Votre prochaine aventure? Le Rallye Targa de Terre-Neuve

On peut prendre un avion et faire un saut à peu près n’importe au Canada, mais jamais, je vous le jure, jamais vous ne verrez autant de pays – et d’aussi près – qu’avec le Rallye Targa.

Et quel coin de pays, s’il vous plaît : Terre-Neuve, c’est l’une des plus belles régions maritimes de toute la planète. Bords de mer, petits villages de pêcheurs où l’on sent les communautés tricotées serrées…

Là-bas, c’est un peu comme si vous plongiez dans les années ’70. Les chambres d’hôtel ne connaissent pas encore les cartes magnétiques et les menus n’ont pas encore fait connaissance avec les dernières tendances diététiques : Fish’n Chip et langues de morue sont la spécialité, tant pis pour votre diète…

Débarquer sur l’île revient à rétrograder de quelques rapports votre rythme quotidien trépidant et ce, pour le plus grand bien de l’âme. Et vous tomberez en amour avec celle qui appelle ses communautés « Come by chance » ou « Sunnyside ».

Depuis trois ans, un grand rallye permet à des aventuriers comme vous, de plus en plus nombreux, de faire connaissance avec la belle de l’Est. Le Targa, c’est dix jours d’automne passés à parcourir 2200 kilomètres. D’un littoral salé à une région montagneuse, l’itinéraire traverse 70 communautés.

Les participants du Targa s’amènent à bord de tous genres de véhicules, de tous âges aussi : une Austin Healy 1953, une Mini Cooper John Cooper Works 2004, quelques Mustang des années ’60, une Porsche 911 Targa 1976, une BMW Bavaria 1972, une Caterham Super7 1988, une Audi TT 2001, une Subaru WRX STi remontée, un PT Cruiser 2003, une Mazda6 familiale 2004… alouette !

J’ai eu l’occasion de prendre part à l’événement en septembre dernier, sur l’invitation de l’équipe Subaru. Qui dit Subaru, dit rallye, non?

Ce que j’ai pu être gâtée : on m’a fourni une mythique Legacy GT noire, avec sièges sport, harnais en six points et casque protecteur. Le moteur turbo de 250 chevaux et ses sprints aux fils d’arrivée ont rendu jaloux la plupart des concurrents, alors que la traction intégrale permanente a assuré plus qu’à son tour, croyez-moi.

Surtout, alors que les participants devaient s’occuper eux-mêmes de leur bolide, une équipe complète de mécanos veillaient à ce que le mien soit toujours au meilleur de sa forme et pleinement rassasié en carburant. La grosse vie sale, quoi.

Bon, d’accord, vous n’êtes pas l’invité de Subaru. Il vous faudra donc dénicher une voiture, ou encore conduire la vôtre jusque là-bas. La fidèle qui vous mène quotidiennement du point A au point B peut très bien faire l’affaire, en autant qu’elle promette de tenir le coup pendant la quarantaine de « spéciales » qui l’attendent. Après tout, ce ne sont que 6000 entrées au ‘Roadbook’, dont 3900 virages…

Ne vous reste plus qu’à avancer quelque 3500$  (une somme qui n’inclut ni l’hébergement, ni les repas du soir) et vous voilà inscrit dans la classe Touring, celle où la navigation prime sur la vitesse.

Le but du jeu : franchir les épreuve dans les temps donnés et à la vitesse moyenne prescrite, ce qui devrait vous permettre d’éviter les infâmes secondes de pénalité.

Vous aurez compris que moins vous récoltez de pénalités, plus vous avez de chances de monter sur le podium… Dit comme ça, cela semble simple, mais l’opération requiert concentration, patience et discipline. La calculatrice deviendra votre plus grande amie…

Si vous êtes encore plus fou que ne le disent vos amis, modifiez votre voiture avec cage de sécurité, freins et pneus de performance et, pourquoi pas, ajoutez un petit turbo sous le capot.

Procurez-vous une licence de course automobile et inscrivez-vous dans la classe Targa Compétition – même prix, mais testostérone garantie! Vous en aurez pour votre argent alors que, le pied au plancher, vous tenterez de battre votre record personnel cinq à six fois par jour, minimum!

Vous prendrez un malin plaisir à passer outre les panneaux de limitations de vitesse ou d’arrêts obligatoires;

vous ferez un pied de nez à la ligne jaune et consommerez toute la route, puisque vous saurez qu’aucune circulation ne vient en sens inverse;

vous vous rirez des dérapages, vous n’en finirez plus de faire crier le caoutchouc sur le bitume, vous demanderez des vitesses encore plus élevées et des virages encore plus serrés.

Un petit conseil, cependant. Commencez donc par la classe Touring. Elle constitue une excellente façon d’apprivoiser le rallye, son processus et son étiquette. Mais je le sens : «in» comme vous l’êtes, vous allez opter pour le Targa compétition.

Alors, un autre conseil : si vous songez à utiliser votre propre voiture, prévoyez un véhicule de rechange pour le futur, car il n’est pas dit que le tout se passera sans heurt…

Un dernier tuyau : prenez-le temps. Prenez-le temps de découvrir la province oubliée, mais aussi ses fantastiques gens. Ces Canadiens du bout du monde sont si heureux de vous voir débarquer sur leur île qu’ils ferment écoles, commerces et banques sur notre passage, afin de mieux s’amasser en bordure des routes, tout sourires.

En fin de journée, ils se réunissent aux arénas ou centres communautaires où vous vous garez pour la nuit et glissent leur nez sous les capots, posent mille et une questions, demandent des autographes…

Surtout, prenez le pouls du rallye, de ses participants et laissez-vous envahir par cet esprit d’équipe et de camaraderie qui règne d’un bout à l’autre de l’événement. De nouvelles amitiés, sans conteste l’aspect le plus important du rallye, se lient avec des gens d’un peu partout : Canada, mais aussi Californie, Texas, Angleterre, voire Australie.

C’est qu’il est international, ce Targa. Et il vous promet des souvenirs impérissables.

Oh, pour ceux que ça intéresse, nous avons terminé quatrième dans notre catégorie. Pas mal, pour une première expérience, vous ne trouvez pas ?

La quatrième édition du Targa aura lieu du 10 au 18 septembre 2005.

Pour informations : www.targanewfoundland.com