Transports Canada sort de son garage: 'buzz' à Blainville
Et pourtant, c’est ce qui s’est produit vendredi dernier chez PMG Technologies à Blainville – vous savez, ce centre d’essai où l’on «crashe» les véhicules afin d’en déterminer la cote de sécurité?
Pour l’occasion, Transports Canada est sorti de son garage d’Ottawa. Et pas tout seul, ooooh que non : avec lui, la Tesla Roadster, deux Mitsubishi i-Miev, une Prius branchée et quelques autres curiosités qui roulent ailleurs, mais pas encore sur nos routes.
Surprise: pas des concepts, que des voitures de production. C’est dire que les percées technologies n’avancent pas: elles courent.
Ce que vous conduirez demain
Avant de vous glisser deux ou trois lignes sur chacun de ces véhicules d’un futur pas si lointain, mentionnons pourquoi Transports Canada a pris la peine de se déplacer jusqu’à nous, oh illustres journalistes automobiles que nous sommes.
Au-delà de sa mission de tester les technologies automobiles sur le point d’entrer en production, Transports Canada s’est donné le mandat de sensibiliser Monsieur et Madame Tout-le-Monde à ce qu’ils conduiront demain.
Re-surprise: malgré que l’on discoure de façon sérieuse sur les véhicules électriques depuis plusieurs années, Ryan Klomp, porte-parole pour le programme écoTechnologie pour véhicules (éTV) de Transports Canada, n’en revient pas de constater à quel point les Canadiens ne croient pas en l’électrification automobile – du moins, dans un proche avenir.
«Pourtant, dit-il, la technologie est mature, elle s’en vient, elle est même actuellement lancée sur le marché. Et ça va plus vite que ce qu’on estimait.» Bref, les gens citent le documentaire «Who killed the electric car», sans réaliser que la voiture électrique, elle n’est non seulement pas morte… elle est même bien vivante.
On est loin du vaisseau spatial
À preuve : cette i-Miev de Mitsubishi – « i » pour innovateur – mise en vente au Japon l’an dernier et qui devrait l’être sur notre continent à la fin 2011 (à peu près en même temps que la Nissan Leaf, d’ailleurs).
En attendant ce moment historique (n’ayons pas peur des mots), la petite électrique de Mitsubishi est actuellement testée par Hydro-Québec dans les rues de Boucherville. La prochaine période hivernale sera particulièrement cruciale pour recueillir des données quant à la conduite dans le froid et la neige, quant à l’autonomie électrique et la charge de la batterie lorsque les équipements sont hautement sollicités.
Deux modèles japonais – lire… ‘conduite à droite’! – de la i-Miev nous ont été prêtés pour essai quelques heures, vendredi. À la différence de la Smart électrique que nous avons testée à New York en juin dernier, la i-Miev propose non pas deux, mais bien quatre places.
Première constatation : la voiture électrique se conduit comme n’importe quelle autre petite voiture conventionnelle. Pas l’impression de conduire un ordinateur sur quatre roues, encore moins un « vaisseau spatial ». Seule exception : le silence qui règne à bord. Ceci dit, ce silence qui étonnait il y a dix ans le fait beaucoup moins, maintenant que nous sommes accoutumés aux voitures hybrides.
Par contre, les accélérations de la i-Miev nous ont semblé moins dynamiques que pour la Smart. Pourtant, qui dit moteur électrique dit puissance relayée sans transmission ou quelque autre intermédiaire…
Tesla électrique : 0-100km/h… sous les quatre secondes!
Cette puissance directe, nous l’avons au contraire bien sentie au volant de la Tesla Roadster. Officiellement mise en vente le printemps dernier au pays de la Feuille d’érable, la sportive deux places 100% électrique (prix : 129 000$US) exécute le 0-100km/h sous les quatre secondes. Il y a là de quoi jouer dans la cour des Ferrari! Et de quoi compenser pour l’absence de tout vrombissement motorisé…
Si vous le voulez bien, nous vous en reparlerons très, très bientôt, de cette expérience de conduite avec la Tesla. Contentons-nous pour le moment de dire que la décapotable aux lignes hyper-sensuelles est la toute première voiture électrique à être certifiée pour toutes les routes canadiennes. En effet, feue la Zenn n’avait obtenu qu’une autorisation temporaire au Québec pour les routes de moins de 50km/h.
