Vous avez bien lu: la Fisker Karma, dont la dernière unité s’est péniblement extirpée des chaînes de montage finlandaises il y a deux ans, pourrait renaître de ses cendres.
Et ce, à temps pour l’année-modèle 2015.
C’est du moins ce qu’a confié une source anonyme qui bosse pour la chinoise Wanxiang, une multinationale spécialisée en pièces automobiles qui, en février dernier, a raflé Fisker aux enchères publiques pour 150$ millions.
Deux mois auparavant, la même entreprise de Hangzhou, qui a ses bureaux américains à Chicago, avait mis la main pour 257$ millions sur le fabricant de batteries A123 Systems qui, incidemment, était le fournisseur d’accumulateurs pour la berline Fisker.
Peut-on croire à pareille renaissance pour une voiture qui a connu d’innombrables et d’improbables difficultés, au point où la faillite l’a acculée au pied du mur après à peine trois ans de production… et moins de 2500 exemplaires fabriqués?
Il semble que oui – et il semblerait même que la Fisker Karma 2015 reprendra beaucoup de celle qui a tiré sa révérence en 2012.
C’est que 2015, c’est l’an prochain; ça ne laisse guère le temps de tout réinventer et de passer par les certifications d’usage.
Mais voilà: on peut quand même se (re)mettre à rêver…
… au shooting-brake à la Ferrari FF qu’était la Fisker Surf Concept 2012, montrée au salon de Francfort en 2011…
… et à la Fisker Sunset 2012, ensuite présentée à Détroit et qui promettait d’être la première hybride décapotable au monde (elle le serait toujours)…
… voire à la Fisker Atlantic Concept qui se voulait un modèle plus abordable et qui devait être assemblé en sol américain – au Delaware, plus précisément dans une usine désaffectée de GM.
Si belle…
Je me rappelle encore ce salon de Détroit 2008 où les gens d’Anaheim, Californie, nous présentaient officiellement la Fisker Karma Concept.
Magnifique avec son allure à la fois sportive et exotique, le prototype dissimulait une technologie alors novatrice, puisque la Chevrolet Volt n’était pas encore commercialisée: l’autonomie électrique d’une soixantaine de kilomètres, prolongée de 300km par un petit quatre cylindres turbo (en l’occurrence, un 2,0L Ecotec fourni par GM) agissant comme générateur.
La berline quatre portes, dont les deux moteurs électriques propulsaient les roues arrières, devait faire son entrée sur le marché en 2009. Mais ça a été reporté.
Puis reporté. Et encore reporté.
C’est finalement à l’été 2011 que les premières unités ont été produites (à l’usine finlandaise de Valmet Automotive), puis livrées aux clients des États-Unis et de l’Europe, moyennant une étiquette de plus ou moins 100 000$.
… mais si troublée
La Fisker Karma ne l’a pas eu facile. Ses déboires sont passés par une poursuite de Tesla, l’autre “start up” automobile californienne qui l’accusait de vol industriel (et qui, aujourd’hui, vole vers des cieux autrement plus glorieux).
Il y a eu les inévitables difficultés financières et plusieurs rappels d’importance ont été émis: fuites de liquide refroidisseur, ventilateur défectueux, problèmes de batteries… voilà qui n’était pas pour rassurer.
Comble de malchance, l’exemplaire acheté par l’américaine Consumer Report a rendu l’âme… avant même qu’il ne soit mis à l’épreuve. “Nous achetons 80 voitures par année et c’est bien la première fois que nous en avons une qui ne peut être conduite… avant même que ne soient terminés nos tests de calibrage!” avait clamé la rédaction.
Ajoutez à cela deux voitures qui ont inexplicablement pris feu, l’une dans un garage texan et l’autre, dans un stationnement californien…
… puis l’ouragan Sandy qui s’est abattu sur New York, détruisant une entière cargaison comptant de 320 Fisker Karma justement en attente d’une pièce réparatrice et…
… la faillite a été déclarée en novembre 2013.
Soit deux petits mois après que le guitariste Carlos Santana ait démoli son exemplaire de l’hybride rechargeable à Las Vegas, après s’être endormi au volant…
Mauvais Karma, décidément.