Le nom de Henrik Fisker, ça vous dit quelque chose? Et comment: on doit, à ce Danois dans la jeune cinquantaine, la BMW Z8, de même que les Aston Martin DB9 et Vantage du début du millénaire, alors que le designer automobile militait dans le giron de Ford, alors propriétaire de la luxueuse marque britannique.
On l’a aussi connu pour son passage controversé chez Tesla, alors que le “start-up” californien l’avait embauché comme designer… avant de le poursuivre en 2008 pour fraude, vol de designers industriels et de secrets d’entreprise, alouette.
Simultanément, on parlait de lui pour sa tentative de mettre au monde la Fisker Karma, principale rivale de la Tesla Model S. Tentative cependant ratée, avec comme point culminant la démission de Fisker lui-même, puis la faillite de Fisker Automotive (novembre 2013).
Plus récemment, on a revu Henrik Fisker au salon de Los Angeles en novembre dernier, main dans la main avec le distributeur californien Galpin Auto Sports et tout heureux de présenter la Galpin-Fisker Rocket – une Ford Mustang de 725 chevaux.
La Fisker Thunderbolt devait être à Los Angeles
Ce qu’on ne savait pas, mais que l’on découvre avec fascination dans la longue poursuite de 50 pages d’Aston Martin tout juste déposée dans l’état de Californie, c’est qu’à l’époque dudit salon de Los Angeles, Henrik Fisker avait l’intention d’y présenter une autre belle surprise automobile: une Aston Martin à la sauce du préparateur Galpin et désignée Fisker Thunderbolt.
Le hic, c’est que ses demandes répétées de collaboration auprès du constructeur britannique se heurtaient à un non catégorique, doublé d’un sérieux avertissement: en aucun temps, Aston Martin n’autorisait Fisker à dévoiler publiquement le prototype Thunderbolt, ce qui aurait alors été considéré comme une violation de droits de propriété intellectuelle.
Semble que ça n’ait pas suffit à stopper le designer/entrepreneur/homme d’affaires. À l’occasion du 20e Concours d’Élégance d’Amelia Island, qui s’est déroulé en Floride il y a deux semaines, Henrik Fisker a officiellement dévoilé la Fisker Thunderbolt.
Ce qu’il a désigné comme « étude de style » a non seulement des airs de famille très rapprochée avec l’Aston Martin Vanquish, mais également avec la très exclusive Aston Martin One-77…
Devant une foule de visiteurs – et d’innombrables yeux médiatiques, le Danois a discouru d’une production limitée à 24 exemplaires basés sur l’actuelle Aston Martin Vanquish…
… de V12 produisant 568 chevaux (exactement la performance de l’actuelle Aston Martin Vanquish)…
… de disponibilité sur commande spéciale, merci à Galpin Auto Sports…
… voire de prix d’étiquette de 400 000$, en sus du prix de la voiture elle-même.
Cinglante poursuite de 50 pages
Voilà qui a fait sortir Aston Martin de ses gonds – et la poursuite que le constructeur vient de déposer dans l’état de Californie n’y va pas de main morte.
Au-delà des accusations de réplique non autorisée, la marque britannique porte des accusations de compétition déloyale et de publicité trompeuse. Voici, en quelques photos puisées à même la poursuite, les points les plus cinglants qu’Aston Martin reproche à Henrik Fisker (et à Galpin Auto Sports, soit dit en passant).
Entre autres, la marque allègue que ce qui se cache sous la Fisker Thunderbolt n’est pas la plus récente Aston Martin Vanquish, mais plutôt une Aston Martin DB9/DBS de génération précédente. Même les plus grands, comme Car and Driver, se sont fait prendre…
Le constructeur centenaire soumet par ailleurs que Fisker utilise impunément – et sans son autorisation – ses différentes marques de commerce et identités corporatives, à commencer par le logo en ailes, les prises d’air latérales et la grille reconnaissable entre mille (passablement déjà copiée, celle-là, quand même).
Qui plus est, Aston Martin fait valoir que le leurre et la confusion entretenus par Fisker lui porte déjà ombrage, avec moult publications qui demandent, par exemple, s’il y aura une Aston Martin Thunderbolt Volante. (Jetez un coup d’oeil sur notre galerie-photos, pour lire quelques autres croustillantes accusations.)
La marque britannique avance déjà ses intention de paiements compensatoires et de dommages punitifs, bien qu’aucun montant n’ait pour le moment été avancé.