Pas encore sur nos routes
Autre voiture considérée comme électrique et amenée pour nous à Blainville par Transports Canada : la Prius branchée, c’est-à-dire convertie par les bons soins de l’entreprise A123Systems en une voiture 100% électrique rechargeable.
Ici, le moteur à essence n’entre en scène qu’en ultime recours – un peu comme pour la Chevrolet Volt qui, soit dit en passant, brille encore par son absence dans la flotte d’essai gouvernementale. « On aimerait beaucoup, beaucoup l’avoir, » admet Ryan Klomp.
Reste que cette flotte gouvernementale abrite des véhicules qu’on ne croise jamais sur nos routes. Par exemple, l’européenne BMW 118d diesel avec son système d’arrêt/démarrage automatique et son freinage par récupération, deux éléments qui contribuent encore davantage à l’économie en carburant.
On a aussi eu droit à la Renault Mégane, non pas tant pour sa motorisation diesel propre que pour son haut taux de recyclage : 95%, c’est un record dans l’industrie. Mieux encore : un dixième de la voiture est fabriqué de matières recyclées.
L’auteur de ces lignes a personnellement eu un faible pour le système « micro-hybride » de Smart. Ce dispositif fait s’arrêter le moteur de la ForTwo lorsque la vitesse passe sous les 8km/h, pour lui redonner vie qu’au relâchement des freins. À quand un tel dispositif en Amérique du Nord? Après tout, il constitue une option de moins de 500$ (en Europe, du moins) et permet de bonnes économies – jusqu’à 10% en circuit urbain, dit Transports Canada.
Les défis « électriques » passent… par la construction résidentielle
On discoure électrique, mais reste que plusieurs obstacles doivent encore être surmontés, à commencer par l’autonomie. Le Canadien moyen a beau ne parcourir qu’une trentaine de kilomètres au quotidien, il n’a pas l’habitude d’être limité à une centaine de kilomètres avant de devoir... patienter plusieurs heures le temps d’une recharge. Les batteries devront donc être encore plus performantes dans un proche avenir et il faudra penser aux bornes de recharge – installations, standards, utilisation, alouette.
Aussi, qu’advient-il d’un véhicule électrique dans nos conditions nordiques? Transports Canada profitera de l’hiver prochain pour colliger bon nombres de données à cet effet. Voilà qui l’aidera à ensuite mettre en place des protocoles et des tests pertinents pour la vague « électrique » qui est attendue.
Enfin, on rigole bien, mais il faudra adapter les standards de construction résidentielle nécessaires pour que l’on puisse un jour recharger les deux ou trois voitures électriques qui stationneront dans nos entrées de garage…
Souvenez-vous du HCCI…
Ceci dit, n’allez pas croire que la voiture électrique prendra toute la place : le moteur à combustion est encore capable d’avancées, les matériaux peuvent encore s’alléger et les hybrides-diesel – encore moins gourmandes que les hybrides à essence – entreront nécessairement en production.
Et si l’on se fie à la rapidité avec laquelle les choses évoluent, la démocratisation des piles à l’hydrogène pourrait être plus près de nous qu’on le pense.
Surtout, à surveiller à l’horizon selon Transports Canada : le HCCI, pour Homogeneous Charge Compression Ignition, une percée qui s’applique aux moteurs à essence conventionnels.
Misant sur un taux de compression qui fait spontanément s’enflammer le carburant sans recourir à l’allumage par bougie, le HCCI accorde aux moteurs à essence l’efficacité énergétique des moteurs diesel, avec cependant moins d’émissions polluantes.
Pour l’heure, cette combustion est peu stable, donc difficile à contrôler. Mais les ingénieurs travaillent à la rendre possible sur toutes les plages de révolutions du moteur. « Une autre technologie qui promet, » conclut M. Klomp. Et vous pourrez dire que c’est sur Sympatico que vous aurez lu concernant ces premiers balbutiements…