Non, la voiture électrique n'est pas morte!

Dossiers
vendredi, 22 octobre 2010
Quoiqu’en disent les documentaires, la voiture électrique n’est pas morte. Bien au contraire: uniquement depuis le début de l’année, nous avons eu l’occasion d’en tester quatre – c’est quand même remarquable, non? Et maintenant, on se demande : entre la Smart électrique, la Mitsubishi i-Miev et la Nissan Leaf, laquelle tirera le mieux son épingle du jeu?

En juin dernier, la Smart électrique nous était prêtée pour quelques heures dans les rues de Brooklyn, New York. En août, nous conduisions à Blainville la Tesla Roadster (déjà mise en marché), ainsi que la Mitsubishi i-Miev. Et il y a quelques jours, nous nous promenions en banlieue de Nashville, au Tennessee, à bord de la Nissan Leaf.

Toutes des électriques, 100% électriques. Certes, les experts le disent bien: ces voitures «zéro émission» ne remplaceront pas la voiture conventionnelle, du moins pas avant que leurs batteries n’en arrivent à une plus grande autonomie et à une recharge plus rapide.

Mais reste qu’elles sont là avec nous, et il n’est pas loin le temps où nous pourrons vous concocter un vrai match comparatif d’électriques.

En attendant ce match, partageons avec vous nos impressions quant au trio de petites électriques comparables (pour la Tesla, lisez notre essai «Batteries incluses»). Et voyons laquelle remporte les honneurs du premier rang.

Mais: ‘premier rang’… Comment déterminer la chose sans chevaux-vapeur, sans accélérations grondantes, voire sans cote de consommation en carburant?

Simplement en mettant l’accent sur la simplicité et la facilité d’apprivoisement. Car si l’on veut que la voiture électrique perce le marché et soit considérée comme un moyen de transport respectable, il lui faut répondre aux attentes des automobilistes qui, on le sait trop bien, ne veulent pas vraiment faire de compromis.

Premier rang : Nissan Leaf

C’est pourquoi nous plaçons la Nissan Leaf devant ses comparses la Smart électrique et la Mitsubishi i-Miev. D’abord, parce qu’on se glisse au volant de la Leaf comme au volant de n’importe quelle autre voiture conventionnelle. On enfonce le bouton de démarrage, on pousse le levier vers « Drive » et c’est parti. En silence, évidemment…

Extérieurement, l’allure plaît au premier coup d’œil. D’ailleurs, ne trouvez-vous pas que la silhouette ressemble à une Versa mixée au nouveau Juke? L’habitacle est à la fois classique et futuriste, en plus d’être complet, sans pour autant imposer des graphiques ou des commandes impossibles à comprendre. Ce par quoi pêche la nouvelle génération de Toyota Prius, soit dit en passant…

Au contraire, à bord de la Leaf, les différents tableaux de consommation sont faciles à retrouver et intuitifs à consulter. On aime particulièrement cette page de navigation qui établit une circonférence autour du point où nous roulons… et des distances accessibles avec la charge restante. Brillant.

Grosse surprise : la finition intérieure est exceptionnelle, les revêtements sont de qualité et l’insonorisation est top. Nissan n’a pas lésiné sur la chose et ça se traduit par un intérieur raffiné, étoffé. Mais c’était bien nécessaire parce que la voiture, lorsqu’elle nous arrivera à l’automne 2011 (c’est dans un an, ça!), commandera un prix d’étiquette d’au moins 35 000$.

D’où son équipement complet : freins ABS et système de stabilité, groupe électrique, régulateur de vitesse et démarrage sans clé, sièges et volant (!) chauffants, Bluetooth et système de navigation ainsi que, pour la version haut de gamme, phares antibrouillard et panneau solaire.

272 kilos de batteries

Sur la route, la Leaf fait preuve d’un bel aplomb et pour ce, on doit entre autres remercier les 272 kilos (600 livres) de batteries lithium-ion réparties sous les fesses des occupants. Voilà qui assure un centre de gravité bas et une répartition égale du poids de la voiture.

Parlant poids : la Leaf fait osciller la balance à 1590 kilos – le poids d’une berline intermédiaire bien équipée – mais curieusement, on ne ressent pas la chose. Au contraire, la conduite se fait légère et la direction, quoiqu’électrique, transmet bien les sensations de la route. Et la suspension, malgré la poutre de torsion, est la mieux réglée de toutes les électriques essayées jusqu’à présent.

