Rétro Bugatti: la plus Italienne des Françaises au Petersen (vidéo)
(vidéo ci-dessous)
Le Petersen Automotive Museum, voté parmi les musées automobiles les plus fantastiques du monde, accueille jusqu’en octobre 2017 l’exposition Bugatti.
La rétrospective Bugatti, la plus italienne des compagnies françaises, met en lumière les talents familiaux d’artistes – de père en fils.
Ettore Bugatti (né à Milan en 1881, mort à Paris en 1947) a créé l’entreprise – c’était en 1909, dans la ville alors allemande Molsheim, aujourd’hui appartenant à la région française d’Alsace.
Grand amoureux des chevaux, Ettore Bugatti a appliqué les principes «pur-sang» à la conception de ses automobiles, notamment à sa première Bugatti Type 10.
À la fois designer et ingénieur, Ettore Bugatti a lui-même conçu le moteur suralimenté pour la Bugatti Type 50 S 1931, que l’on aperçoit à gauche, en arrière-scène. Avec ses 225 chevaux et sa vitesse maximale de 200km/h, la voiture était si puissante pour l’époque qu’on a hésité avant de la commercialiser…
Mais sans conteste, le chef d’oeuvre d’Ettore Bugatti aura été sa Bugatti Type 35…
… tant pour son design superbe sur route que pour ses nombreuses victoires remportées sur piste.
Les plus belles Bugatti, on les doit cependant à Jean (né Gianoberto) Bugatti, fils d’Ettore.
Né le 14 janvier 1909, l’année même où son père fondait l’entreprise automobile, Jean Bugatti montre tout son talent avant même d’avoir 20 ans…
… alors qu’il dessine le Fiacre – la Bugatti 1929 Type 44 – pour sa soeur Lydia.
Ce sera ensuite une succession de designs alliant l’élégance à la performance, comme pour cette Bugatti Type 55 Super Sport de 1932…
… un exploit qu’on pourrait aujourd’hui comparer au mariage d’une Rolls-Royce et d’une Ferrari, mais à une époque où cette dernière Italienne n’était même pas encore née.
La Bugatti Type 43/44 de 1928 est parmi les premières voitures suralimentées qui se sont offertes aux «gentlemen drivers».
Court et de châssis léger, cet unique exemplaire de 80 chevaux de la Bugatti Type 43/44, assemblé par la maison Fiogini, portait la carrosserie deux tons, signature de Bugatti.
Même la Grande Dépression ne freine pas les ardeurs artistiques chez Bugatti. Tout au plus, la Type 46 Cabriolet de 1930 se veut plus «abordable». Des 468 exemplaires du modèle Bugatti livré en berline, en décapotable, en coupé ou en décapotable, à peine une soixantaine auraient survécu.
Alors que les premières Bugatti ont misé sur la finesse, cette Type 54 de 1931 a visé la performance, question de livrer compétition aux puissantes allemandes et italiennes.
Le hic, c’est que l’organe moteur de 300 chevaux était si imposant et si lourd, qu’il rendait la Bugatti Type 54 pratiquement impossible à piloter. Les pneus se détachaient de leurs jantes… Seulement une dizaine d’exemplaires ont été assemblés.
De toutes les Bugatti Type 57 qui ont été construites, c’est la Type 57C Aravis de 1939 qui était la préférée de Jean Bugatti.
Encore aujourd’hui, on ne peut qu’admirer la finesse et la précision du travail dans le profil en cascade, les ailes en proéminence.
Cette Bugatti Type 41 (1931-1932) dite la Royale, on la doit au paternel Ettore Bugatti. Elle était puissante (300 chevaux…) et majestueuse, avec ses dimensions de limousine – l’une des plus grandes voitures jamais produites. Elle n’a été fabriquée qu’en sept exemplaires, dont un détruit dans un accident de la route. Il n’est donc resté que six unités, celle sur notre photo appartenant à la maison-mère Volkswagen qui l’aurait acquise, dit-on, pour la modique somme de 20$US millions.
La plus belle d’entre toutes, celle considérée comme le chef d’oeuvre de Jean Bugatti, c’est cette Type 57SC Atlantic de 1936.
