Kia Sorento 2014: Un utilitaire sur le Prozaaaac...
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À première vue
Le Kia Sorento n’était pas mûr pour un passage générationnel, mais que voulez-vous: le Hyundai Santa Fe, son principal et plus féroce concurrent, vient d’adopter une nouvelle plateforme et le jumeau coréen n’a donc pas voulu demeurer en reste.
Kia parle d’un “remodelage”, mais entre vous et moi pis la boîte à beurre, c’est bien davantage.
Au-delà de la nouvelle plateforme, le Kia Sorento 2014 hérite en effet d’un nouveau V6 à injection directe (3,3 litres), pour plus de puissance (290 contre 276 poulains).
Qui plus est, sa suspension a été revue et quelques gâteries optionnelles se sont ajoutées – pensez hayon à assistance électrique, volant chauffant, sièges ventilés à l’avant et banquette chauffante à l’arrière.
Déjà que le véhicule n’était pas piqué des vers, côté équipements pour le prix…
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Intérieur
Le Kia Sorento 2014 continue d’être avantagé par sa position “entre deux chaises”.
À mi-chemin entre l’utilitaire compact et l’intermédiaire, il offre un espace cargo spacieux, avec 2251 litres une fois la banquette rabattue.
Voilà pourquoi il ose encore la 3e rangée, une rareté dans la catégorie. (Il n’y a plus que le Mitsubishi Outlander pour faire de même, le nouveau Toyota Rav4 venant tout juste d’abandonner la partie).
Certes, ces deux places supplémentaires sont restreintes mais, à l’occasion de courts voyages, elles savent dépanner.
Notre version d’essai du Kia Sorento 2014, la SX V6, présentait un prix d’étiquette à un poil au-dessus des 40 000$ (le prix de base débute sous les 27 000$).
C’est donc dire que nous avions droit à du “full equip”, avec revêtement de cuir, méga-toit panoramique et hayon à ouverture électrique (une première pour le Sorento). Yeah man.
De fait, le Kia Sorento, ainsi perché en haut de l’échelle des variantes, fait très “de luxe”, avec ses matériaux agréables au toucher et soigneusement assemblés, son atmosphère “cozy” et son excellente insonorisation (qui n’est perturbée que lorsque les pneus roulent sur des surfaces granuleuses).
Par ailleurs, les sièges sont confos et, merci à l’ajustement lombaire électrique, la vie était encore belle, même après presque 1000 km de route en deux jours.
Deux petits reproches, cependant: la banquette centrale est lourde à rabattre et – dommage, dommage – elle n’accepte pas de s’avancer, ni de se reculer. Voilà qui aurait créé encore plus de polyvalence intérieure, mais bon.
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Technologie
Il ne manque pas grand chose au Kia Sorento 2014 pour être parfait, mais quand même: on n’a pas encore droit à la lecture des textos (ça existe de plus en plus dans l’industrie) et aucune alerte de circulation transversale ne vient sécuriser les manoeuvres de recul.
Cette dernière aide à la conduite serait d’autant nécessaire que les très larges piliers arrière handicapent la vision. Notre conseil? Ne partez pas avec un Kia Sorento sans caméra de recul…
Sinon, l’utilitaire est l’un des plus simples véhicules de l’heure à apprivoiser, à commencer par son système de navigation qui n’a absolument rien de… coréen. On peut même y entrer des adresses en mouvement – ok, ce n’est pas recommandé tout en conduisant, mais c’est tellement plus pratique que d’avoir à s’arrêter au bord du chemin…
Un bon mot pour l’alerte aux angles morts (une nouveauté pour 2014): il est l’un des dispositifs du genre qui nous a le moins agacés. Il fait ce qu’il faut, quand il le faut – et discrètement, s’il vous plaît.
De fait, de tous les véhicules que nous avons testés jusqu’à présent, c’est le seul système que nous n’ayons pas désactivé – ce que nous faisons généralement dans les premières minutes d’une conduite. (OK, c’est peut-être nous qui avons besoin de Prozac, finalement.)
