Mercedes CLA: Le vilain petit canard se transforme en cygne
Marseille et Saint-Tropez, France - On l'a déjà dit, les Allemands auraient été fous de ne pas surfer sur l'onde de choc visuel provoquée il y a une dizaine d'années (déjà!) par la CLS. C'était alors une première, un tel coupé avec non pas deux, mais bien quatre portes et sans pilier central pour détruire l'exercice.
Voilà qui a fait des émules: Volkswagen CC, Jaguar XJ, Audi A7, BMW Grand Coupé… et maintenant, Mercedes CLA, qu'on pourrait considérer comme un bébé CLS, avec son tiers de mètre en moins.
Et encore une fois, le constructeur allemand crée un nouveau segment de marché. Car pour le moment, on ne sait trop de quel côté viendra la concurrence.
Des Audi A3 ou A4? Des BMW Série 1 ou Série 3? De l'Acura ILX, de la Buick Verano, de la Cadillac ATS?
On s'en reparlera dans un an. Espérons simplement, pour Mercedes, que cette compétition ne viendra pas de sa propre Classe C.
Une Classe B - bien - déguisée
Avouez, la Mercedes CLA est peut-être l'une des plus jolies - et élégantes voitures de l'heure, toutes catégories confondues. Elle a l'air chic, à la fois jeune et intemporelle.
Pas mal, pour la première berline à traction de la famille à débarquer sur notre continent...
Mais sous l'allure de coupé aux lignes racées, sous la calandre "en diamant" du plus bel effet (surtout avec les accents métallisés du groupe d'options AMG), sous les lignes prononcées qui s'élancent aux flancs, se cache... une Classe B.
Même plateforme (la MFA, pour Mercedes Front-wheel drive Architecture), même empattement et même moteur, soit un quatre cylindres turbo à injection directe de 2,0 litres, pour 208 chevaux et 258 lb-pi. Aussi, même transmission (nous y reviendrons) et même système de suspension, une bonne vieille multibras à l'arrière.
Mais autres moeurs, autre conduite...
Mais, moeurs plus libérés obligent, la conduite n'est pas la même. Pour la Mercedes CLA, le comportement est plus posé, merci à une garde au sol aussi basse que 125mm (bien hâte de voir ça dans nos bancs de neige...).
Aussi, la direction (pourtant de même architecture électrique) est beaucoup plus substantielle, comme pour une voiture pas mal plus imposante. Jamais nous n'aurions pensé dire ça, mais nous aurions pris un peu plus de légèreté dans le volant.
Sinon, il faut savoir que cette direction a le mérite de corriger les inconforts - elle a entre autres bien compensé pour un violent mistral français à dépeigner le déjà décoiffé François Hollande.
La suspension? Il y a la "confo" et il y a la "sport, qui se raffermit de 30%. C'est de la différence, ça, chers lecteurs. Et évidemment, nous avons préféré cette seconde proposition, pour sa fermeté bien disciplinée et parce qu'elle rend la voiture encore plus assurée.
Surprise, surprise: le constructeur allemand n'entend pas faire débarquer de ce côté-ci de l'Atlantique les CLA à suspension... confo: il ne nous réserve que les CLA à suspension sport.
Yes!
Le 0-100km/h en 6,7 secondes
Côté mécanique, on a beau avoir affaire au même organe que pour la Classe B, l'expérience est bien différente. D'abord, le son qui s'extirpe du pot d'échappement, guttural, est intéressant à faire vrombir pour le plaisir de l'oreille. M'est avis qu'il s'agit là d'un des quatre cylindres qui, de tout le marché, sonne le mieux.
Aussi, la puissance de la Classe B nous était apparue peu progressive, avec un turbo qui mettait un temps avant de s'ébranler. Ici, la vigueur est beaucoup plus linéaire. Bon, une variante de performance (la CLA 45 AMG 4Matic) viendra un jour et on rêve déjà de 365 chevaux sous le capot.
Mais sinon, la CLA250 se satisfait de ses 211 chevaux. Les accélérations ne sont pas les plus dithyrambiques, la voiture misant davantage sur le solide et le mature. Mais le 0-100km/h s'effectue en 6,7 secondes... quand même.
La boîte automatique: grrr...
Pas de boîte manuelle au catalogue, qu'une automatique à double embrayage à sept rapports avec palettes au volant. Et c'est là l'un des rares défauts - mais le plus grand - de la voiture.
Nous n'y arrivons pas. Nous n'arrivons pas à nous faire à cette transmission qui, malgré des passages instantanés comme il se doit pour une telle boîte à double embrayage, ne présente malheureusement pas de mode intermédiaire entre le "sport", "l'éco" et le "manuel".
Un mode "normal", ça ne vous aurait pas tenté? Nous, si.
Au lieu de quoi, il faut vivre avec des manipulations qui se soldent par des réactions pas toujours logiques versus ce que les autres boîtes concurrentes parviennent à faire. (La DSG de Volks/Audi, pour ne pas la nommer, devine pas mal mieux les intentions du conducteur.)
