Vallée de Napa, Californie – Depuis toujours, la Volkswagen Jetta avait cette aura, ce petit quelque chose, notamment au niveau de la conduite, qui la différenciait des autres.
Et pour les consommateurs que la compacte allemande avait conquis, c’était du “Volks un jour, Volks toujours.”
Sauf qu’à sa sixième et dernière génération, lancée en 2010, la compacte l’a perdue, cette aura.
Elle l’a perdue principalement en troquant sa suspension indépendante pour une banale poutre de torsion à l’arrière.
Vous direz que c’est là une architecture qui dote près de la moitié des voitures compactes du marché et vous aurez bien raison. Mais de la part de la Volks Jetta… on en attendait plus.
Ce qu’elle a cependant gagné au dernier passage générationnel, cette Volkswagen Jetta? Un prix de base sous les 15 000$ – ce qu’elle a pu se permettre en faisant revenir, sous son capot, un ancêtre: le quatre cylindres (2,0L) de tout juste 115 chevaux.
Voilà une motorisation à simple arbre à came en têtes dont les origines remontent aux années 1990 et qui n’a certes pas la frugalité des motorisations modernes, mais qui a le mérite d’être à toute épreuve – ou presque.
Conséquence de ce branle-bas de combat: les ventes ont explosé avec, au Canada, presque deux fois plus de Volkswagen Jetta écoulées (26 904 exemplaires, l’an dernier).
Là où “ça faisait mal”
Plus de ventes signifie plus de bidous dans le compte de banque… et Volkswagen a réinvesti là où, à notre avis, ça comptait le plus: dans le retour, dès cet automne, de la suspension indépendante.
Et sur la route, bon dieu que ce retour aux sources fait du bien. Même si cette architecture n’est pas la plus disciplinée du genre sur chemins cahoteux, elle a retrouvé de son mordant, communiquant davantage avec la route et assurant une tenue plus sophistiquée.
Autre nouveauté: la direction se fait désormais électrique pour toutes les Volkswagen Jetta (sauf pour celle de base, qui conserve l’architecture hydraulique).
Les directions électriques sont un mal nécessaire à la réduction de la consommation en carburant, mais ici, on ne s’en plaint pas, puisque l’assistance se fait légère et efficace à basse vitesse, se précisant de belle façon lorsque les km/h augmentent.
Définitivement, cette direction a plus d’âme que la plupart des concurrentes.
Appelez-la… Jetta 1.8T
Surtout, surtout… : Volkswagen a décidé de mettre au rancart son insolite cinq cylindres (2,5L) – une rareté sur le marché, notez bien – pour le remplacer…
… non, pas par le quatre cylindres turbo de 1,4 litre qui équipe déjà la Volkswagen Jetta Hybrid. Avec “seulement” 150 chevaux de puissance, cet organe aurait été une trop grosse marche à franchir vers le bas – mais ça viendra un jour, disent les bonzes de Volkswagen.
Puisque c’est un cinq cylindres de 170 chevaux et de 177 lb-pi, en poste depuis presque dix ans qu’on voulait remplacer – et avantageusement, de préférence – c’est plutôt un quatre cylindres turbo de 1,8 litre qu’on a conçu, spécialement pour l’Amérique du Nord.
Issu de la famille EA888, dont provient le quatre cylindres 2,0T des Volkswagen GLi et GTi, ce nouveau 1.8T est dit de Génération 3. Et non, il n’a rien à voir avec l’ancien 1.8T offert au tournant du millénaire.
Il sera assemblé au Mexique, dans la toute nouvelle usine de Volkswagen établie à Silao.
Quand le chaud souffle le froid… ou vice-versa
Au programme de ce nouveau 1.8T: 170 chevaux toujours, mais un peu plus de couple, soit 184 lb-pi.
Évidemment, l’injection directe est de mise, d’où le “TSI” qui apparaît au badge. Et, c’était attendu, on a réussi à ce qu’il se produise moins de friction interne et à ce que son poids soit réduit (de 4 kg).
Mais ce qui était moins attendu, c’est qu’on lui a intégré le collecteur d’échappement à l’intérieur de sa culasse. Et pour rafraîchir le bouillant système qui se retrouve ainsi étrangement confiné, on a ajouté un enchevêtrement de canaux pour que circule tout autour le liquide refroidisseur.
Pourquoi se donner tout ce mal, tant à l’étape de la fabrication et, l’histoire nous le dira, quant à de possibles complications lors de l’entretien et des réparations?
Pour deux bonnes raisons:
- au démarrage, le réchauffement des gaz est plus rapide, de sorte que les émissions polluantes sont traitées plus vite;
- à l’opposé, une fois en route, le refroidissement de ces mêmes gaz avant qu’ils n’atteignent le turbocompresseur est plus efficace – ce qui se traduit par une meilleure économie en carburant à vitesse d’autoroute (de 20%, clame Volkswwagen).
