Québec songe à réduire les limites de vitesse... !

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mardi, 29 juillet 2014
Vous avez bien lu: le ministre des Transports, Robert Poéti, a révélé que dès l’automne, certains tronçons routiers seront à vitesses variables. Sauf que c’est vers le bas qu’elles iront, ces vitesses, pas vers le haut…

Lors d’une entrevue accordée hier au 98,5FM, le ministre des Transports du Québec, Robert Poëti, a levé le voile sur deux projets pilote en préparation pour l’automne, l’un pour la région de Montréal et l’autre pour celle de Québec.

Ces expériences feront appel aux nouvelles technologies dites de “transport intelligent” afin de… réduire les limites de vitesse.

Le ministre Poëti s’est réservé la divulgation de tout autre détail à l’occasion de l’annonce officielle, qui devrait être faite très bientôt – après tout, l’automne, c’est dans deux mois…

Ce que l’on a quand même pu apprendre: Transports Québec aura recours à de nouveaux panneaux à vitesses variables sur les routes sous sa juridiction – mais apparemment pas sur les autoroutes où la limite est fixée à 100km/h.

Ces panneaux indiqueront des limites de vitesses variables – c’est-à-dire qui pourront être réduites lors de conditions routières défavorables, en fonction de l’achalandage, voire de la période de la journée.

Par ailleurs, ces panneaux indiqueront en second affichage la vitesse à laquelle les automobilistes roulent, question “de conscientiser les gens,” a dit le ministre – qui, doit-on le rappeler, est un ancien policier de la Sûreté du Québec.

Une (petite) porte ouverte, quand même…

Si on réduit à certains endroits critiques, est-ce dire qu’on augmentera ailleurs? Après tout, la Colombie-Britannique vient de hausser à 120 km/h la limite sur certaines portions de ses autoroutes (devenant du coup la province la plus “généreuse” au Canada).

Mais avant de vous emballez pour une décision similaire dans la Belle Province, sachez qu’ici, le discours officiel demeure: aucune augmentation des limites autoroutières n’est envisagée.

À notre collègue journaliste Marie-Ève Shaffer, du Journal Métro, M. Poéti a d’ailleurs été très clair: “Il n’est pas question d’augmenter les limites, tant celles permises que celles tolérées.” Une affirmation fermement secondée par l’attachée-presse du ministre, Mme Valérie Rodrigue.

Sauf qu’en entrevue radiophonique au 98,5 FM, M. Poëti a quand même ouvert une porte (volontairement ou pas?) en disant regarder du côté de ces autoroutes à 110km/h au Nouveau-Brunswick.“Ce n’est pas loin, le Nouveau-Brunswick!” a-t-il lancé.

Il a par ailleurs mentionné ces radars photographiques par tronçons utilisés en Europe et qui déterminent le temps moyen de parcours d’un véhicule entre deux destinations. L’automobiliste qui parcourt la distance plus rapidement qu’autorisé par la vitesse légale en est quitte pour une contravention.

Mais l’Europe… c’est aussi la terre d’accueil des autoroutes sans limites de vitesse avec l’allemande Autobahn, de même que celles à vitesses variables – en France, la limite est de 130km/h par météo favorable et de 110km/h lorsque les conditions se détériorent.

Mais retour au Québec, où le ministre Poëti a dit: “Il nous faut envisager l’ensemble de l’œuvre et regarder ces technologies existantes, qui sont dissuasives et qui fonctionnent ailleurs.”

Puis, d’avouer à demi-mots que nos actuels photo-radars, qui font peut-être respecter les limites aux endroits critiques, sont inefficaces à faire en sorte que les automobilistes maintiennent une stabilité (de vitesse) sur une plus longue distance.

“Je pense qu’on doit réfléchir à des vitesses variables, a conclut M. Poëti. Et avec des technologies pour assurer que les gens ne vont pas au-delà des limites permises, est-ce qu’il y aurait moyen, quand les conditions routières sont idéales (…), d’élever un petit peu la vitesse et s’ajuster à la réalité? Je regarde (la chose) actuellement – mais pas pour du 130km/h!”

(Lisez notre reportage réalisé en 2010 et qui explique pourquoi il ne faudrait pas trop rêver à une augmentation des limites autoroutières au Québec…)

Saviez-vous que…

… même si vous conduisez en-deçà de la limite légale, vous pourriez être mis à l’amende pour avoir roulé trop vite? En effet, l’article 330 du Code québécois de la sécurité routière stipule qu’un conducteur doit adapter sa conduite aux (mauvaises) conditions routières. Celui qui fait fi de cette disposition encourt une contravention de 60$ (plus frais) et deux points d’inaptitude.

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