Véhicules récréatifs: faire le bon choix, pour mieux en profiter
La Liberté en VR: c’est pour qui?
Près de deux millions de ménages canadiens (et près de 300 000 ménages québécois) sont propriétaire ou ont accès à un véhicule récréatif (VR).
C’est 14% de la population canadienne adulte qui le disent avec passion: au-delà des voyages et des vacances, c’est la liberté qu’ils s’offrent. (Impact économique de l’industrie canadienne du camping et analyse des tendances (2014), étude réalisée pour le Conseil canadien du Camping et du VR.)
Cette liberté, on peut choisir de la vivre de façon sédentaire en s’établissant pour plusieurs semaines, voire plusieurs mois au même camping, que ce soit sur un lac laurentien, en bord de mer floridienne ou dans le désert d’Arizona.
Ou on peut la vivre en nomade, en partant sur un coup de tête la fin de semaine ou en rejoignant des destinations lointaines qu’autrement, on n’aurait pas visitées. On n’en a pas assez? On étire le séjour. Dame Nature n’est pas charitable? On débranche tout et on roule vers des cieux plus ensoleillés.
Trois grandes classes
Il existe trois grandes classes de motorisés
- la classe B regroupe les petits fourgons aménagés en VR, tels les Safari condo ou les Mercedes Sprinter;
- la classe C regroupe les fourgons à capucine, c’est-à-dire dont l’habitation s’avance au-dessus de la cabine du conducteur et permettant une zone de couchage; la classe B+ regroupe ce même type de motorisés, mais sans zone de couchage au-dessus de la cabine de pilotage, ce qui permet une silhouette plus aérodynamique;
- la classe A regroupe ces VR aussi gigantesques que des autobus – d’ailleurs, ils en retiennent le nez plat.
Partout chez soi
Tout en répondant aux besoins d’aventure, de détente et de «changer d’air», le VR permet de transporter le confort et les commodités de son foyer. On est chez soi partout et on dort tous les soirs dans son lit, bordé par une plage mexicaine, le silence des Rocheuses ou la beauté de la Côte Pacifique.
Qu’il s’agisse d’une roulotte tractée par le véhicule familial, d’une autocaravane motorisée ou d’une roulotte à sellette (fixée à la boîte d’une camionnette et communément appelée Fifth Wheel), le VR permet de partir – et de revenir – quand bon nous semble.
Promptement, qui plus est: tout est à bord du véhicule de plaisance garé dans son entrée, il suffit de remplir le frigo, de ramasser un petit baluchon et hop! on est parti.
Pour les enthousiastes de ce type de vacances, on troque la corvée de traîner ses valises et l’anonymat d’une chambre d’hôtel pour des emplacements en pleine nature, mais aussi pour plonger au coeur d’une communauté réputée pour son empressement fraternel à partager ses connaissances.
Pas pour vous si…
Cela dit, le VR n’est pas pour tout le monde. De tempérament peu social? On n’appréciera guère la proximité des autres campeurs, à moins d’installer son habitation sur quatre roues dans des coins reculés. À moyen ou à plus long terme, on abandonne alors une partie de son confort, puisque ces emplacements sont généralement sans service d’eau, d’égouts ou d’électricité.
On déteste vaquer à l’entretien de sa résidence et/ou de sa voiture? On ne trouvera alors aucun plaisir à jumeler soins ménagers et mécaniques dans un véhicule «récréatif» censé nous apporter agrément ou, à tout le moins, délassement.
De même, mieux vaut passer son tour si on est zéro débrouillard et qu’on frémit à la pensée de brancher et débrancher des connexions aux bornes électriques, des tuyaux au puisard, des conduits au réseau d’aqueduc; mettre les stabilisateurs à niveau sur un sol de terre battue; déployer l’auvent ou la tente-cuisine, mettre en marche le chauffe-eau; différencier l’onduleur du convertisseur, l’isolateur de l’alternateur… alouette.
On n’est pas fervent des feux de bois, de la randonnée pédestre, du vélo, de la baignade, de la pêche ou de la navigation de plaisance? Ce sont là les six activités les plus pratiquées par les campeurs canadiens, révèle la dernière étude menée sur le sujet: Impact économique de l’industrie canadienne du camping et analyse des tendances 2014, pour le Conseil canadien du camping et du VR.
