L’année 2014 est le théâtre de plusieurs ajustements chez la berline intermédiaire Buick Regal – construite à Oshawa, en Ontario, vous rappelle notre p’tit côté chauvin.

D’abord, on a droit à une discrète mise à niveau extérieure, tant à la calandre qui prend du volume, qu’à l’arrière qui se pare d’une ligne de chrome transversale. Mais pour noter les différences d’avec la précédente itération, il faut un oeil de lynx… ou une Buick Regal 2013 stationnée tout juste à côté.

Dedans, bonne nouvelle: la planche de bord s’est simplifiée, perdant cette horde de commandes “hiéroglyphes” que l’on décrie depuis toujours au profit de commandes tactiles.

L’idée est bonne, mais la résultante n’est pas des plus heureuses: contrôler la climatisation et les sièges chauffants demande non seulement à ce que l’on quitte la route des yeux, mais à ce qu’on s’y reprenne de deux à trois fois avant que ça marche.

Surtout, le moteur quatre cylindres (2,0 litres) turbo à injection directe a été complètement remanié, merci à la Cadillac ATS qui l’a accueilli en primeur. On parle d’une plus grande onctuosité et vrai que sa douceur est exemplaire, que sa puissance est linéaire et que son turbo ne se fait pas attendre avant de livrer la marchandise.

Et désormais, c’est cette motorisation qui est offerte de base. C’est dire que le quatre cylindres (2,4 litres) de 182 chevaux disparaît du catalogue 2014 (sauf pour la variante verte “e-Assist”, mais ça, c’est une autre histoire).

La théorie du verre à moitié vide…

Alors que la nomenclature “turbo” de la Buick Regal se conjuguait jusqu’à présent en deux propositions – une Turbo de 220 chevaux et une GS de 270 chevaux – voilà qu’une seule puissance est désormais offerte: 259 chevaux.

Vous avez le choix du verre d’eau à moitié vide ou à moitié plein: soit vous vous plaignez que la Buick Regal GS voit sa vigueur réduite d’une dizaine de chevaux (son couple demeure cependant le même, à 295 lb-pi), soit vous encensez la Buick Regal Turbo, qui gagne du coup une quarantaine de chevaux et de lb-pi.

Nous, on encense.

Nos critiques vont plutôt vers le peu de rangement intérieur, l’espace restreint aux genoux arrière, ainsi qu’aux plastiques qui n’ont pas le “glamour” d’une berline de luxe – et à notre avis, ce sont là les principaux défauts de la Buick Regal 2014, AWD ou pas.

Oh, on aurait certes bien voulu que la boîte automatique joigne la tendance qui fait grimper le nombre de rapports à sept ou huit rapports (comme chez les Allemandes, notamment). Sauf que l’organe à six rapports qui est reconduit fait résolument du bon boulot, en toute transparence.

Le nouveau moteur se vante d’une meilleure consommation en carburant? Pour vous confirmer la chose, il nous faudra un essai routier plus en profondeur que ces quelques moments passés à “spinner” sur la glace.

Y’a de l’Opel Insignia là-dessous…

Vous avez bien lu: “spinner” sur la glace. Et ça, la Buick Regal sait très bien le faire.

Pardon: elle ne le fait pas, tout au contraire.

C’est que pour 2014, la berline de luxe hérite (enfin!) de la traction intégrale dont jouissait pourtant déjà la Buick LaCrosse.

Et comme pour sa grande soeur, la Buick Regal hérite d’un système (de la suédoise Haldex) qui a le bonheur de miser sur un différentiel à glissement limité.

Voilà qui fait varier le couple non seulement de l’essieu avant à l’essieu arrière (jusqu’à 90% en conditions extrêmes), mais également entre les deux roues arrière.

Le genre n’est évidemment pas nouveau; pensez au “SH-AWD” lancé il y a une décennie par Acura et, plus récemment, à la technologie venue bonifier les Jaguar XF et XJ AWD.

Quand même: rendons à César ce qui… fait que César est César: autant sur la piste glacée du circuit Icar, à Mirabel, que sur les routes rendues “slusheuses” par la dernière tempête, notre Buick Regal GS AWD a solidement maintenu le cap. On a même eu du “fun” à essayer de la faire embrasser les congères…

Certes, le poids de la voiture n’est pas plume (son nouveau système de traction intégrale lui ajoute d’ailleurs 136 kilos). Et la distribution en est loin d’être parfaite, avec presque le deux tiers de la masse reposant sur l’essieu avant.

Mais si l’on n’a pas droit à une conduite relevée qui nous fasse crier “béhème”, reste que la direction désormais électrique (pouvez-vous croire qu’on misait encore, jusqu’à l’an dernier, sur une crémaillère!) n’a heureusement pas l’absence d’émotions que l’on reproche généralement à ce type d’architecture.

De fait, le plaisir de manœuvrer la Buick Regal GS AWD (dans le silence d’une bibliothèque, merci à une intense insonorisation) est plus grand que pour certaines bagnoles japonaises de même gabarit.

Mais il ne faut pas se surprendre que le comportement routier de l’américaine, à la fois mature et de bon caractère, soit loin d’être ennuyant. Après tout, sous l’allure bien élégante, se cache l’européenne Opel Insignia…

Vraiment “GéS-essaire”?

On vous a mentionné plus haut que le moteur turbo de 2,0 litres devenait le moteur de base. C’est donc dire qu’il n’y a plus de différence d’une cinquantaine de chevaux de puissance entre la Buick Regal Turbo et la Buick Regal GS.

Toutes deux sont désormais à armes égales, côté motorisation. Pour se démarquer, la variante GS 2014 doit donc proposer autre chose.

Elle le fait avec une suspension arrière dite plus “sportive”, de (magnifiques) jantes de 20 pouces laissant tout présager de ses freins Brembo et, surtout, la conduite interactive.

Ce dispositif se décline en trois modes de calibration, qui influent sur les paramètres d’accélération, de transmission, de traction intégrale et de direction. (Sachez au passage qu’une boîte manuelle six vitesses peut être commandée, mais uniquement avec la Buick Regal GS sans traction intégrale).

Mais cette GS, est-elle bien nécessaire? On pense que non.

C’est que la clientèle type de Buick n’est pas du genre à vouloir lancer “son char” sur un circuit routier. Buick semble bien l’avoir compris en n’offrant toujours pas, pour sa Buick Regal, les palettes de changement des rapports au volant, pourtant l’apanage des berlines de performance.

Mais toute cette belle technologie GS a un prix: à partir de 42 925$ pour la Buick Regal GS AWD, voire presque 50 000$ si l’on ajoute les alertes de collision, de circulation transversale, le régulateur de vitesse intelligent, alouette.

Notre conseil: tenez-vous en à la Buick Regal Turbo AWD. À partir de 35 375$, voilà qui est beaucoup plus raisonnable.

Vous avez vraiment envie de verser plus ou moins 50 000$ pour une berline américaine sportive? Reluquez du côté de la (toute aussi) belle Cadillac ATS, dotée d’un V6 de 321 chevaux…