Petite hausse, grosses conséquences: quand la vitesse a ses limites
Disant constater que bien peu d’automobilistes respectaient les limites de vitesse (duuuh!), la Colombie-Britannique décidait en 2014 de rehausser les limites de vitesse sur une partie de ses autoroutes provinciales.
Certaines sont passées à 90 km/h, d’autres à 100 km/h, voire à 110 km/h. Une seule, celle de 180 kilomètres qui mène de Kamloops à Hope, est passée à 120 km/h – ce qui en fait l’autoroute la plus «rapide» au Canada.
Conséquence? Comme à peu près tous les autres pays ou régions qui ont expérimenté la chose, le petit changement s’est traduit par de grosses conséquences.
Une évaluation menée l’automne dernier, après une pleine année, par l’Université de la Colombie-Britannique montre que, déjà, la hausse de 11,1% des accidents mortels et/ou avec blessés graves est “statistiquement significative“».
Certes, la province de l’Ouest vous dira que des 33 tronçons où la vitesse a été rehaussée, plus de la moitié n’ont pas enregistré plus de victimes de la route. Même que l’unique tronçon à exhiber une limite de 120 km/h «continue d’enregistrer le plus bas taux d’accidents des dix dernières années,» a tenu à souligner le ministère.
Mais voilà qui laisse une presque autre moitié (42%) où les accidents avec blessés graves ou décès ont augmenté.
Même s’il est encore trop tôt pour tirer de solides conclusions quant à cette expérience britanno-colombienne (pour ce, il faudra au moins cinq ans de statistiques), la province a déjà reculé pour deux tronçons d’autoroutes provinciales, réduisant leur limite de 10km/h – soit celle d’avant les modifications.
On savait, pourtant…
On pourrait vous assommer de chiffres afin de vous convaincre que plus ça va vite sur les autoroutes, et plus les gens se tuent. Car des statistiques du genre, il en existe une masse aux quatre coins de la planète.
En effet, à peu près tous les grands pays développés ont, un jour ou l’autre, modifié leurs limites – à la hausse, mais aussi à la baisse, parfois. Retenons deux exemples probants des années 1990.
À l’époque, des pays comme l’Australie et la Suède ont abaissé leur vitesse autoroutière de 110km/h à 100km/h, voire à 90km/h.
Ces contrées ont vu leurs décès routiers chuter d’un cinquième.
C’était fort simple: moins vite, moins de morts.
Pendant ce temps, les États-Unis décidaient de laisser les états implanter leurs propres limites de vitesse. Certaines juridictions ont choisi d’en rester à 65mph (105km/h), d’autres ont augmenté à 70mph (113km/h).
Quelques-unes sont même allées jusqu’à 75mph (123 km/h).
Les experts de la sécurité routière qui ont étudié les bilans quelques années plus tard ont découvert que malgré le nombre croissant de véhicules en circulation, les états qui avaient conservé le 65mph s’en tiraient avec «seulement» 1% plus de morts sur leurs routes.
Mais les états qui avaient osé le 75mph, eux, s’en tiraient pas mal moins bien: 20% plus de morts.
Pire: pour ces états, l’augmentation de la vitesse autoroutière rejaillissait sur les autres types de routes. Les états qui étaient passés à du 75mph sur leurs autoroutes ont ainsi vu le nombre d’accidents mortels augmenter de 8% sur le reste de leur réseau.
Et les états américains qui avaient choisi le statu quo autoroutier? Leur bilan général, tous types de routes confondues, s’améliorait de 2%…