Mercury Maurader Convertible: Une cause perdue d'avance...

Nouvelles
mercredi, 5 juin 2013
La Mercury Marauder n'aura pas eu de carrière facile. Autant dans les années 1960 qu'à sa renaissance, au tournant du millénaire, la grande berline qui se voulait de performance n'a jamais survécu plus de deux ans à la fois. Peut-être que le prototype décapotable Mercury Marauder Convertible Concept 2002 aurait eu plus de chance, s'il avait pu atteindre la production...

Salon de l'auto de Chicago, printemps 2002: Ford dévoile la Mercury Marauder Convertible Concept, une variante décapotable de la grande berline Mercury Marauder, dont l'arrivée chez les concessionnaires est prévue à l'été suivant.

Malgré ses deux portières en moins et, évidemment, son toit rétractable, le prototype de la Mercury Marauder Convertible reprenait essentiellement les armes de la future berline à propulsion, elle-même une variante de performance basée sur la Mercury Grand Marquis.

Comme ce toit décapotable, que l'on disait dissimulé sous le couvre-capote rigide, n'a jamais été vu par le grand public, il n'en tient donc qu'à nous d'imaginer l'allure du prototype une fois "recapoté". Sinon, visuellement, la teinte de carrosserie noire lustrée, rehaussée de phares avant aux lentilles fumées, donnait à l'ensemble l'allure d'un "sleeper".

Dans l'habitacle, en tout point semblable à la Mercury Marauder quatre portes, on retrouvait une instrumentation à surfaces claires, de même que l'indicateur de vitesse "limité" à 140m/h (228km/h), emprunté au Ford Police Interceptor.

Ah, nostalgie, quand tu nous tiens...

Les communiqués de presse de l'époque livraient tellement de détails techniques quant à la Mercury Marauder Convertible Concept que l'on était sûr d'une chose: le prototype était destiné à connaître les chaînes de montage.

D'une part, on lui vantait ses cinq (et non quatre) places et on encensait un dégagement aux jambes à l'arrière aussi généreux que pour la berline - deux aspects rarissimes, de la part d'une décapotable.

Question de la différencier de la berline, on promettait à la Mercury Marauder Convertible Concept un peu plus de puissance sous le capot (de 302 à 335 chevaux), merci à la suralimentation de son V8 de 4,6 litres.

Le but de l'opération? Procurer au conducteur l'expérience d'un "muscle car" des années 1960. Rappelez-vous qu'au début des années 2000, on était encore tout feu tout flamme pour le rétro automobile...

Le Canada était dans les plans
Sauf que... la Mercury Marauder décapotable n'a jamais vu le jour, sa contrepartie berline n'ayant pas vécu suffisamment longtemps pour en justifier la production.

Débarquée sur le marché américain à l'été 2002, la Mercury Marauder quatre portes ne s'écoulera, pour ses années-modèles 2003 et 2004, qu'en 11 052 exemplaires.

Dire qu'on avait planifié une fabrication initiale de... 18 000 unités.

Et dire que pendant ces deux courtes années, il se vendait 16 fois plus de Mercury Grand Marquis...

Dommage, puisque l'envolée semblait belle, notamment avec la promesse d'Alain Batty, alors président de Ford du Canada, d'offrir au pays de la feuille d'érable quelque 500 exemplaires exclusifs de la Marauder.

Notez que le mot "Mercury" n'avait cependant pas été prononcé, lors des discours... C'est que la marque n'était plus distribuée au Canada depuis 1999, mais bon: on avait quand même prévu offrir, de ce côté-ci du 49e parallèle, la voiture qui, après tout, était assemblée à l'usine ontarienne de St-Thomas.

Rappelons que ces installations, fermées depuis 2011, étaient alors la source mondiale exclusive des Mercury Grand Marquis (et, par le fait même, des Ford Crown Victoria / Lincoln Town Car).

Jamais deux sans trois
Était-ce un style trop banal? Un caractère routier plus docile que délinquant? Une puissance somme toute pas assez relevée? (Le magazine américain Car and Driver avait enregistré un 0-60m/h en 7,5 secondes...)

Bref, devant des ventes peu reluisantes, Ford a stoppé les moteurs de sa Mercury Marauder, à temps pour 2005.

Et vous savez quoi? Ça n'avait là rien de nouveau: le constructeur avait dû tout aussi vitement "tirer la plogue" sur sa Mercury Marauder dans le passé - et deux fois plutôt qu'une.

La première apparition du nom "Marauder" appliqué à une Mercury remonte au début des années 1960 et il s'agissait alors de variantes de performance des grandes voitures de la famille - les Monterey et les Montclair, entre autres.

Mais... en 1965, devant un manque flagrant d'intérêt, on discontinuait la chose.

Quatre ans plus tard, année où l'Homme a marché sur la lune, nouvelle tentative. Cette fois, la Mercury Marauder était davantage qu'une variante sportive: elle devenait un modèle en elle-même.

Mais encore là, cause perdue: moins de 15 000 unités ont été cédées en 1969... et à peine le tiers de cette production l'année suivante.

Un, deux, trois... adjugé!
Si la Mercury Marauder n'a pas connu la popularité que lui aurait souhaité son constructeur, le prototype Mercury Marauder Convertible Concept, lui, a suscité un intérêt certain... aux encans.

La première fois que le prototype a été mis en enchère, c'était à l'été 2003, par le constructeur lui-même. Les profits allaient être remis à un organisme de charité pour enfants et c'est finalement 37 000$US qu'un collectionneur a versé pour mettre la main sur l'unique exemplaire du concept.

Reste que c'était là pas mal d'argent pour un véhicule qui 1) ne pouvait être immatriculé et 2) dont un limiteur l'empêchait de rouler à plus de 25m/h (41km/h)...

Par la suite, le prototype a régulièrement refait surface sur les sites Internet d'enchères, notamment pour 50 000$ en 2010 à Kissimmee, en Floride (avec alors 107 milles au compteur), puis pour 75 000$ en 2011 à Landsdale, en Pennsylvanie.

La dernière apparition de la Mercury Marauder Convertible Concept remonte à juin 2012, alors qu'Auctions America la présentait avec 155 milles au compteur... et "fully roadworthy" - c'est-à-dire apte à prendre la route.

Quelqu'un a versé 51 700$ pour se la procurer...

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