Enfin, les vraies vacances sont pour nous celles où l’on n’a pas à cuisiner et où on se laisse servir? On n’appréciera pas les principaux avantages reconnus à la vie en VR: l’économie des repas au restaurant, la poursuite de sa diète habituelle et le plaisir de se régaler au petit matin en pyjama, ou en plein air en fin de journée, un verre de vin à la main pendant que le BBQ grésille.
Le bon VR, pour partir… du bon pied
Des VR, il y en a pour tous les besoins, tous les goûts et toutes les bourses. La Fédération québécoise de camping et caravaning (FQCC) parle d’une mer de VR, tant du côté neuf que de l’usagé, avec pour (belle) conséquence qu’on trouve facilement chaussure à son pied.
Encore faut-il partir du bon pied. On pourrait d’abord choisir son équipement VR en fonction du prix, mais les experts interrogés pour ce reportage recommandent de considérer ses goûts, ses intérêts et l’utilisation qu’on en fera – avant tout. «Le budget ne devrait pas être le premier critère discriminatoire,» dit Yvon Houle, ancien directeur général de Horizon Lussier et aujourd’hui retraité, mais toujours conseiller spécial à la direction de l’entreprise.
De fait, le VR n’est pas toujours la solution la plus économique pour voyager. Au-delà de son prix d’acquisition et de l’importante dépréciation qui l’affectera (plus encore que pour une automobile), il y a ces emplacements de camping qui coûtent plus cher qu’une nuitée à l’hôtel (en Floride, notamment) et il y a ces coûts d’assurances, d’entretien, de réparations, de remisage…
Il faut aussi savoir, dit la FQCC, que le véhicule de loisir idéal n’existe pas: les inconvénients de l’un deviennent les avantages de l’autre, et vice-versa. On peut s’en tirer pour quelques milliers de dollars avec une tente-roulotte achetée d’occasion, comme on peut investir jusqu’à 2,5 millions de dollars dans un Prévost, l’équivalent du jet privé chez les autocaravanes. (Prononcez le nom de cette division québécoise de Volvo, établie dans Chaudière-Appalaches, et vous verrez briller des étoiles dans les yeux de presque tous les VR-istes…)
Surtout, entre le rêve et la réalité, il y a une marge que la pensée magique et le «on va faire avec» ne peuvent combler. La plus grande erreur des acheteurs à leur premier VR? Le choisir trop petit, dit M. Houle: «Si vous habitez une maison de trois étages avec sous-sol fini, vous n’apprécierez pas votre expérience dans trop petit. Et ce qui, au départ, vous paraissait une aubaine ne le sera pas, si vous n’établissez pas vos besoins réels – et ne les respectez pas.»
Les questions à se poser
Voici donc les principales questions à se poser afin de déterminer ses besoins. (Et des questions, il y en a d’autres dans le document d’une trentaine de pages Acheter ou Vendre un VR préparé par la FQCC – réservé aux membres):
- Pour les utilisations saisonnières et sédentaires, une maison-mobile ou une roulotte-parc sera le bon choix: on n’aura pas à entretenir un moteur qui ne va nulle part.
- On compte beaucoup voyager? L’autocaravane, avec sa cabine ouverte, permet d’accéder rapidement au cabinet de toilette, à la cuisine, voire à l’espace-chambre pour y piquer un roupillon. Mais attention: l’article 396 du Code de la sécurité routière du Québec interdit de se déplacer dans un véhicule routier en mouvement – et l’autocaravane ne fait pas exception. Même qu’il faut y porter la ceinture de sécurité, sans quoi on est passible d’une amende (de 80$ à 100$) et de trois points d’inaptitude.
- Est-ce qu’on priorisera les destinations où il fait toujours beau soleil? Comme on profitera alors de l’extérieur, un «petit» classe B fera l’affaire. (Notez cependant que la populaire destination floridienne auprès des Québécois, Fort Lauderdale, reçoit quand même annuellement 1690mm de pluie, répartis sur 145 jours…)
- Est-ce que notre véhicule peut-être remorqué par l’autocaravane? Si oui, tant mieux. Sinon, il faudra des vélos et/ou choisir un camping près des attractions et des épiceries, «sans quoi il faudra tout débrancher à chaque sortie,» dit M. Houle. À ce titre, la roulotte est plus pratique: une fois stabilisée, elle libère le véhicule tracteur pour les courses et le tourisme.