L’une des plus vigoureuses
Ok, ça suffit, le niaisage : vous voulez savoir quossé ça donne, ce nouveau quatre cylindres 1.8T?
D’abord, plus de souplesse et de linéarité que pour le cinq cylindres, merci à des pointes de couple qui surviennent dès les 1500 tr/min – soit près de deux fois plus tôt.
Et c’est particulièrement apprécié sur parcours montagneux, où d’autres compactes concurrentes moins puissantes (la moyenne de la catégorie est de 150 chevaux) ont davantage rechigné à la tâche.
De fait, même si la puissance du nouveau 1.8T est similaire au cinq cylindres qui tire sa révérence, et même si le poids de la voiture n’a guère été réduit, ce couple disponible à bas régime permet à la Jetta 2014 d’accomplir le 0-100km/h plus rapidement: de 0,7 seconde avec la boîte manuelle (à 7,3 secondes) et de 0,6 seconde avec l’automatique (7,9 secondes).
Là encore, notez que dans la catégorie des compactes, le 0-100km/h s’effectue, en moyenne, plutôt autour des 10 secondes…
Ceci dit, avec la boîte manuelle, le turbo de la nouvelle Volkswagen Jetta 1.8T fait sentir une toute légère hésitation lorsque le pied droit enfonce brusquement l’accélérateur.
Cette hésitation n’est cependant pas perceptible avec la boîte automatique (toujours à six rapports). Et de fait, cette dernière boîte se marie de façon très discrète avec la nouvelle motorisation, dont la vigueur a la flexibilité d’être livrée sur une large bande – et dans une belle sonorité, de surcroît.
Reste que de toujours, nous préférons le maniement sportif et précis, de même que le passage onctueux et bien étagé des transmissions manuelles de Volkswagen. Alors, nous ne décrierons pas le fait que celle qui s’annexe au nouveau moteur turbo… n’a encore et toujours que cinq rapports.
Disons simplement que c’est une belle occasion manquée de faire monter à bord la manuelle six vitesses qui existe déjà, notamment dans la Volkswagen Jetta TDI…
Et l’économie d’essence, dans tout ça?
Bonne nouvelle: l’économie d’essence de ce nouveau 1.8T semble être au rendez-vous.
Les chiffres officiels parlent d’une réduction, tant en ville que sur autoroute, variant entre 10 et 18% versus le cinq cylindres.
Et vrai que sur un parcours montagneux d’une quinzaine de kilomètres, la Volkswagen Jetta 1.8T 2014, avec boîte automatique, nous a enregistré un beau 8,4L/100km.
Sachez, pour la comparaison, que c’est à peine trois dixièmes de litre de plus qu’une championne de la frugalité telle la Honda Civic (aussi avec boîte automatique) qui nous suivait derrière… un brin péniblement, avec ses 140 chevaux, il faut bien le dire.
Autre bonne nouvelle: la nouvelle Volkswagen Jetta 1.8T se contentera d’essence régulière – et non pas de carburant super, comme c’est généralement le cas avec les motorisations turbo.
Côté prix? C’est presque du nez-à-nez avec ce qui était déjà, avec tout au plus une augmentation de 400$ à 500$ (pour toutes les variantes de Volkswagen Jetta 2014).
Voilà qui, à notre avis, n’est pas trop cher payé pour retrouver le “mordant” auquel la compacte nous avait habitués.
Pour 2014, la Volkswagen Jetta TDI est désormais proposée même pour la variante “Trendline”, ce qui permet à la compacte diesel de s’offrir pour environ 2000$ de moins (à partir de 22 490$, maintenant).
À surveiller…
À surveiller au cours des prochains mois pour Volkswagen au Canada?
- L’arrivée, dans les premiers mois de 2014, du nouveau moteur turbo 1.8T dans les Volkswagen Passat et Volkswagen Beetle; un court essai avec la berline intermédiaire nous fait dire qu’on ne s’ennuiera pas du cinq cylindres là-dedans…
- Un nouveau moteur diesel TDI pour 2015 (dans les Volkswagen Jetta, Golf, Beetle et Passat); on le promet plus efficace encore, malgré l’ajout d’une dizaine de chevaux (à 150 poulains). Notez que le couple demeurera à 236 lb-pi;
- Très attendue à la fin 2014, et à temps pour l’année-modèle 2015, la nouvelle Volkswagen Golf de septième génération, qui roule déjà en Europe, sortira pour la première fois des chaînes de montage de Puebla, au Mexique. De fait, il s’agira de la toute première Volkswagen Golf à ne pas être fabriquée en Allemagne.
- D’ici deux ou trois ans, surveillez l’arrivée d’une nouvelle génération de Volkswagen Tiguan; l’utilitaire compact sera enfin offert avec la motorisation diesel…