Un autre défaut
Autre défaut: le système d'arrêt-démarrage. L'intention est bonne, même qu'il faut féliciter Mercedes d'offrir pareille technologie de série sur une voiture dont le prix débute à 33 900$ (à mi-chemin entre les 29 900$ de la Classe B et les 37 300$ de la Classe C).
Mais à une époque où les véhicules hybrides ont appris à faire la transition "stop and go" sans heurt, Mercedes n'a pas encore réussi la chose. Résultat: lorsque le moteur de la CLA se remet en marche, il le fait avec un ébranlement de caisse qui donne envie de désactiver le dispositif.
Ce qui est heureusement possible, mais la consommation en carburant en prendra alors pour son rhume, en situation urbaine.
Priez pour le diesel!
Parlant consommation: un peu sur l'autoroute, puis sur les petites routes sinueuses du Sud de la France, notre CLA250 nous a fait enregistrer du 8,5L/100km.
Pour ce, on doit remercier l'un des plus bas coefficient aérodynamique de l'industrie - du 0,28cx, c'est généralement l'apanage des voitures hybrides.
Mais quelques instants plus tard, nous parcourions trajet semblable... à bord d'une CLA 220 CDI - une motorisation diesel de 170 chevaux qui ne nous est pas (encore) promise. Et c'est alors du 6L/100km que nous avons vu s'afficher à l'ordinateur de bord...
Surtout, avec 258 lb-pi de couple fabuleux sous le pied droit, nous avons senti cette CLA diesel plus légère (malgré ses 45 kilos supplémentaires), plus athlétique en virage et de comportement en général plus souple - pourtant, son 0-100km/h demande une bonne seconde et demie de plus que pour la CLA250.
Dedans
Dans l'habitacle, cette planche de bord sombre, mais bien aménagée est une presque copie conforme de la Classe B, à commencer par ces bouches d'aération tout en rondeur.
Comme pour la B, l'écran de bord n'a pas encore appris la "tactilité", mais il est simple à manipuler et, même non enclavé, il n'est pas troublé par les rayons. Une distinction, cependant: à l'instrumentation, les cadrans ne sont pas noirs, mais plutôt à fond argenté, comme pour la SLS - et c'est encore plus beau.
La Mercedes CLA a beau être une compacte, l'espace réservé aux genoux arrière n'est pas trop restreint. Ce qui l'est davantage, c'est le dégagement aux têtes. Notre 5,7 pieds a à peine trouvé à se caser, mais que voulez-vous, c'est le prix à payer pour une courbure arrière "dramatique", comme disent les anglais.
Autre reproche: les appuie-tête avant sont fixes. Pas d'ajustements possibles, contrairement à la Classe B. Par contre, les sièges sont mieux sculptés et, par conséquent, plus confortables.
Sinon, que de bons mots pour la qualité des matériaux et de leur assemblage, de même que pour l'insonorisation, digne d'une bibliothèque. Le coffre? Croyez-le ou non, il héberge 470 litres, soit autant que celui de la Classe C (475 litres).
Bravo pour le siège conducteur à ajustement électrique, de série. Si nous devions nous commander une CLA 250, nous ajouterions cependant le groupe Premium, avec son toit panoramique qui éclaire tout le monde à bord, ses sièges chauffants et sa climatisation automatique bi-zone.
Nous choisirions aussi le régulateur de vitesse intelligent et la prévention assistée de collision.
Surtout la prévention assistée de collision. Trop occupés à admirer la campagne provençale, nous n'avions pas remarqué que la circulation s'était arrêtée devant nous. Et n'eut été de ce dispositif discret, mais combien efficace, nous aurions sans doute testé l'efficacité des coussins gonflables...
Question de temps
En septembre, c'est d'abord la Mercedes CLA250 qui nous arrive. Deux mois plus tard, ce sera au tour de la CLA 45 AMG (livrée chez nous uniquement avec la traction intégrale 4Matic).
Nous anticipons, pour cette dernière, un prix d'étiquette entre les 45 000$ et 50 000$. Il s'agira là de l'AMG la plus abordable - et de la toute première à moteur quatre cylindres. Et la seule voiture AMG à traction intégrale, notez bien.
Ah, l'évolution...
Il faudra patienter jusqu'au printemps 2014 pour la Mercedes CLA 250 4Matic. Ce système à distribution variable de couple est plus léger d'un bon 25% versus les autres tractions intégrales, aidant la compacte de luxe à conserver un poids léger, comparativement aux autres (à partir de 1480 kilos).
Personnellement, nous attendrions cette version AWD. Elle ne devrait rajouter que 2500$ à la facture, mais le fait que le couple puisse se transférer jusqu'à 50% aux roues arrière nous fait penser que c'est la variante à privilégier pour l'hiver québécois.