Une p'tite pinte d'huile, mon Minou? Pas normal! dit Consumer Report
Surveillez bien la prochaine parution du magazine Consumer Report: l’équipe automobile de l’association protectrice des consommateurs américains y a publié un grand dossier sur la consommation d’huile. Plus particulièrement, un grand dossier sur la surconsommation d’huile.
Le sondage annuel de l’organisation a mis en lumière le fait que si 98% des propriétaires de près d’un demi-million de véhicules d’année-modèle 2010 à 2014 disent n’avoir jamais eu à rajouter une goutte d’huile entre deux vidanges, ce n’est pas le cas en ce qui concerne 2% d’automobilistes.
Du coup, Consumer Report a voulu établir une liste des 30 véhicules les plus gourmands en lubrifiant-moteur. Surprise: les trois quarts des modèles sont soit des Audi, soit des BMW, soit des Subaru.
Source : Consumer Reports
Chez ces trois constructeurs, plusieurs moteurs à essence de différentes cylindrées sont touchés, allant des quatre cylindres de Subaru aux V8 de BMW, en passant par à peu près tous les organes qui meuvent les Audi A3, Audi A4, Audi A5 et Audi Q5.
Le pire des pires? Le V8 (4,4L) de la BMW Série 5 qui, selon les estimations de Consumer Report, a 27 fois plus de risques de souffrir d’une surconsommation que la moyenne des autres moteurs.
En prime: des coûts et du stress
Consumer Report est catégorique: les véhicules encore sous garantie ne devraient pas réquisitionner de lubrifiant entre les vidanges*.
George Iny, président de l’Association pour la protection des automobilistes (la canadienne APA), est du même avis: «À l’exception de certains automobilistes qui roulent de très vieilles voitures, qui font de la compétition ou qui remorquent une roulotte, plus personne ne devrait vérifier le niveau d’huile de son véhicule entre les vidanges.»
Mais voila: pour les modèles signalés par Consumer Report, un nombre «significatif» de propriétaires doivent rajouter une pinte d’huile et ce, aussi souvent qu’une fois par mois.
Ce qui dérange d’abord, ce sont évidemment les coûts supplémentaires alors engendrés: à (partir de) 6$ la pinte d’huile minérale – jusqu’au double du prix pour de l’huile synthétique, voilà qui équivaut à peu de choses près à la somme requise en carburant pour un trajet Montréal-Trois-Rivières.
Qui plus est, il y a cette obligation de vérifier régulièrement le niveau d’huile, obligation qui repose sur les épaules de l’automobiliste. Et c’est sans compter le stress vécu à répétition, chaque fois que le voyant check engine s’illumine au tableau de bord.
Ajoutez à cela le fait qu’un moteur qui consomme pas mal à ses débuts ne risque absolument pas de devenir plus frugal avec l’âge…
… et vous obtenez de beaux motifs pour des recours collectifs, comme celui que vient de régler Audi et celui qui occupe encore Subaru.
Les constructeurs devraient payer la note
Consumer Report estime que lorsqu’un moteur presque neuf consomme exagérément de l’huile, leurs concepteurs devraient non seulement en assumer la réparation, mais aussi les frais de sa gourmandise.
Au lieu de quoi, dit l’association de protection américaine, les constructeurs se justifient en invoquant les types de transmission, les façons de conduire, les conditions routières, la météo… alouette.
Et, toujours selon Consumer Report, ils ont tout le loisir de se cacher derrière les petits caractères de leurs manuels du propriétaire. Ainsi, Subaru soutient qu’il est «normal» de verser une pinte d’huile à chaque 1600km ou 2000km, Audi et BMW disent qu’il est naturel d’en rajouter à chaque 1000km ou 1200km.
Que faire si c’est votre voiture?
Que faire, si vous possédez une voiture qui, à votre avis, consomme plus d’huile que la norme?
Parlez-en d’abord à votre concessionnaire, ou si ça ne mène à rien, à votre constructeur, afin d’obtenir un remplacement du bloc-moteur et/ou une prolongation de la garantie. En toute logique, le président Iny de l’APA recommande de ne pas attendre la fin de la protection avant de faire vérifier la (sur)consommation d’huile.
Si vous ne pouvez obtenir de satisfaction de ce côté, il y a lieu de recourir au Programme d’arbitrage pour les véhicules du Canada (PAVAC), l’équivalent (mais avec moins de dents) de la Lemon-Law (Loi-Citron) aux États-Unis.
Aussi, l’APA, avec ses tentacules à travers le pays, dit pouvoir vous aider (moyennant un abonnement annuel).
Car son président affirme avoir reçu plusieurs plaintes concernant les moteurs mentionnés ci haut, au point d’avoir conclu, nous dit-il, «une entente pour les moteurs 2,5 litres de Subaru.» Il indique pouvoir également référer «un réparateur intéressant dans la région de Montréal pour le remplacement du moteur 2,0 litres dans les Volkswagen et les Audi.»
Au passage, George Iny rapporte que les Hyundai Elantra 2011-2013 sont, elles aussi, de grandes consommatrices de lubrifiant-moteur…
*Saviez-vous que…
… le bon usage de la langue française veut que l’on parle de vidanges d’huile – et non pas de changements d’huile?