Notez les pièces de carrosserie rivetées, en hommage à l’aéronautique, l’autre passion industrielle de la famille Bugatti…
Quatre illustres exemplaires
Que quatre exemplaires de la Type 57 Atlantic ont été fabriqués. C’est dire l’exclusivité…
Et encore un cliché de la Bugatti Type 57 Atlantic 1936, juste pour le plaisir des yeux.
La Royauté a plutôt reçu cette Bugatti Type 57C de 1939.
... jusqu'en Perse
Fabriquée par la maison parisienne Vanvooren, le grand cabriolet a été offert, par le Gouvernement français, au Prince de Perse, Mohammad Reza Pahlavi, qui allait devenir le dernier chah d’Iran.
Le toit rétractable, qui s’abaissait sous un panneau de métal, de même que le pare-brise qui se rabattait constituaient des innovations pour l’époque.
En 1939, Jean Bugatti se tue au volant de la Type 57G qu’il teste – celle-là même tout juste victorieuse aux 24 heures du Mans. Disparaît alors l’un des plus grands designers automobiles de tous les temps; il n’avait que 30 ans.
Près d’une décennie plus tard, à la mort du paternel Ettore Bugatti à Paris en 1947, c’est le fils Roland Bugatti, secondé de ses soeurs Lydia et L’Ebé, qui prend le flambeau,
Mais dans l’après-deuxième Guerre mondiale et en l’absence du frère Jean, la marque ne retrouvera jamais toutes ses lettres de noblesse.
En 1949, Bugatti (re)lance la fabrication de la Bugatti Type 57C Atalante (en arrière scène), dessinée par Jean Bugatti peu de temps avant sa mort. Ce fut là l’une des dernières belles Bugatti d’époque et tout juste 17 exemplaires en ont été construits.
Autres temps, autres moeurs: cette Bugatti Type 101C de 1951 ne profite décidément pas de la même inspiration dont ont bénéficié ses prédécesseures; à peine sept unités ont été assemblées.
Plus rare encore, voire carrément unique: l’exemplaire de la Bugatti Type 101C montré au Petersen Automotive Museum est le seul à avoir été suralimenté – d’où le «C» en terminaison.
Pendant quatre décennies, cette Bugatti Type 57 de 1935, assemblée par le carrossier Ventoux, a dormi dans une grange, en banlieue de Paris.
Elle a mise aux enchères en 1993, puis a été restaurée par les experts de la marque. Avec quelque autres 550 de ses semblables, cette Bugatti Type 57 est l’une des plus belles prestations «profilées» de Jean Bugatti.
Intégrée à l’espagnole Hispano-Suiza en 1963, la marque Bugatti est acquise en 1987 par l’Italien Romano Artioli – ce même homme d’affaires qui, six ans plus tard, achètera Lotus.
Dans les années 1990, la Bugatti EB 110 Sport Le Mans est venue commémorer le 110e anniversaire de naissance du fondateur Ettore Bugatti. Avec ses 611 chevaux, cet exemplaire est l’un des trois seuls à avoir été préparés pour la légendaire course d’endurance 24 Heures de 1994.
La marque Bugatti a pris un (autre) départ avec le tournant du millénaire, lorsque le groupe Volkswagen s’en est porté acquéreur.
Premier fruit de cette nouvelle affiliation? La Bugatti Veyron, du nom du pilote qui a servi l’écurie dans les années 1920 et 1930. Les exemplaires, limités à 450, ont été fabriqués jusqu’en 2015 dans l’usine centenaire de Molsheim. Au fil de la production, le bolide s’est décliné en plusieurs versions dont celle-ci: la Grand Sport Vitesse 2012, alors voiture de série la plus rapide au monde – avec le 0-100km/h en 2,6 secondes.
Mais le record est sur le point d’être battu avec cette Bugatti Chiron 2017 de 1500 chevaux.
Malgré cette escalade de la puissance, la toute dernière née de la famille Bugatti n’a pas retrouvé la splendeur et la magnificence de ses comparses d’antan. Dommage…