10 000 voitures électriques au Québec? C'est faux, dit un analyste
Avec le projet de loi 104 sur la mise en oeuvre de la Politique énergétique 2030 tout juste déposé à l’Assemblée nationale, la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) a recensé le nombre de véhicules que le gouvernement provincial considère comme «électriques» et qui sont immatriculés dans la Belle Province.
Depuis, c’est la statistique suivante qui vagabonde dans les médias: au 31 mars 2016, exactement 9163 véhicules électriques circuleraient sur nos routes.
Le hic, c’est qu’au Canada, dit Dennis DesRosiers, président de la firme d’analyse DesRosiers Automotive Consultants, il n’y avait à l’été dernier que… 7 238 voitures 100% électriques immatriculées dans l’une ou l’autre des provinces.
Même si, depuis, les ventes de ce type de véhicules avaient explosé, l’aiguille des parts de marché aurait à peine oscillé: après cinq ans, elle ne dépasse toujours pas le 1% (au Canada, mais aussi dans le reste du monde, notez bien).
Comment le Québec calcule-t-il, alors? Fort simplement: en incluant les hybrides rechargeables, telle la Chevrolet Volt, comme en fait foi notre tableau ci-dessous fourni par la (SAAQ).
Certes, une hybride rechargeable peut rouler en toute autonomie électrique si son propriétaire la branche et qu’ensuite, il la roule en respectant la limite de ses accumulateurs (batteries).
Mais sinon, la voiture utilisera sa seconde motorisation, celle à essence, comme pour tout autre véhicule conventionnel et non catégorisé «émission zéro».
En cinq ans, le Québec a acheté… 4278 électriques
Si l’on retranche ces hybrides rechargeables de l’équation Québec et qu’on ne comptabilise que les voitures 100% électriques, la Belle Province en a donc immatriculées, depuis leurs véritables débuts il y a cinq ans, deux fois moins que proclamé: soit 4278 unités (au 31 mars dernier).
Quelles sont les électriques les plus populaires «chez nous»? La presque moitié sont des Nissan Leaf (1923), alors que le quart sont des Tesla Model S (1032 – pourtant la plus chère des électriques!).
Le reste se divise entre la Chevrolet Spark EV (64), la Ford Focus Électrique (129), le Kia Soul EV (281), la Mitsubishi i-Miev (379, la première électrique commercialisée sur notre continent), la smart fortwo Electric Drive (329) et la BMW i3 (remarquez, cette dernière peut être livrée avec un prolongateur d’autonomie, c’est-à-dire… un moteur à essence.)
Une province plus verte… vraiment?
Quand même: le Québec achète près de la moitié des véhicules électriques qui circulent au Canada, alors qu’historiquement, il ne se procure que le quart des véhicules neufs vendus annuellement au pays de la Feuille d’érable.
Donc, on est plus vert qu’ailleurs?
Pas vraiment. Et là encore, le grand manitou de la statistique automobile réfute, affirmant que le gouvernement du Québec «enjolive» la situation.
Citant une source confidentielle, l’analyste rapporte qu’en 2015, la moitié des voitures 100% électriques ont été achetées non pas par des particuliers, mais par… le gouvernement provincial.
«Non seulement le Québec dénature les chiffres de ventes en incluant les rechargeables, déplore M. DesRosiers, mais il déforme la demande des consommateurs en incluant aux ventes au détail, les unités qu’il a lui-même achetées pour ses parcs.»