des étiquettes sous le dollar.
  • La dernière fois que le litre s’est détaillé sous la barre du dollar, c’était il y a cinq ans (en décembre 2009, à 0,995$).
  • Au premier trimestre de 1999, les Québécois payaient en moyenne leur litre d’essence… 0,54$.

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