- On déteste entretenir son véhicule? On n’a aucun talent de bricoleur? Une roulotte évitera les cauchemars, du moins mécaniques. Par contre, on doit s’assurer que son véhicule personnel puisse tracter en toute sécurité. Son manuel du propriétaire indique le remorquage maximal possible et on doit respecter cette prescription. Sinon, on risque d’endommager la mécanique ou, en cas d’accident, d’être soi-même victime d’un châssis automobile qui n’aura pas résisté à l’impact de ce qui suit derrière.
- On planifie de longues distances? On peut préférer une autocaravane de petite taille à moteur diesel, qui nous fera économiser du carburant – jusqu’au tiers, versus une autocaravane à essence. Mais ce n’est pas nécessairement le cas des plus gros modèles: plus puissants (parfaits pour les régions montagneuses) et plus lourds (parce que mieux équipés, par exemple d’une confortable suspension à air), ils sont aussi jusqu’à deux fois plus dispendieux à l’achat (de 230 000$ à plus de 500 000$ pour les neufs) que leur contrepartie à essence (de 110 000$ à 210 000$).
- On risque le gel au sol (l’hiver floridien n’y échappe pas…) ou le mercure qui plonge à la station de ski? On choisit un modèle reconnu pour son isolation et l’efficacité de son chauffage. Sinon, on risque d’avoir à composer avec des tuyaux gelés – à commencer par les siens.
- On envisage des balades de week-end? «Il serait fou de payer 200 000$ pour un équipement qu’on n’utilisera que les fins de semaine de l’été», dit M. Houle. On budgète de plus longs séjours? On opte pour un modèle avec beaucoup de rangements pour ne pas perdre ses vacances à constamment chercher ses effets personnels. À ce chapitre, la FQCC soutient que les roulottes à sellette sont plus généreuses que les autocaravanes, en plus d’offrir plus de hauteur sous plafond.
- On est un brin dédaigneux à l’égard des installations des campings? On n’aime pas devoir sortir et marcher jusqu’aux blocs sanitaires au beau milieu de la nuit pour se soulager? On choisit un VR avec douche et toilette; certains proposent même le bain.
- Combien de personnes seront de l’aventure VR? N’oublions pas les amis, la parenté et les petits-enfants qui voudraient occasionnellement nous joindre. On achète donc un équipement qui propose assez de couchettes – et on s’assure que le coin-repas, lorsque transformé en lit, soit suffisamment large et long pour les dormeurs qu’il y accueillera.
- On n’est pas champion des manoeuvres en stationnement? «Une autocaravane de classe B ou de classe C sera plus facile à manoeuvrer qu’un gros classe A ou une roulotte à sellette,» dit M. Houle.
Les outils d’achat: du magazine au salon
Les salons du VR, qui ont lieu avant que ne se pointe le printemps, sont l’idéal pour magasiner sous un même toit les différents modèles et marques. Il y a aussi ces magazines spécialisés et guides d’achat en kiosque.
«Prenez des notes, recommande la FQCC. Déterminez les points positifs et négatifs, assignez une valeur à chaque VR et éliminez ceux qui ne répondent pas à vos critères de base.»
Quand même: on n’est pas encore certain du bon choix? On interroge d’autres VR-istes quant à leur équipement et accessoires. Climatisation, panneaux solaires, générateur: que regrettent-ils d’avoir – ou pas – acheté?
Le marché propose des centaines de modèles de véhicules récréatifs, fabriqués par quelques dizaines de constructeurs. «Les connaître tous en détail est à toute fin pratique impossible,» dit la FQCC. Cela dit, son document Acheter ou Vendre un VR (réservé aux membres) livre une foule de conseils sur ce qu’il faut vérifier avant d’acheter – et comment: la qualité de construction, les matériaux employés, les indices de finition.
Les fiches techniques des modèles envisagés peuvent sembler du chinois, «mais elles donnent beaucoup d’informations, conclut Yvon Houle. Consultez-les et dites-vous que si un motorisé neuf se vend plusieurs milliers de dollars de plus qu’un autre, c’est qu’il y a une bonne raison.»