Consommation: Ils disaient que c'était impossible...

Nouvelles
dimanche, 15 juillet 2012
Je me rappelle encore ce cri du cœur de Bob Lutz – c’était au salon de Détroit il y a de ça sept ou huit ans (déjà!). Devant les règles d’émissions et de consommation qui se resserraient, le grand manitou de GM avait alarmé la planète automobile: « Ça va ajouter des milliers de dollars au coût des véhicules! »

Eh bien, non. Force est de constater que la catastrophe « prix d’étiquette » n’a pas eu lieu.

Au contraire: non seulement les véhicules ne coûtent pas plus cher, mais concurrence oblige, ils en offrent encore et toujours plus en termes de sécurité, d’équipements et de technologies.

Et ils sont nettement plus éco-énergétiques, dit l’EPA.

L’agence américaine pour la protection de l’environnement a en effet potassé des statistiques de consommation entre les années 1975 et 2010. (Si vous n’aimez pas les chiffres, ne vous torturez pas: passez go et allez directement à la conclusion...) En tout, 35 ans d’évolution automobile ont été analysés, non seulement en consommation, mais aussi en puissance et en poids des véhicules.

Et ce qu’on a découvert est encourageant: lorsque forcés (par les normes gouvernementales, mais encore plus par les acheteurs qui décrient le prix de l’essence), les constructeurs automobiles réussissent à améliorer la donne.

Sans pour autant tout sacrifier sur l’autel du rendement énergétique.

Presque deux fois plus frugaux

L'EPA révèle que si l’économie en carburant de nos automobiles s’est améliorée de 1975 à 1987, la tendance s’est malheureusement renversée pendant les 17 (longues) années suivantes. Ce n’est donc qu’en 2005 que la frugalité a repris du galon.

Mais alors, pas qu'un p'tit peu: en 2009 (dernière année recensée), la flotte nord-américaine d'automobiles neuves a été presque deux fois plus éco-énergétique qu’en 1975 (10,5L/100km contre 18L/100km).

Même que la flotte de 2009 a été la moins gourmande qui soit en 35 ans, surclassant même le record de 10,7L/100km établi en 1987.

Avouez, ça mérite des applaudissements.

Ça en mérite d’autant que les puissances ont, depuis, presque doublé: de 137 chevaux sous leur capot en 1975, les véhicules disposent en moyenne, aujourd'hui, de 208 chevaux.

Sans compter que la popularité grandissante des camions a imposé une pression démesurée. À peine un véhicule sur cinq qu'ils étaient en 1975, les utilitaires et « cross-overs » représentent maintenant presqu’un véhicule sur deux. Les tractions intégrales, qui ne se retrouvaient que dan s3% des véhicules en 1975, en équipent aujourd'hui le quart.

De fait, si la consommation moyenne de nos véhicules neufs s’est aggravée à compter de 1987, c’est en grande partie attribuable à ces camions qui, dit l’EPA, siphonnent en moyenne de 6 à 7mpg de plus qu’une voiture.

Entre diète et injection directe

Alors, comment se fait-il que l’on soit malgré tout « sur la bonne pente » et que 2009 s’avère, en termes de frugalité, une année record en 35 ans d’histoire?

Parce qu’entre autres, le poids des véhicules a diminué. Malgré tous les équipements qui montent à bord (ça n’existe plus, un « char » sans freins ABS, sans direction assistée, sans contrôle de stabilité ni sans système audio), les véhicules d’aujourd’hui réussissent à peser en moyenne 65kg de moins que ceux de 1975 (1780kg contre 1845kg).

Retrancher du poids n’aurait pu suffire pour aboutir à de tels résultats; les innovations ont également s'inviter de la partie. Ainsi:

  • le calage variable des soupapes, qui n’existait même pas en 1998, bonifie aujourd’hui plus des deux tiers des véhicules;
  • la désactivation des cylindres, l’injection directe et les transmissions à variation continue (CVT), presque des inconnues avant le tournant du nouveau millénaire, sont aujourd'hui proposées sur jusqu'à un véhicule sur dix;
  • Les moteurs quatre cylindres, retrouvés à l'époque dans un véhicule sur cinq, propulsent aujourd'hui 70% de tout le marché « voiture »;
  • À l'opposé, les V8 qui propulsaient les deux tiers des véhicules en 1975 sont en voie d’extinction: ils n'en équipent plus qu'un sur dix.

Même qu'avec la suralimentation en hausse (pensez à tout le battage médiatique autour de l'Ecoboost de Ford), c’est sans doute à la disparition des V6 que l’on va bientôt assister. Et dire qu’on ne fait qu'entamer la démocratisation des hybrides, des motorisations diesel, des voitures branchées et des 100% électriques...

La morale? Ne croyez pas les constructeurs lorsqu’ils disent « Impossible ». Mais rendons quand même à César tout le poids de ces découvertes, surtout que celles-ci se réalisent sans même que l’automobiliste n’en souffre.

Vous en doutez? Sachez pourtant que le 0-100km/h, qui s’effectuait en moyenne en 14 secondes il y a 35 ans, se parcourt aujourd’hui sous les dix secondes.

Et c'est ce qui compte, non?

TABLEAU
En moyenne – de 1975 à aujourd’hui*
                                                            1975                 2009
Économie d’essence                    18L/100km        10,5L/100km
Poids des véhicules                        1845kg               1780kg
Puissance                                   137 chevaux        208 chevaux
0-60m/h                                    14,1 secondes        9,7 secondes
Véhicules 4WD                                    3%                     24%
Moteurs quatre cylindres                   20%               70% des voitures
Moteurs V8                                        62%               12%
Calage variable des soupapes             -                  72%
Désactivation des cylindres                  -                   7%
Injection directe                                    -                   4%
Transmissions manuelles                  23%                5%
Transmissions CVT                             -                   10%
Hybrides                                              -                     2%
Diesel                                                0,2%               0,5%
Électriques                                              -                   -

*Source: "Light-Duty automotive technology, carbon dioxide emissions and fuel, economy trends: 1975 through 2010" - EPA (le plus recent rapport).

 

Copyright © 2015 Nadine Filion. Tous droits r�serv�s.