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Conduite
Un utilitaire sur le Prozac, donc. Et vrai que le Kia Sorento 2014 est de comportement placide.
D’abord, son nouveau moteur V6 de 3,3 litres à injection directe (version essayée) est d’une douceur à la “Cottonelle”. Il livre ses 290 chevaux en souplesse, en toute linéarité et sans tergiversation aucune.
C’est d’ailleurs là l’une des puissances les plus élevées – et les plus crémeuses de la catégorie. Ce qui explique cependant qu’à 10L/100km, à vitesse d’autoroute (et un peu moins si on enfonce la commande “eco”), la consommation n’est pas le meilleur exemple de frugalité qui soit.
Besoin de remorquer? Pas de stress, l’ami: le moteur tracte jusqu’à 3500 livres (1590kg), soit deux fois plus que la majorité des utilitaires compacts concurrents.
La sérénité se retrouve également dans l’unique boîte offerte, une automatique six rapports qui propose des changements si imperceptibles qu’on n’a même pas l’idée de s’en mêler – ce que l’on pourrait faire, puisque le mode manuel est disponible.
Aussi, la suspension arrière (à multibras) a été revue pour encore plus de confort routier. De fait, c’est même limite sur les cahots, qui font rebondir la caisse trop mollement à notre goût.
Mais à tout le moins, ça a le mérite d’être “nids-de-poule-friendly” et aussi confortable que ne le sont vos pantoufles préférées.
La direction, qui délaisse l’hydraulique pour l’électrique, adopte dans les versions haut de gamme le dispositif “Flex”, qui permet de sélectionner, au choix du conducteur, une assistance normale, confortable ou sport.
Vous savez quoi? En mode “confo”, c’est comme si l’élastique s’était rompu. Et même en mode sport, c’est un peu trop lâche pour notre désir de contrôle.
Rien donc pour s’exciter le poil des jambes, donc, mais dans l’ensemble, on a droit à un comportement tout tranquille, à la Toyota.
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Valeur
Ça n’existe plus, des Kia “cheap”. Leur prix équivaut à ceux de la concurrence, mais avec un lot d’équipements à faire paniquer la compétition.
Ici, un bémol, quand même: vrai que le prix de base (26 695$) pour le Kia Sorento avec moteur quatre cylindres est intéressant, d’autant qu’il inclut les sièges chauffants – entre autres.
Mais cette motorisation d’à peine 191 chevaux est limite et beaucoup moins crémeuse que le V6. Vous voudrez donc le “gros moteur”, mais l’étiquette débute alors à 29 495$ (variante LX).
Certes, on y retrouve moult équipements, à commencer par la radio satellite, les commandes vocales, les phares antibrouillard et la clé intelligente.
Mais pour s’adjoindre la traction intégrale, il faut verser 2000$ supplémentaires – ce que nous vous suggérons fortement. Car un utilitaire au Québec sans “AWD”, c’est comme un skieur… sans ski.
Qui plus est, ce système a l’avantage du verrouillage manuel 50-50 (entre les deux essieux), pour permettre, en situations malencontreuses, de prévenir plutôt que de guérir.
Ceci dit, vous voudrez également la nécessaire caméra de recul (relisez pourquoi plus haut).
Et pourquoi pas le revêtement de cuir, la climatisation automatique double zone, le volant chauffant, le toit panoramique – l’un des plus grands actuellement offerts par l’industrie…
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Conclusion
Si vous succombez au syndrome du “tant qu’à y être”, vous courrez allègrement, pour le Kia Sorento, vers une facture de plus ou moins 40 000$.
Et honnêtement, la pilule (de Prozac?) commence alors à être difficile à avaler.
C’est que dans de telles eaux financières, naviguent les Ford Explorer, Nissan Pathfinder, Grand Cherokee et autres (plus grands) utilitaires du genre, qui ne consomment pas bien davantage…