Circulation: Mettre la "fluidité" à l'ordre du jour
Pensez aux derniers trajets que vous avez accomplis en milieu urbain - et pas uniquement à Montréal ou à Québec, mais aussi à Sherbrooke, Trois-Rivières, Saint-Jérôme, Gatineau, Saguenay, Rimouski.
Pensez à cette interdiction de virer à droite sur feu rouge qui vous a fait vous demander: "Mais pourquoi il n'est pas permis, celui-là?"
Pensez à ces huit intersections successives contrôlées par un feu de circulation... qui virait toujours au rouge à votre approche.
Pensez à cet arrêt incongru qui vous a demandé d'immobiliser votre véhicule alors qu'il n'y avait pas de rue transversale - ce qui est d'ailleurs tout à fait illégal, soutient le Ministère des Transports.
Combien épargnerions-nous?
Arrêts inutiles, feux non synchronisés, entraves à la circulation... Voilà qui n'améliore pas la consommation et la facture en carburant (non plus que le stress, mais ça, c'est une autre histoire).
Et c'est ce qui nous fait nous demander: combien épargnerions-nous en essence si à travers tout le Québec, comme pour le Chemin Rockland à Montréal, les feux de circulation étaient systématiquement synchronisés?
Combien économiserions-nous si les arrêts pour laisser passer les voiturettes de golf ou les feux rouge pour permettre aux vélos de traverser n'étaient imposés qu'à l'été et le jour? Jamais l'hiver par -15 degrés, de surcroît la nuit?
Combien sauverions-nous si davantage de virages à droite sur feu rouge permettaient aux véhicules de reprendre (en sécurité) du mouvement? Doit-on vraiment rappeler qu'un moteur qui tourne au ralenti, mais qui ne va nulle part, n'est que gaspillage?
Combien, pensez-vous? Nul ne semble pouvoir le dire. Le Ministère des Transports soutient que c'est minime: "À peine quelques dixièmes de litre d'essence." À l'opposé, l'organisme Pollution Probe avance que l'économie pourrait aller jusqu'à 15%, "sensiblement comme pour les véhicules hybrides qui roulent en ville."
Qui a raison? La logique de l'éco-conduite (qui passe par la réduction des occasions de freinage et de ralentissement, rappelle CAA-Québec) veut que l'économie se situe entre ces deux extrêmes.
Mais... pas de police de la signalisation
Vrai qu'à l'heure où la congestion est monstre sur nos autoroutes et où nos ponts tombent en décrépitude, le Ministère des Transports a d'autres chats bien plus pressants à fouetter que de "fluidiser" la circulation dans les villes. D'ailleurs, dit le MTQ, ce n'est pas là son rôle. Son rôle, c'est d'établir des normes qui, ensuite, doivent être respectées par les villes.
Le rôle des villes? Respecter ces normes.
Dit comme ça, ça semble simple, mais ça ne l'est pas. Pas quand on a affaire à une toile de circulation qui étend ses ramifications d'un bout à l'autre d'un territoire et où l'implantation d'un feu ici peut avoir des répercussions sur l'autre feu là-bas. Débit du trafic, priorités, sécurité, impact sur les autres avenues, manoeuvres permises - ou pas... "C'est complexe," dit Michel Masse, spécialiste en signalisation routière au MTQ.
Devant une telle complexité, le MTQ doit bien fournir des experts ou des logiciels, bref de l'aide aux agglomérations qui, de par la loi, sont responsables d'organiser leur circulation, non?
Non. Il revient aux municipalités d'embaucher des gurus en circulation - si elles en ont les moyens, bien sûr. Si elles n'en font rien et qu'elles transgressent les règles, par ignorance ou par tentative non avouée de rendre la vie difficile aux automobilistes, eh bien personne ne vient leur taper sur les doigts.
"Il n'y a pas de mécanisme de surveillance," dit le MTQ.
Rien, aucune police de la signalisation pour ralentir ceux qui nuisent à la fluidité - et, par conséquent, à l'efficacité énergétique.
Rien, sauf si... les automobilistes se plaignent. S'ils dénoncent.
Dénoncez... auprès de nous!
Alors, Automobilistes, dénoncez.
Dénoncez haut et fort, en mots et en photos.
Dénoncez à même notre site Facebook ces aberrations de signalisation qui parsèment vos parcours - et qui vous font fulminer jour après jour.
Soyez nombreux à dénoncer, de partout au Québec.
Vos témoignages ne dormiront pas sur nos tablettes. Nous les regrouperons dans notre grand dossier en préparation pour le Guide de l'Auto - magazine - d'automne. Et nous frapperons un grand coup dans une Province qui, après tout, se targue d'avoir créé dans les années 1920 la signalisation par symbolique telle qu'on la connaît aujourd'hui de par le monde.