Les accélérations, comme pour toutes les voitures du genre, sont très linéaires et instantanées, sauf si l’on engage le mode « eco ». Ce dernier accorde une autonomie plus grande qu’en mode normal (environ 10%, dit Nissan), mais honnêtement, on sent au moins 20%, sinon 30% de réduction dans le dynamisme des accélérations. Assez pour déranger…

D’autres raisons nous poussent à classer première la Nissan Leaf. La voiture offre cinq places confortables, un bon cargo derrière la banquette (qui se rabat pour encore plus de rangement) et, du trio de petites électriques dont il est ici question, elle est celle qui, la toute première, pourra se targuer d’être achetée par Monsieur et Madame Tout-Le-Monde.

Ce n’est pas rien, avouez…

 

Deuxième rang : Smart électrique

Nos commentaires sont presque aussi dithyrambiques pour la Smart. Pas surprenant : on prend une voiture qui a fait ses preuves depuis plus d’une décennie et on lui accole une motorisation électrique qui lui va très bien.  

Même si la direction de la Smart « verte » passe de l’hydraulique à la mode électrique, elle ne perd pas pour autant sa connexion avec la route. Toujours, sa belle maniabilité est au rendez-vous. Par contre, la suspension se fait un brin plus cogneuse qu’avec la version à essence – la faute incombe sans doute aux 140 kilos poids supplémentaire des batteries, logées sous les fesses des passagers.

Si la Smart perd au change versus de la Leaf, c’est pour deux bonnes raisons : elle n’offre (toujours) que deux places et sa mise en marché passe d’abord par une location ciblée. À peine 250 Smart électriques seront louées aux États-Unis et… tout juste 45 au Canada. Dommage que le grand public ne soit pas (encore) invité au festin…

Versus la Leaf qui dit pouvoir rouler 160 kilomètres avant la panne électrique, la Smart propose une autonomie moindre : 135 kilomètres. Ceci dit, cette autonomie peut grandement varier dans un cas comme dans l’autre et ce, selon les conditions routières, les habitudes de conduite et quoi encore. Alors, ne nous y fions pas trop pour l’instant.

Si la Leaf peut atteindre les 140km/h, la Smart électrique est limitée à 100km/h. Nul doute qu’il faudra user de stratégie sur l’autoroute…

Troisième rang : Mitsubishi i-Miev

Monter à bord de la Mitsubishi i-Miev, c’est comme régresser dans le passé. Certes, la petite quatre places n’est pas aussi archaïque que feue la ZENN (une électrique assemblée à Saint-Jérôme, dans les Laurentides), mais reste qu’elle n’a pas la finition, ni le panache des deux autres électriques décrites plus haut.

D’abord, les plastiques et le revêtement intérieur sont de facture très moyenne, alors que le tableau de bord est des plus simplistes et les informations de consommation électrique, limitées.

A-t-on voulu privilégier l’autonomie versus les performances? Toujours est-il que les démarrages nous ont semblé lents et le 100km/h, long à atteindre. Voilà qui n’est pourtant pas le propre des voitures électriques qui, avec leur transmission à prise unique, ont l’avantage des décollages instantanés, sans intermédiaire.

Oh, et avec sa silhouette peu large mais haute sur pattes, la petite électrique de Mitsubishi risque de souffrir des vents latéraux, lorsque lancée à bonne vitesse (maximum 130km/h) sur nos autoroutes.

La i-Miev a été mise en marché au Japon l’an dernier, mais n’est proposée pour l’heure, sur notre continent, qu’en essai-pilote. Hydro en roule notamment une cinquantaine dans la ville de Boucherville. On dit qu’elle sera disponible sur notre continent à la fin 2011, mais si c’est le cas, il lui faudra alors affronter la féroce concurrence de la Nissan Leaf... Ce qui, prédisons-nous, ne sera pas chose aisée…


FICHES TECHNIQUES :
Nissan Leaf

Électrique à hayon, cinq places
Moteur électrique : 80 kW
Batteries : lithium-ion de 24kW
Puissance : 107 chevaux, 206 lbs-pi
Temps de recharge : 8 heures (220 volts)
Autonomie : 160 kilomètres
Vitesse maximale : 140km/h
Arrivée sur le marché : automne 2011 (en décembre 2010 aux États-Unis)

Smart électrique

Électrique deux places
Moteur électrique : 31 kW
Batteries : lithium-ion de 16,5 kW
Puissance : 41 chevaux, 88 lbs-pi
Temps de recharge : 8 heures (220 volts)
Autonomie : 135 kilomètres
Vitesse maximale : 100 km/h
Arrivée sur le marché : l’an prochain en location seulement, 45 au Canada

Mitsubishi i-Miev

Électrique quatre places
Moteur électrique : 47 kW
Batteries : lithium-ion de 16 kW
Puissance : 63 chevaux, 133 lbs-pi
Temps de recharge : 7 heures (220 volts)
Autonomie : 120 kilomètres
Vitesse maximale : 130 km/h
Arrivée sur le marché : fin 2011 en Amérique du Nord

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