Drôle de parcours, que celui de la Kia Sedona. Mondialement née en 1998, ce n’est qu’en 2006 que sa seconde génération est débarquée en Amérique du Nord. Et depuis, elle n’a jamais réussi à faire sa marque aux côtés des (rares) canons de la catégorie.

Sa jumelle Hyundai Entourage a compris le message: offerte en 2007, elle s’est retirée du marché deux ans plus tard, devant des ventes très peu convaincantes. C’est que le marché de la minivan – un véhicule qui n’a plus rien de “mini”, notez bien – est en chute libre depuis une décennie.

D’ailleurs, faisons le test: qui d’entre vous envisagez vous procurer une fourgonnette? Levez la main. Personne? Vraiment personne?

Hum. À qui la faute? Aux utilitaires, cross-overs et autres SUV du genre, qui héritent sensiblement des mêmes atouts, côté cargo et nombre de places à bord, mais qui n’ont pas les flancs balafrés de ces immondes portières coulissantes qui crient Soccer Mom.

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On pensait que la Kia Sedona avait elle aussi compris le message, lorsqu’elle ne s’est pas pointée à l’année-modèle 2013. Mais l’année suivante, elle nous revenait… pratiquement inchangée.

Puis, au salon de New York, au printemps dernier, surprise: une nouvelle Kia Sedona 2015 s’est montrée le bout du nez en variante sept ou huit passagers, dans un emballage ma foi assez réussi, gracieuseté de l’équipe de designers sous la houlette de Peter Schreyer.

Sous son capot, on retranche le V6 (3,5 litres) de 269 chevaux d’autrefois pour lui accorder celui à injection directe (3,3 litres) de 276 chevaux qui, jumelé à une boîte automatique ne comptant que six rapports, propulse déjà les Kia Cadenza et Kia Sorento.

C’est d’ailleurs la plateforme de ce dernier utilitaire qui se cache là-dessous. Et parce que les dimensions de la nouvelle fourgonnette coréenne demeurent sensiblement les mêmes qu’à sa génération précédente (non mais, y’a quand même des limites à étirer la sauce…), l’espace de chargement ne dépasse pas les 4022 litres.

Oups: c’est 200 litres de moins que pour les concurrentes japonaises.

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Certes, avec la Kia Sedona 2015, on est loin du prototype Kia KV7 qui nous avait laissé rêver, au Salon de Détroit 2011 puis à celui de Montréal l’année suivante, d’une fourgonnette fantastiquement furieusement futuriste.

Bon, on se doutait bien que les portières en goéland et les fauteuils capitaine pivotants n’allaient pas faire leur chemin jusqu’aux chaînes de production… Mais à tout le moins, si on avait pu conserver l’allure avant-gardiste et menaçante du prototype, peut-être que la Kia Sedona aurait eu une chance.

Cela dit, l’habitacle du nouveau modèle de production monte définitivement en grade, avec une planche de bord qui reprend les thèmes appréciés des autres produits Kia: la modernité et l’ergonomie, le tout livré avec un p’tit zest de sportivité.

C’est encore plus flagrant dans la version haut de gamme SXL, nouvellement proposée pour ceux qui veulent débourser 46 000$ pour une minivan, où l’on admire le revêtement de cuir deux tons du plus bel effet.

On se dit aussi que ces fauteuils capitaine en rangée centrale avec leur repose-jambe, ajustables comme dans la première classe d’un jet, sont une mausus de bonne idée.

Tout comme l’est cette nouvelle solution de configuration qui consiste à relever et à “aplatir” la seconde rangée pour gagner du rangement – une belle contrepartie à l’obligation de se démantibuler le dos pour les extirper de la cabine.

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Mais il faut bien l’avouer: la catégorie des fourgonnettes rétrécit comme peau de chagrin, tant au niveau des ventes que des modèles proposés.

Depuis belle lurette, vous ne cherchez plus les Ford Winstard/Freestyle et vous avez sûrement repoussé aux confins de votre mémoire feus les Chevrolet Venture/Uplander et Pontiac Montana…

Dans ce segment de marché en voie d’extinction, la Kia Sedona n’a malheureusement pas ce qu’il faut pour lutter contre les sempiternelles vedettes que sont demeurées les Dodge Grand Caravan / Chrysler Town & Country (année après année, parmi les véhicules les plus vendus au Canada), la Honda Odyssey et Toyota Sienna.

Notez qu’on ne vous parle même pas de la Nissan Quest…

Le prix d’étiquette de la Kia Sedona a beau débuter à 27 495$, versus les plus ou moins 30 000$ demandés pour les compétiteurs japonais, reste que la proposition coréenne n’offre pas sa livrée de base avec les sièges chauffants, la communication Blutooth, la caméra de recul (pourtant un essentiel, pour ce type de véhicule familial!), les contrôles audio au volant, encore moins le super dégivreur de pare-brise.

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Surpris? Et comment: Kia, tout comme sa cousine de la fesse gauche Hyundai, nous ont habitués ces dernières années à offrir des telles gâteries, même dans les variantes les plus d’entrée de gamme…

Au contraire: il faut allègrement montrer dans l’échelle des versions pour se payer l’ouverture électrique des portières coulissantes et du hayon, le démarrage sans clé, le volant chauffant et les diverses alertes aux collisions. Même qu’il faut dépasser les 40 000$ pour bénéficier du régulateur de vitesse intelligent, de la banquette chauffante, du toit panoramique et des phares au xénon.

Dire qu’à ce prix-là, on n’a même pas droit à la traction intégrale, comme pour la Toyota Sienna, encore moins à la balayeuse Shop Vac, comme pour la Honda Odyssey…

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