C’est lors d’une entrevue au Journal du Dimanche que la mairesse de Paris, Anne Hidalgo, a déclaré la guerre aux moteurs diesel: “Nous ne voulons plus de diesel à Paris d’ici 2020”, a-t-elle dit.
Pour ce faire, la première femme à diriger la Ville-Lumière entend limiter la circulation des bus de touristes, interdire aux camions de traverser le territoire s’ils n’y ont pas affaire courante à mener, transformer certains arrondissements en zones semi-piétonnes et n’autoriser que la circulation des véhicules verts dans les “canyons de pollution” – autour de l’Arc de Triomphe, par exemple.
Oh, n’oublions pas que la mairesse veut encourager l’auto-partage électrique (deux tendances qui ont de la difficulté à s’implanter, est-ce que ça en fait une meilleure?) et ce, non seulement pour les véhicules personnels, mais aussi pour les véhicules commerciaux en vertu du nouveau programme Utilib.
Là où un véhicule sur deux est à moteur diesel…
Si c’est Denis Coderre qui avait énoncé la chose pour Montréal, ou encore Régis Labeaume pour Québec, nos métropoles auraient évidemment réagi, mais dans une petite mesure.
Car au-delà des véhicules de transport et camionnettes, bien peu de voitures personnelles à motorisation diesel circulent au Québec. Après tout, les TDI, BlueTec et autres ne représentent que 3% des ventes automobiles en Amérique du Nord.
Mais c’est une toute autre histoire en Europe où, historiquement, une voiture sur deux est vendue avec une motorisation diesel. Même qu’à Paris, depuis le début de l’année, ce sont deux nouvelles voitures achetées sur trois qui roulent au diesel.
Alors, vous pouvez imaginer combien la déclaration “Bannissons le diesel de Paris d’ici cinq ans” a créé du remous. D’autant que le maire de Londres, Boris Johnson, fait écho à sa compatriote parisienne avec l’idée d’un droit de passage de 10 Livres, soit environ 17$ canadiens, pour tous les véhicules diesel qui ne respectent pas la norme Euro6. Ce droit viendrait doubler la taxe à la congestion londonienne imposée depuis une décennie déjà.
Moins cher de l’autre côté, le diesel
Si l’Europe est si friande des véhicules diesel, c’est que de ce côté-là de l’Atlantique, ce type de carburant est de 15 à 20% moins coûteux à la pompe que l’essence. (Par les temps qui courent, c’est tout le contraire au Québec: avec le prix de l’essence qui se maintient sous les 1,20$, le diesel est actuellement d’au moins 10% plus cher.)
Surtout, pour un plein de même capacité, le diesel permet à la voiture de parcourir moitié plus de chemin – voire près du double, lorsqu’il est question de distances autoroutières – qu’avec un plein d’essence.
Du coup, on comprend pourquoi le Vieux Continent est si friand de ces motorisations – et d’ailleurs, la plupart des modèles qui y sont offerts proposent pareille technologie.
Entre portefeuille, environnement et santé…
En théorie, un moteur, diesel ou pas, qui brûle moins de carburant recrache moins de dioxyde de carbone (CO2), ce gaz à effet de serre en partie responsable du réchauffement planétaire.
Et c’est vrai en pratique.
Le problème, avec les moteurs diesel, c’est qu’ils émettent des particules d’oxyde d’azote (NOx) qui, elles, sont non seulement responsables de la pollution atmosphérique (le bon vieux smog), mais qui ont été déclarées potentiellement cancérigènes par la grande Organisation mondiale de la santé (juin 2012).
C’est à se demander qui l’emportera entre le portefeuille, l’environnement et la protection de la santé. Vous voyez se dessiner le conflit qui assiégera Paris, si la mairesse Hidalgo va de l’avant avec ses mesures? Bien hâte de voir comment les constructeurs automobiles réagiront devant ce qui menace leurs toutes dernières percées technologiques.