Ciel, qu'avez-vous fait à mon Cadillac Ciel?

Le Cadillac Ciel a été dévoilé au plus grand Concours d'élégance s'il en est un, celui de Pebble Beach en Californie. C'était à l'été 2011 et Cadillac voulait prouver qu'elle revenait à la vie, après la grande crise financière de 2008 qui l'a presque envoyée en faillite. 

 

Puisant dans les cartons de design Cadillac, l'équipe de designers chapeautée par Frank Saucedo, en charge du studio GM à Hollywood, ont extirpé le concept Cadillac Sixteen, qui avait littéralement volé la vedette au salon de Détroit en 2003. 

 

Nous sommes d'accord: fallait surtout pas laisser dormir ça, cette belle bête-là...

 

Du Cadillac Sixteen, l'équipe a conservé les quatre portières, mais celles de l'arrière ont été transformées en "antagonistes", c'est-à-dire qu'elles s'ouvrent en opposition avec celles de l'avant, permettant la suppression des piliers centraux et facilitant d'autant l'accès à l'arrière.

 

Aussi, on a définitivement retiré le toit du Ciel (!). Cherchez tant que vous voulez, vous ne trouverez ni faîte rigide, ni capote souple protégeant les occupants - et tant pis si l'ondée se pointe.

 

Les méga-roues de 24 pouces ont cédé le pas à des pneumatiques de 22 pouces (bon, ça reste méga, c'est certain) et on a rajouté la traction intégrale.

 

Surtout, au lieu du moteur V16 de 13,6 litres (vous avez bien lu…) de 1000 chevaux, Cadillac a plutôt joué la carte “verte”. Autres temps, autres moeurs.

Sous le capot du Ciel, on a donc opté pour un moteur V6 bi-turbo (3,6 litres) et une motorisation électrique, produisant en combiné quelque 425 chevaux.

Voilà qui n’est pas de trop, pour une masse qui veut taire son poids, mais qui doit sûrement faire osciller la balance au-delà des cinq tonnes, à en juger par ses 5,2 mètres de longueur et ses 3,2 mètres d’empattement.

C'est long, longtemps

Juste pour notre curiosité (et la vôtre, bien sûr), nous avons fait le tour des voitures actuellement offertes sur le marché afin de vérifier lesquelles disposaient d’un empattement plus long que celui du Cadillac Ciel.

Eh bien, elles se comptent sur les doigts d’une seule main: BMW Série 7 allongée, Bentley Mulsanne et, évidemment, tous les modèles Rolls-Royce. Même le sous-plancher de l’Audi A8L ne s’étire pas autant.

C’est dire que même aux deux places arrière du Cadillac Ciel – des fauteuils individuels, notez bien – l’espace aux jambes est assuré d’être celui d’une section première classe d’aéronef.

Le temps de la romance...

En présentant son Ciel, Cadillac a bien dû prononcer 42 fois le mot “romantique”. Et vrai que la voiture peut rappeler une époque où la romance était encore à la mode et que rien ne valait une balade en bordure de mer pour impressionner la tendre moitié.

Pour ajouter à la chose, Cadillac a choisi de vêtir la carrosserie de son prototype d’une teinte Cabernet. Vous avez compris qu’on voulait évoquer la translucidité d’un verre de vin rouge.

Dedans, c’est spectaculaire, à la limite du “Rolls-Royce”. Les cuirs sont souples, les détails minutieux et on a tapissé ici et là l’habitacle de bois d’olivier.

Évidemment, pas n’importe quel bois d’olivier: on n’a utilisé qu’un seul arbre, que l’on affirme tombé mort sur la Côte Ouest, donc qu’on n’a pas eu à assassiner.

Mieux encore: des ébénistes ont pris soin de photographier le tronc découpé avant d’en faire sécher les pièces. But visé par cette opération: rassembler le tout de façon à ce que, dans l’habitacle, le grain corresponde parfaitement.

Avouez que ça vaut presque les vaches surprotégées d’Aston Martin, pour que leur cuir, que l’on veut parfait, soit à l’abri des aléas de la nature…

Cachemire pour vous, Maaaadame

Un prototype ne serait pas digne de son nom sans quelques gizmos qui le distinguent.

Ici, on a pensé que des couvertures (de cachemire, bien sûr), s’extirpant et se rétractant de leur compartiment, à la manière des ceintures de sécurité, pourraient être fort utiles aux passagers, lors des “petites fraîches”.

Dans les appuie-bras, on retrouve des portails de connectivité qui permettent d’effectuer une réservation au resto gastronomique du coin, vérifier la clémence de la météo (n’oubliez pas: le Ciel n’a pas de toit…) ou encore télécharger des photos sur son réseau social.

Et c’est sans compter le humidor à cigares et … les contrôles d’aromathérapie. Bon, nous aussi, on s’interroge.

Un reproche? Aucun siège-massage n’est offert, mais peut-être est-ce parce que la chose est trop banale, avec ces Allemandes de production qui l’offrent déjà.

Vous vous en doutez, le Cadillac Ciel n’a aucune intention de production.