Small is beautiful… dans la Belle Province
Le Québec a beau ne totaliser que 25% des ventes automobiles au pays, c’est pourtant dans la belle province que se transige près de la moitié des ventes de petites voitures.
Difficile cependant d’expliquer le phénomène. Des experts parlent de tempérament latin, de fait français, de connexion avec l’Europe et de souci de l’environnement. D’autres évoquent le coût du carburant, le taux élevé des taxes et des impôts, de pouvoir d’achat restreint.
De fait, la transaction « automobile » moyenne au Québec est 10% moindre que celle au Canada (27 928$, contre 31 045$ au Canada, en 2003).
Budgets serrés, sens du pratico-pratique ou sang européen qui coule dans nos veines, qu’importe, les résultats sont là : le Québec les aime petites. Il achète le tiers des compactes au pays et deux fois plus de sous-compactes que le reste du Canada. Société distincte, qu’ils disaient?
Cette passion québécoise pour les « petites » a agi en véritable catalyseur pour Toyota. Pendant plus de deux ans, le constructeur nippon a distribué l’Echo Hatchback en exclusivité au Canada, sans jamais l’offrir aux États-Unis. (L’Echo vient d’être remplacée par la Yaris, qui est maintenant distribuée chez nos voisins du Sud.)
Autres véhicules réservés au marchécanadien : l’utilitaire compact Nissan X-Trail la compacte semi-luxe Acura CSX (anciennement l’Acura EL).
C’est peu ? Dites-vous bien qu’un constructeur automobile qui conçoit ou distribue une voiture spécifiquement pour nous, avec tous les investissements que cela comporte, prend un grand risque.
Après tout, il se vend de ce côté-ci du 45e parallèle autant d’automobiles en un an… qu’en un mois aux États-Unis.
Mais Toyota a cru au segment canadien – québécois, devrions-nous dire – de la sous-compacte et il a risqué. Depuis, les statistiques ne font que lui donner raison. En un an, le constructeur nippon a vu ses ventes augmenter de 8%, dans une industrie qui plongeait pourtant de 6,5% (2003).
La petite Echo ‘Hatchback’ est un artisan important de cette hausse et 58% de ses ventes s’effectuent… au Québec.
Une catégorie qui s’étoffe
Il y a quelques années, la classe des sous-compactes ne comptait qu’un ou deux joueurs coréens – la Hyundai Accent et la Kia Rio.
Depuis, l’offre s’est bonifiée avec les Toyota Yaris, mais aussi les Chevrolet Aveo, Pontiac Wave et Suzuki Swift+, ces deux dernières étant réservées au marché de la feuille d’érable.
GM propose d’autres exclusivités canadiennes dans le segment des compactes, telles les Chevrolet Optra et Pontiac Pursuit. Cette année voit deux nouvelles venues pointer le bout de leur calandre chez les concessionnaires : les petites Honda Fit et Nissan Versa.
Toutes viennent prouver que les « écono-boîtes » ne sont plus ce qu’elles étaient.
D’abord, elles sont devenues jolies. Aussi, elles s’amènent de série avec des équipements de confort et de sécurité que des berlines deux fois plus coûteuses n’offraient qu’en option il n’y a pas si longtemps.
Habitacle maximisé; nombreux ajustements du siège conducteur; banquette qui se replie à plat; dossiers arrière qui s’inclinent; assemblage, finition et insonorisation de qualité; comportements routiers solides; freins ABS et coussins gonflables; systèmes audio avec lecteur CD et MP3…
Certaines vont jusqu’à proposer les sièges avant chauffants, la boîte automatique cinq rapports et la connexion IPod.
Décidemment, le marché de la petite voiture a pris du galon, du moins chez nous.
Même Mercedes a emboîté le pas. Devant l’insistance canadienne pour sa Smart, le constructeur allemand a accepté d’offrir la ForTwo au marché canadien – la mini-urbaine y est distribuée depuis près de deux ans maintenant, mais boude toujours les États-Unis.
Surprise : la Smart connaît proportionnellement un plus grand succès de ce côté-ci de l’Atlantique qu’en Europe!
Voilà qui a pavé la voie à la petite Classe B de Mercedes, proposée en sol canadien depuis l’automne dernier… mais toujours pas chez nos voisins du Sud.
Comme quoi Small is beautiful!