Jeep Wrangler JK8: N'essayez pas ça vous-même...
Vous avez le Jeep Wrangler Unlimited, vous avez commandé à votre concessionnaire un ensemble JK-8 qui vous a coûté 6000$ (plus taxes…) et voilà que la méga-boîte de bois à l'emblème Mopar trône dans votre entrée de garage.
À première vue, son contenu paraît simple: à peine une vingtaine de pièces, allant du fond de caisse de pick-up à la cloison arrière, en passant par le demi-toit Freedom, les pare-chocs, les nouveaux flancs et les nouvelles barres structurantes (les roll bars). Des kits comme ça, il s'en est venu 450 depuis leur commercialisation à l'été dernier.
Mais... avant de s'inventer l'artisan d'un Jeep Transformer et de "scraper" tant l'ensemble de conversion que le véhicule lui-même, mieux vaut se demander si on a les talents qu'il faut.
"Parce que vraiment, ce n'est pas évident", prévient Michael Clark, un collègue journaliste de Winnipeg qui est le créateur, sous l'égide de son émission radiophonique The Road Trip, de l'un des rares Jeep JK-8 du pays - celui que nous avons d'ailleurs pu conduire cette semaine, en grande primeur québécoise.
Adios, Amigos
Michael Clark, qui restaure des voitures antiques depuis plus de deux décennies, n'est pas né de la dernière pluie quand vient le temps de parler transformation automobile. Pourtant, il a choisi de s'entourer de spécialistes afin de mener à bien le projet JK-8, qui lui est venu sous la forme d'un Wrangler Unlimited 2012 fourni par Chrysler Canada et l'ensemble de conversion fourni par Mopar Canada.
Convertir un Wrangler quatre portes en une camionnette deux portes, ce n’est pas rien. Ça demande d’abord de faire disparaître (à tout jamais) non seulement la banquette, mais également le toit rigide et les portières arrière.
Adios Amigos: on a payé pour vous, mais on n'a plus besoin de vous. Sauf peut-être pour faire parure dans le salon.
Il faut également être convenablement équipé pour scier les barres structurantes (oui, oui!), ce qui, accessoirement, fait disparaître les deux haut-parleur qui s'y trouvent. "Ça ne laisse alors que les deux haut-parleur de l'avant et c'est nettement insuffisant," dit Michael Clark.
La mise en place des panneaux latéraux et de la nouvelle cloison qui sépare la cabine de la boîte cargo n'est pas chose facile non plus. Ça exige des alignements parfaits, question de ne pas corrompre l'intégrité structurelle du véhicule. "Et comme ces alignements ne sont pas faciles à effectuer, ne pensez surtout pas les faire et les défaire pour une expérience sans toit," dit Michael.
Enfin, la transformation met en scène des soudures et, en fin de parcours, de la peinture. Et comme si ce n'était suffisant, "les instructions sont peu détaillées - en tout cas, pas autant que nous les aurions souhaitées, regrette Michael. Mopar a sûrement reçu plusieurs critiques à ce sujet et les choses vont sans doute s'améliorer, mais pour le moment, notre conseil est: Laissez faire les pros."
Cent heures plus tard
Et quand des pros s'y mettent, eh bien, on a droit à bien plus qu'une "simple" transformation d'un Wrangler en camionnette.
Ainsi, l'équipe de The Road Trip a trouvé que le pneu de rechange sur le hayon à charnière, ça ne collait pas du tout. L'idée d'un support à la Baja à même les ancrages de feue la banquette, pour soutenir le méga-pneumatique Cooper Discoverer STT (du 33x12 50R17...), a germé. Trois jours plus tard, elle s’était concrétisée, avec découpes JK-8 au laser, s'il vous plaît, y compris pour la plaque ornementale qui allait venir décorer la monture de hayon laissée vacante.
Tant qu'à faire ami-ami avec Mopar, l'équipe a poussé la collaboration jusqu'à obtenir des projecteurs de toit Hella et, surtout, un capot nanti de trappes d'air grillagées. À ces dernières, on a donné la même teinte bronze doré que pour les jantes et les inscriptions latérales JK-8.
Avoir eu davantage de temps, on aurait conçu une ouverture de hayon à la manière d'une vraie camionnette, c’est-à-dire vers le bas. Voilà qui aurait permis d'allonger de quelques précieux pouces une boîte somme toute plutôt courte. On aurait également pris le temps de rendre plus accessible le petit espace cargo intérieur, derrière les sièges.
Mais bon, après une centaine d'heures de conception et de transformation, il fallait bien s'arrêter quelque part. "De fait, c'est là le plus gros challenge: ne pas trop en faire," dit Michael.
Mission accomplie, lui avons-nous dit. Parce qu'au-delà de toutes ces transformations, le JK-8 qui nous a été prêté l'espace d'une semaine est d'un naturel désarmant dans son exécution, sa conduite et son insonorisation. C’est comme s'il sortait tel quel d'une chaîne de production.
D'ailleurs, il ne serait pas surprenant - même qu'il serait logique que Jeep lance un modèle Wrangler camionnette. Car pour le moment, avouez: il est ridicule de payer pour un Jeep quatre portes et cinq places qu'ensuite, à grands coups de milliers de dollars, qu’on réduit de moitié….